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Le père accepte la défaite de son âme. Résigné, il se soumet à la volonté de Dieu. Il sagenouille sur le carrelage frais et prie, le visage déchu. Mon père, si possible, ne me fais pas boire ce calice. Ne cède pas à mes désirs, mais guide moi vers les tiens. Avoir esquivé sa responsabilité spirituelle lui procure un grand réconfort. Le père Misael essaie de se reposer, mais ne parvient pas à sendormir. Il regarde par la fenêtre. La brise fouette enfin son visage et calme la longue chaleur.
Le jeune homme a sombré dans la profondeur du sommeil, et avec lui la calamité du cauchemar qui ne labandonne pas. Cette fois, il essaie, malgré la fragilité de son ouvrage, déchapper aux halètements de la bête cyclopéenne sur le point de latteindre avec ses crocs baveux. Il connaît la fin inévitable de son histoire. Sa sueur se métamorphosera en gouttes de sang qui tomberont sur la terre. Un souffle de chaleur imprégna lair qui circule inutilement sur le corps frissonnant du garçon.
Nous connaissons Dieu, Dieu dont lesprit est le plus suprême de tous. Nous savons aussi quil ne ressent rien, ou plus précisément quil ne ressent pas de la même manière que cet homme infortuné, pas de la même manière que ce pauvre jeune individu souffrant dun enfer inauguré qui ne sexécute même pas. Il est temps de dormir, père, repose-toi. Demain, le monde apportera de nouveaux airs. Dieu ne comprend pas ses supplices.
Les épaules du père Misael reçoivent un poids colossal. Épuisé, il se prosterne sur le lit et ferme les yeux. Le cauchemar du couteau et des oreilles ressurgira dun recoin sinistre de la culpabilité.
VENDREDI
Aigre-doux
Panem nostrum quotidianum da nobis hodie