Giovanni Mongiovì - Le Ciel De Nadira стр 29.

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Un grand bruit entoura le village, des voix qui se mélangeaient à un son indiscernable. La femme alors du comprendre du certainement comprendre quelque chose grâce à ces voix puisquelle se leva et en courant vers lextérieur, elle sécria :

Fuad !

Conrad saccroupit dans un coin en tremblant. Cette fois, là dehors, la bataille était vraie : des bruits de ferrailles, des hurlements et un grand vacarme dhommes qui couraient. Maintenant les voix qui provenaient de lautre côté des parois de lécurie parlaient arabe, exclusive-ment arabe.

En supposant que Roul allait partir, Conrad sorti de son refuge, il sappuya contre la porte et jeta un coup dœil à lextérieur. Ils étaient nombreux, ils portaient de larges habits islamiques orientaux. Beau-coup, les armes à la main, se dirigeaient vers la vallée, inévitablement pour poursuivre leur agresseurs ; dautres restaient dans la cour près de la grande maison.

Conrad retourna se réfugier derrière les planches dans lespoir que lobscurité qui avançait puisse le cacher. Il craignait cette femme, du moment quelle lavait vu, mais il était sûr que Roul en sapercevant de son absence, plus tard, serait revenu le chercher. Toutefois il ne com-prenait pas pourquoi lintervention de ceux qui avaient chassé du village la compagnie normande rendait impossible toute opération de sauvetage. Et puis, Roul aurait dabord du savoir où le chercher. Conrad était un jeune garçon et les jeunes garçons croient souvent que les adultes sont en mesure de tout résoudre Conrad serait devenu adulte en une seule nuit, en ayant devant les yeux une réalité faite de limites et de déceptions.

Plus dune heure plus tard, quelquun entra dans lécurie, une torche à la main. Conrad entendit converser ; ils devaient être au moins deux. Il en entendit un qui sapprochait, pendant que lautre circulait dans lespace dà côté. Il était clair quils étaient en train de chercher quel-quun, le jeune garçon pointa donc son épée vers louverture de sa tanière, craignant que la femme nait parlé. Le feu de la torche se rapprochait de plus en plus ; il lui sembla en sentir la chaleur. Le visage de lhomme apparut parmi les planches. Les regards des deux se croisèrent pour la première fois. Ils restèrent quelques minutes immobiles, un à lépée tendue et lautre accroupi sur ses genoux. Conrad était convaincu quils lauraient tué, ou il aurait été capturé pour devenir lesclave de quelquun.

Cet homme reposa enfin sa cimeterre et sen alla comme il était venu.

Conrad soupira de soulagement ; mais était-il possible quil ne lavait pas vu ?

Il aurait maintenant tenté la fuite dans le cœur de la nuit, quand il naurait plus entendu aucune voix. Il attendit donc quelques heures dans le noir, avec lunique compagnie du mulet. Puis, quand il se déci-da à sortir, une force plus importante que la sienne le retint à lintérieur. Son épée tomba de ses mains tandis que lhomme qui précédemment avait croisé ses yeux lui bouchait la bouche et le poussait contre le mur. Conrad se démena comme un fou, il lui mordit une main et le griffa au visage, avant que lautre ne puisse limmobiliser en lui tirant deux gifles bien visées. Ce type était juste un peu plus grand que lui mais il faisait valoir sa force physique dadulte. Donc, pendant que Conrad était abouti au sol par un dernier coup de poing de ce dernier, lautre lui jeta un burnus et lui indiqua de le porter avec le capuchon. Ce fut alors que Conrad vit le visage plein de compassion dun homme qui sétait rendu compte dune situation devenue plus grande que son jeune enne-mi. Conrad porta le manteau et après lui avoir mis une main sur lépaule, il sortit de lécurie. Il parcourut les rues du village en regardant vers le bas, et en se déplaçant dans les angles les plus obscurs sans se faire reconnaître.

Une icône de la Madonne marquait la maison où habitait le type, et où sur la porte lattendait une femme qui regardait tout autour, préoccupée que quelquun ne puisse les voir. Par ailleurs les hommes qui quelques heures avant avaient repoussé lattaque de la compagnie normande, en empêchant quils capturent les femmes et pillent encore plus leurs maisons, étaient tous éveillés, aux portes du pays, dans leurs habitations et sur les rues principales, craignant que les agresseurs ne puissent retourner. Cétait justement les hommes qui travaillaient dans les potagers ou qui gardaient les chèvres et que Roul avait déprécié qui avaient averti les milices de Qasr Yanna et contre-attaqué les armes à la main.

Conrad fut installé sur un tabouret. La maison démontrait le statut social de la famille il sagissait de chrétiens de pauvres chrétiens vassales en semi-liberté dun patron sarrasin. Le jeune garçon regardait autour de lui dépaysé, conscient toutefois de pouvoir faire confiance à ces personnes qui lavaient accueilli.

Alfeo dit le chef de famille en indiquant soi même dune main.

Puis il porta une main sur la tête du jeune garçon presque du même âge de Conrad et dit :

Michele.

Et encore, en indiquant son épouse :

Caterina.

Enfin une fillette dà peine deux ans avança en arrachant le bord de la tunique de Conrad.

Apollonia. compléta le père.

En réponse, quand lhôte fut invité à se présenter, ceux-ci répondirent en secouant la tête encore méfiants.

En camouflant létranger sous lhabit de son fils, Alfeo avait caché lidentité de Conrad, mais maintenant il fallait que les habitants du village ne soupçonnent pas le jeune garçon.

Une année passa, durant laquelle Conrad fut enfermé à lintérieur de la maison, un temps durant lequel les visages des soldats qui avaient as-sailli le bourg furent oubliés.

Depuis le début le nouvel arrivé se senti enfermé, prisonnier de ces personnes desquelles il ne comprenait ni la langue ni les coutumes, puis les caresses de Caterina, son affection de mère, lamitié de Michele et la vie de tous les jours de la famille adoucirent son cœur et le lièrent pour toujours à cette maison. Ce fut alors que Conrad devint Corrado, en étant baptisé à une autre culture, même sil conservait la racine originale de ce nom inhabituel.

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