Giovanni Mongiovì - Le Ciel De Nadira стр 17.

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Ne te semble til pas étrange quil se soit mis en voyage de Qasr Yan-na justement à cette heure-ci sans passer la nuit là bas ?

Évidemment pour voir le ciel de Nadira on ne peut attendre laube. répondit Umar sarcastique, encore plein de jalousie quil ne par-venait pas à dissimuler.

Tu ferais bien dinformer le Qāid à laube ! Il me semble entendre un certain désaccord envers mon seigneur Ali.

Umar le regarda avec un air de suffisance et lui dit :

maintenant tu te mêles également des questions sur la sécurité du Ra-ba ?

L adhān de la nuit est passé déjà depuis un certain temps va dans ta chambre, ma sœur !

Nadira à ce point, tandis que lautre ennuyé séloignait, se retrouva à fixer largile cuite des tuiles.

Doucement chaque brasier, chaque lumière et chaque bougie de la maison furent éteints, en mettant fin à cette longue journée.

Corrado, encore lié au poteau, ne donnait plus de signe de vie depuis longtemps, et Apollonia sétait assoupie, recroquevillée entre ses genoux, elle avait en effet dormi encore moins que son frère.

Idris, un peu plus loin, restait là tranquillement et observait le ciel étoilé, en attendant le moment où il aurait pu libérer le prisonnier et rentrer chez lui.

Une espèce de coup retentit dans la cour ; suivit de crépitements qui ressemblaient à un feu. Apollonia ouvrit les yeux et vit une lueur insolite provenir des écuries. Idris commença alors à hurler, en se démenant comme un fou pour attirer lattention des autres. Mezyan, en attendant descendait à une vitesse vertigineuse par le escaliers de la terrasse, en annonçant à son compagnon den bas :

Les écuries ont pris feu !

!Appelle Umar !

!Appelle les autres !

Mezyan se mit à frapper comme un fou sur la porte, tandis que Idris couru pour appeler les hommes qui faisaient la garde à lentrée du village ; Justement le Qāid, en effet, avait conseillé à Umar de faire mon-ter la garde aux points stratégiques du Raba.

Apollonia se redressa et, dans le silence qui précède la tempête, pendant que Mezyan continuait de frapper à la porte, elle regarda autour delle. Des ombres obscures comme les démons dAverne se déplaçaient autour de la maison et dans les rues du village.

Elle sefforça de mieux voir pour comprendre sil sagissait des habitants du Raba accourus pour lurgence, toutefois elle conclut que ses compatriotes nauraient pas été aussi silencieux et prudents en sapprochant. Elle se serra contre Corrado, et lui, en sentant le toucher sur sa peau, ouvrit les yeux.

A ce moment là, Umar sortait dans la cour, juste à temps pour assister à la seconde explosion, provoquée par léclatement imprévu dune sub-stance inflammable. Les flammes sélevaient encore plus rapidement du toit de lentrepôt des céréales. En attendant les personnes commençaient à sortir de leurs habitations.

Mezyan et une autre dizaine dhommes faisaient déjà la navette entre le puits le plus proche et les écuries. Maintenant ils commencèrent à en-tendre des hurlements, tandis quailleurs, même depuis certaines maisons, sélevaient dautres flammes ; lentier Raba prenait feu. Le bruit sans équivoque de ferraille rendit évident ce qui était en train de se passer : ils attaquaient le village.

Apollonia prit Corrado par les hanches et recueilli toutes ses forces pour le soulever de manière à ce que la corde à ses poings, puisse sauter au dessus de la bifurcation où elle avait été encastrée. Elle cria sous leffort, et fini par terre, entraînée par le poids de son frère. Elle le libéra des liens et laida à sasseoir en lui faisant appuyer le dos contre le poteau. Puis elle passa un bras autour de sa nuque et essaya de le soulever mais lui, ne pouvant marcher, tomba comme un poids mort. Corrado hurla, en sentant une immense douleur aux bras et aux genoux. Apollonia donc se senti impuissante ; elle aurait voulu le charger sur ses épaules, mais elle, si petite et fragile, ne pouvait rien. Elle lui prit enfin le visage entre ses mains et, en le regardant plein de larmes, elle lui promit :

Je ne te laisse pas ici.

Va te cacher ! répondit Corrado, en haletant

Je vais appeler Michele ; il te portera chez nous !

Apollonia courut en vitesse, elle courut autant que ses chaussures le lui permettaient, en se perdant dans les ruelles du Raba.

Corrado, resté seul, assit les épaules contre le poteau, regarda sur sa gauche, vers la maison dUmar. Une multitude dhommes à ce moment traversaient la cour, et le bruit des ferrailles provenant peu avant des quartiers du village, semblaient disparaître. Corrado pensa à ce que sa sœur était en train de risquer en séloignant dans les ruelles durant cet at-taque il était horrifié à la pensée quelle ne puisse rentrer.

Umar, qui en ces instants était près des écuries, confus, impuissant et surtout désarmé, retourna dans la cour en ayant compris la nature de la menace. Toutefois un coup imprévu à la tête lassomma et le fit sécrouler par terre. Maintenant les hurlements des femmes de la maison, peut-être de la servitude, peut-être de la maîtresse, sélevèrent, et en peu de temps une fumée noire séleva également de lhabitation de Umar. Corrado re-garda autour de lui pétrifié, et il se rendit compte que dans les rues, il ny avait aucun homme du Raba.

Quand les assaillants sortirent de la maison, deux dentre eux tiraient Nadira par les bras. Corrado, en entendant les hurlements, compris son identité même avant de la voir.

A ce point, dans le noir illuminé par les feux, les ennemis inconnus sapprochèrent du prisonnier qui haletait, la nuque appuyée au poteau, il avait une forte fièvre et très peur. Corrado pensa alors quil laurait tué, comme ils lavaient fait avec Umar et avec tant dautres du village.

Eh toi, infidèle, mets-toi debout ! ordonna un de ces hommes, en ôtant de son visage le turban qui le cachait.

Nadira ouvrit les yeux : ce type était le riche marchand quelle avait vu il y a peu chez elle.

Je ny arrive pas, tuez-moi assit ! demanda résigné Corrado.

Cet homme au contraire prit Nadira par la nuque et lobligea à se mettre à genoux devant Corrado.

Connais-tu cette jeune fille ?

Il la regarda attentivement ; elle était à moins de trois paumes de son vi-sage. Il savait très bien qui elle était, les yeux de Nadira ne pouvaient être confondus, toutefois il ne voyait pas complètement son visage et ses cheveux découverts depuis qu encore enfant, elle courait insouciante dans le Raba.

En plus Corrado navait jamais vu la sœur de lhomme du Qāid dans cet état : Nadira, vêtue de ses habituels vêtements pour la nuit, était un masque de larmes.

Corrado approuva dun signe de la tête. A ce point, celui qui sétait présenté comme étant Salim lui dit:

Va chez ton Qāid, et dit-lui que sil veut revoir son dernier bijou il doit me rendre mon épouse !

Nadira compris immédiatement la vrai identité du riche marchand il sagissait de Mohammed ibn al-Thumna, Qāid de Catane et de Syracuse, devenu lémir le plus puissant de la Sicile toute entière, quand quelques années auparavant, désormais sans aucun pouvoir central, les qāid sétaient battus entre eux. Elle su immédiatement jusquoù cet homme était capable darriver : elle imagina ses propres pouls sciés là où il les avait fait scié à Maimuna.

Le qāid prit de nouveau Nadira par la nuque, lincitant à se relever, et la livra à ses hommes. Enfin il contraint Corrado à relever la tête en posant la lime de sa cimeterre sous le menton.

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