Giovanni Mongiovì - Le Ciel De Nadira стр 15.

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Ils savaient tous quil sagissait de la bataille la plus importante de lentière campagne sicilienne, toutefois Rabel avait essayé de cacher sa tension ce jour là, durant toutes les heures où il avait été avec son fils.

Les autres, sont-ils nombreux ? avait demandé Conrad.

Les guetteurs parlent surtout dinfanteries. Nous, nous avons un cheval !

Cette fois, je pourrai assister à la scène

Conrad, mon fils, je te laurai répété cent fois : reste ici avec les femmes, la servitude et les moines expliqua Rabel, qui continua :

Mais si les choses devaient tourner mal, aux premiers signes, sauve-toi sur la colline et cache-toi.

Y a t-il cette possibilité ? Tancred et Roul disent que les choses iront comme elles ont été jusquà présent, cest vrai, mais nous connaissons la situation. Et puis, évite de décourager les soldats !

Ainsi Rabel avait encouragé son fils.

Il était déjà midi et dans le camp on respirait toute linquiétude pour cette difficile attente. De temps en temps quelquun revenait du camp pour communiquer des nouvelles concernant lavancement de la bataille. Certaines parmi les jeunes filles de la servitude pleuraient car certainement liées à quelque soldat avec qui était né une liaison. Puis, un prêtre du camp sapprocha de Conrad qui était encore assit sur le tabouret, sous le soleil, et lui dit :

Mon fils, ton père rentrera prématurément si tu restes là à fixer le fond de la route.

Conrad le regarda du bas vers le haut. Voici un morceau de pain ! ajouta t-il.

Le garçon lattrapa et le mordit.

Si tu as besoin de quelque chose pour occuper ton esprit outre que ton estomac, viens auprès de moi.

Il le porta sur la colline sans végétation, aux tonalités dorées car brûlées par le soleil. Le sommet était dépourvu de terre, tout comme un grand ro-cher gris ardoise à la surface dentelée. La fronde dune olive, la seule pré-sente, enracinée sur le côté de la formation rocheuse, était occupée par un petit troupeau de chèvres, et par un vieux berger qui avait plus de rides sur le visage que dannées. Le prêtre tourna par derrière et entra par une ouverture du rocher. Conrad fut étourdi en voyant que lintérieur de la roche était assez spacieux pour permettre la présence dau moins vingts hommes, et était complètement peint de couleurs vives, en ayant tout au-tour des parois des images de lhistoire de la bible et de la vie des saints; le style était typiquement celui des peintures sacrées de lOrient. Un petit prie-Dieu au fond et une croix au mur indiquaient le lieux où lon se prosternait.

Père, vous êtes étranger, parti pour suivre larmée, comment connaissez-vous cet endroit ?

Les frères du rite grec sy réunissent depuis des siècles pour prier. Ce sont eux qui me lont indiqué. Mais maintenant prie le Seigneur et la Madonne, afin que ton père rentre sain et sauf. conclut le religieux avant de le laisser seul.

Ce fut ainsi que Conrad se retrouva seul, à genoux, les yeux fermés, serrant le crucifix sur sa poitrine, et priant pour que Dieu ramène son père.

Quand il rentra du camp cétait déjà le soir. Il rentra dès quil vit que certains hommes à cheval étaient rentrés de la bataille, et il accéléra quand il se rendit compte quun dentre eux était le gros Roul ; le sang sur son hache danoise et sur la cotte de mailles était encore frais.

Jeune homme, où étais-tu ? demanda le guerrier dès que Conrad sapprocha auprès deux.

Un prêtre ma conduit sur les falaises expliqua lautre, toutefois il ne voulut pas révéler pourquoi il y était allé de peur que son intimité soit ridiculisée

Son visage changea. Si son père était rentré sain et sauf, il aurait sans aucun doute été au premier rang parmi ces hommes. Tout dun trait, le vi-sage de Roul lui apparut triste, comme si sa fureur avait été mortifiée par un évènement néfaste. Seulement maintenant, il comprenait ce qui se cachait derrière cette couverture humaine de soldats du nord dont Raoul était à louverture du rang.

Où est mon père ? demanda t-il, même sil imaginait déjà la réponse.

Nous avons gagné, mon fils. dit Tancred, un autre parmi les plus proches de Rabel, peut être pour tenter de contrebalancer le désespoir du jeune garçon, celui-ci brandissait encore sa longue pique et portait un manteau rouge.

Oui, ceux qui sont restés, nous les avons fait fuir. intervint un autre. Ça a été une grande victoire ! exclama quelquun dans le groupe.

Le vent aussi nous a été favorable aujourdhui mais le vent le plus terrible, cest encore une fois nous de la compagnie normande qui lavons porté. ajouta Tancred.

Toutefois Conrad, pendant que ce dernier parlait, ouvrit un passage par-mi les hommes.

Rabel était étendu sur le sol. Sa gorge était marquée dune grosse tâche de sang, vraisemblablement là où il avait reçu le coup mortel ; un coup qui avait été donné avec une incroyable puissance, vu quil avait trans-percé la cotte en maille. Sa chevelure blonde était découverte, quelquun lavait évidemment libéré de son casque et de sa capuche.

Conrad restait là, à le fixer immobile, sans avoir le courage de sapprocher. Son esprit navait jamais imaginé que tout cela pouvait réellement arriver.

A ce point Roul appuya une main sur son épaule et lui dit :

Larmée sest livrée à lexécution dautres parmi nous sont tombés sur le champ et attendent que nous allions les recueillir mais nous nous, mon cher Conrad, nous ne pouvions pas nous livrer au pillage, ou nous mettre à penser aux autres morts, quand le fils dun des nôtres attend son père avec angoisse.

Tu ne me laurais porté avec autant durgence si son souffle avait déjà été absent sur le champ de bataille. dit Conrad, tandis que deux premières larmes rayaient ses pommettes.

Roul se pencha alors et essaya de le consoler.

Non, Conrad, non ton père est vraiment tombé durant la bataille ! Il mentait pour ne pas le culpabiliser, mais Conrad nétait pas aussi stupide que pour le croire. Rabel avait rendu son dernier soupir là, dans le camp, dans lespoir de voir pour la dernière fois le visage de son fils ; le linge imbibé de sang mis autour du cou indiquait quils avaient essayé, durant longtemps, de prolonger son agonie, dans lattente du retour de Conrad.

Cest toi qui doit lui fermer les yeux. le poussa aux épaules Roul face à face avec ces yeux bleus, Conrad ne put retenir son désespoir.

En attendant, les femmes, les moines, la réserve qui défendait le camp et la servitude avaient formé un cercle autour de la scène. Conrad entrevit une sorte de dérision dans les yeux de son père, mais naturellement cétait uniquement la voix dans sa tête qui le lui suggérait, il se sentait coupable davoir été absent.

Père ! hurla t-il avant de se jeter sur sa poitrine.

Il ny a rien à voir ! hurla encore plus fort Roul, en sadressant à la foule.

Maudits grecs ! condamna t-il donc à voix basse.

Avec cette phrase Roul mettait en évidence tout son mépris pour les personnes de ce lieu, naturellement les chrétiens, retenus grecs de par leur religion de rite oriental. Toutefois cette exclamation dintolérance incluait également Georges Maniakès et les troupes régulières qui le suivaient, vu les mauvais rapports du général avec les hommes des contingents auxiliaires.

Les personnes sen allèrent, effrayées par la réaction de Roul, Conrad au contraire se sauva, il voulait trouver le prêtre qui lavait découragé de sa fidèle attente.

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