Блейк Пирс - De mauvais augure стр 10.

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Keri devinait quelles étaient ces mauvaises passes, mais ne dit rien. Becky poursuivit : « De plus, Kendra est très généreuse, mais sans me traiter de haut. C’est un équilibre très délicat à atteindre. En fait, c’est elle qui m’a acheté la robe que je porte pour le gala de ce soir, si tant est qu’il aura toujours lieu. Vous savez s’il aura lieu ?

— Je n’en sais rien, fit Keri avec brusquerie. Parlez-moi de sa relation avec Jeremy. Comment est leur mariage ?

— C’est un bon mariage. Ils sont d’excellents partenaires, une équipe très efficace.

— Ça ne me semble pas très romantique. C’est un mariage ou une entreprise ?

— Je ne pense pas qu’ils aient jamais été très passionnés. Jeremy est un peu réservé, un homme terre-à-terre. Et Kendra est passée par une phase un peu échevelée, à fréquenter des hommes difficiles, quand elle avait la vingtaine. Je pense qu’elle était ravie de trouver un homme stable et gentil, sur lequel elle pouvait compter. Je sais qu’elle l’aime, mais ce n’est pas Roméo et Juliette, si c’est ça que vous voulez dire.

— D’accord. Et a-t-elle jamais dit que cette passion lui manquait ? demanda Keri. Est-ce qu’il se pourrait qu’elle soit partie pour rechercher ces sensations, par exemple à un voyage d’anciens élèves ?

— Pourquoi me demandez-vous ça ?

— Jeremy m’a dit qu’elle était un peu chamboulée lorsque vous êtes revenues de la dernière réunion d’anciens élèves.

— Ah, ça », fit Becky. Elle renifla encore avant d’être prise par une autre quinte de toux. Alors qu’elle s’efforçait de maîtriser sa toux, Keri remarqua un cafard traverser la pièce, et s’obligea à l’ignorer. Becky reprit : « Faites-moi confiance, elle n’a pas fait de bêtises pendant ce voyage. C’est même le contraire. Un ex-petit ami, un mec nommé Coy Brenner, n’a pas arrêté de lui faire des avances. Elle est restée polie, mais il était plutôt acharné.

— Acharné à quel point ?

— Au point que c’est devenu gênant. Il était un de ces hommes difficiles dont je vous ai parlé. Quoi qu’il en soit, il ne lâchait pas l’affaire. À la fin de la réunion, il a mentionné qu’il irait la trouver chez elle. Je pense que ça l’a dérangée.

— Il habite ici ?

— Il a habité à Phoenix pendant longtemps – c’est là que la réunion s’est tenue. Nous avons tous grandi là-bas. Mais il a dit qu’il avait déménagé à San Pedro, récemment, et qu’il travaillait dans le port.

— C’était il y a combien de temps, cette réunion ?

— Il y a deux semaines. Vous pensez vraiment qu’il peut avoir quelque chose à voir là-dedans ?

— Je n’en sais rien, mais on va vérifier. Où puis-je vous trouver si je dois vous recontacter ?

— Je travaille à une agence de castings à Robertson, à dix minutes de marche d’ici. Mais j’ai toujours mon téléphone sur moi. N’hésitez pas à m’appeler. Si je peux faire quoi que ce soit, demandez-moi. Elle est comme une sœur pour moi. »

Keri dévisagea Becky Sampson, essayant de décider si oui ou non mentionner l’éléphant dans la pièce. Ses reniflements permanents, sa toux, son domicile mal tenu, la poussière blanche et le billet roulé sur le sol suggéraient que cette femme était largement dépendante à la cocaïne.

« Merci de m’avoir accordé votre temps », finit-elle par dire. Elle préférait s’abstenir pour le moment. L’addiction de Becky pouvait se révéler utile par la suite. Mais pour l’instant, elle n’avait pas besoin de s’en servir – ça n’avait aucun avantage stratégique. Keri quitta l’appartement et prit les escaliers, malgré les élancements dans son épaule et sa cage thoracique.

Elle se sentait légèrement coupable de garder au chaud la consommation de cocaïne de Becky pour s’en servir plus tard. Mais ce sentiment s’effaça rapidement lorsqu’elle sortit de l’immeuble et respira une bouffée d’air frais. Elle était enquêtrice, et non psychologue. Tout ce qui pouvait l’aider à résoudre une enquête était acceptable.

En repartant en voiture vers l’autoroute, elle appela le commissariat. Elle devait obtenir le plus d’informations possibles sur l’ex-petit ami obstiné de Kendra.

Elle allait lui rendre une visite impromptue.

CHAPITRE 7

Keri essayait de rester calme malgré la pression. Le trafic commençait à ralentir quand elle prit l’autoroute 110 en direction du port de Los Angeles, à San Pedro. Il était quatre heures de l’après-midi et même sur la voie spéciale et avec les sirènes, elle avançait lentement.

Elle finit par prendre la bretelle et se fraya un chemin dans les rues sinueuses menant au bâtiment administratif sur Palos Verdes Street. Elle était censée rencontrer un agent de liaison du port, qui lui enverrait deux agents en renfort pour l’interrogatoire de Brenner. La participation de la police du port était obligatoire, car elle se trouvait dans leur juridiction.

Normalement, Keri était exaspérée par ces exigences administratives, mais pour une fois, elle était contente d’avoir des renforts. Elle se sentait généralement sûre d’elle face aux suspects, car elle était entraînée au Krav Maga et Ray lui avait même donné quelques leçons de boxe. Mais avec son épaule blessée et ses côtes mal en point, elle ne se sentait plus si confiante. Et Brenner n’avait pas l’air de se laisser faire facilement.

Selon l’agent Manny Suarez, qui avait vérifié les antécédents de Brenner, au commissariat, le suspect était un sacré numéro. Il avait été interpellé une demi-douzaine de fois : deux fois pour conduite en état d’ébriété, une fois pour vol, deux fois pour agression, et notamment pour escroquerie, ce qui lui avait valu sa peine d’emprisonnement la plus longue, de six mois.

C’était quatre ans plus tôt, et il était dans l’interdiction de quitter l’État pendant cinq ans, ce qui signifiait qu’aujourd’hui, il violait les termes de sa liberté conditionnelle.

À présent, il était docker au débarcadère n°400. Même s’il avait laissé entendre à Becky et Kendra qu’il avait déménagé à San Pedro dans les semaines précédentes, en vérité il y habitait depuis plus de trois mois.

L’agent de liaison du port, le sergent Mike Covey, et ses deux officiers l’attendaient à son arrivée. Covey était un grand homme mince, au crâne dégarni, qui avait l’air pragmatique et sérieux. Elle lui avait fait un compte-rendu au téléphone et il avait manifestement tout expliqué à ses agents.

« Brenner finit le travail à 16h30, lui indiqua Covey après qu’ils se soient présentés. Puisqu’il est déjà 16h15, j’ai appelé le gérant du port et je lui ai demandé de ne pas laisser sortir le personnel plus tôt que prévu. Ça lui arrive, parfois.

— Merci. J’imagine qu’on peut y aller tout de suite. Je voudrais voir la tête de ce type avant de lui parler.

— Compris. Si vous voulez, nous pouvons partir d’abord, avec votre voiture. Les agents Kunstler et Rodriguez suivront dans une voiture de police. Comme on fait souvent des patrouilles dans le port, ça n’éveillera pas les soupçons de Brenner. Par contre, s’il voit un officier inconnu sortir d’un véhicule, ça peut lui mettre la puce à l’oreille.

— C’est parfait », acquiesça Keri.

Elle était heureuse de constater qu’ils n’étaient pas dans une guerre de clochers entre juridictions. Elle savait que la police du port détestait avoir mauvaise presse, et ils seraient ravis de se débarrasser de ce dossier, même si c’était pour le donner à une autre administration.

Keri suivit les indications du sergent Covey, traversa le pont Vincent Thomas et le parking des visiteurs, pour arriver à l’embarcadère n°400. Cela prit plus longtemps que prévu, et ils arrivèrent à 16h28. Covey s’adressa au gérant du quai par radio, et lui dit qu’il pouvait congédier ses hommes.

« Brenner va passer droit devant nous, il va traverser le parking des employés d’un instant à l’autre », dit Covey. Alors qu’il disait cela, la voiture de police passa devant eux et effectua un tour lent sur la route qui encerclait le quai. C’était tout à fait discret.

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