Блейк Пирс - De mauvais augure стр 11.

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Keri regarda les dockers défiler à la sortie de l’entrepôt du débarcadère. Un des hommes se rendit compte qu’il avait oublié son casque et repartit le chercher au pas de course. Deux autres travailleurs faisaient la course vers leurs voitures. Le reste du groupe marchait sans hâte.

« Voilà notre homme », fit Covey. Il indiqua un docker qui marchait à l’écart des autres. Coy Brenner ne ressemblait que de très loin à la photo d’identité datant de son arrestation dans l’Arizona, quatre ans plus tôt. Sur cette photo, il était amaigri, avec une tignasse longue et emmêlée, et une barbe de trois jours.

L’homme que Keri avait devant elle avait pris presque dix kilos dans les années écoulées depuis son arrestation, et ses cheveux étaient coupés court. Sa barbe de trois jours était devenue une vraie barbe. Il portait des jeans et une chemise de bûcheron, et marchait tête baissée, le visage tordu par une grimace. Coy Brenner ne paraissait pas vraiment comblé par la vie.

« Est-ce que ça vous dérangerait de rester en arrière, sergent Covey ? Je voudrais voir comment il réagit en étant abordé par une agent de police femme.

— Pas de problème. Je vais à l’entrepôt en attendant. Je dirai aux garçons de rester en retrait également. Faites-moi signe quand vous voulez que je vous rejoigne.

— Ça marche. »

Keri sortit de la voiture, enfila une veste pour dissimuler l’arme qu’elle portait à la ceinture, et suivit Brenner à bonne distance. Elle ne voulait pas qu’il la remarque tout de suite. Il semblait ne rien remarquer, complètement perdu dans ses pensées. Lorsqu’il arriva à son vieux pickup, Keri était sur ses talons. Elle sentit son portable vibrer en recevant un SMS, et se crispa. Mais Brenner n’avait rien entendu.

« Comment ça va, Coy ? » demanda-t-elle d’un ton aguicheur.

Brenner se retourna brusquement, surpris. Keri enleva ses lunettes, lui adressa un large sourire, et plaça ses mains sur ses hanches d’un air affecté.

« Bonjour ? » dit Brenner, plus sous forme de question que de salut.

« Ne me dit pas que tu ne te souviens pas de moi ? Ça ne fait que quinze ans... Tu es Coy Brenner, de Phoenix, non ?

— Oui. On est allés à l’école ensemble ou quoi ?

— Non. Le temps qu’on a passé ensemble était instructif, mais pas dans un sens académique, si tu vois ce que je veux dire. Je commence à me vexer... »

J’en fais des tonnes, là. Peut-être que j’ai perdu mon je-ne-sais-quoi.

Mais le visage de Coy se détendit, et Keri sentit qu’elle avait touché juste.

« Désolé, j’ai eu une longue journée et c’était il y a longtemps, dit-il. Je serais ravi qu’on refasse connaissance. Comment tu t’appelles, déjà ?

— Keri. Keri Locke.

— Je suis vraiment étonné de ne pas me souvenir de toi, Keri. Tu m’as l’air du genre de fille dont je me souviendrais. Qu’est ce que tu fais si loin de Phoenix ?

— Je n’en pouvais plus de la chaleur de l’Arizona. Je travaille pour la mairie de Los Angeles, maintenant. Je m’occupe de dossiers... C’est plutôt ennuyant. Et toi ?

— Docker, comme tu peux le voir.

— Un garçon du désert qui se retrouve à travailler au bord de l’océan. Comment ça se fait ? Tu voulais percer à Hollywood ? Apprendre à surfer ? Tu as suivi une nana ? »

Son ton était léger, mais Keri le scrutait pour voir sa réaction à cette dernière question. Son expression perplexe mais intriguée céda le pas à la méfiance.

« J’ai vraiment du mal à me rappeler de toi, Keri. Rappelle-moi quand est-ce qu’on a passé du temps ensemble ? »

Son ton avait un côté tranchant qu’il n’avait pas auparavant. Keri sentait que son stratagème ne fonctionnait plus, et elle décida d’adopter une approche plus agressive.

« Peut-être que tu ne te souviens pas de moi parce que je ne ressemble pas à Kendra. C’est ça, Coy ? Tu n’as d’yeux que pour elle ? »

Brenner passa de la méfiance à la colère, et il s’avança d’un pas. Keri le vit serrer les poings involontairement. Elle demeura de marbre.

« Qui êtes-vous ? Qu’est ce que c’est que cette histoire ?

— Je fais juste la conversation, Coy. Pourquoi tu deviens impoli ?

— Je ne te connais pas », dit-il, hostile à présent. « Qui vous envoie ? Son mari ? Vous êtes un détective privé ou quelque chose comme ça ?

— Et si je l’étais ? Il y aurait des choses sur lesquelles enquêter ? Tu as des choses à avouer, Coy ? »

Il fit encore un pas vers elle. Leurs visages étaient à vingt centimètres l’un de l’autre, à présent. Au lieu de reculer, Keri carra les épaules et leva le menton.

« Je pense que vous avez commis une grosse erreur en venant ici, ma petite dame », gronda Coy. Il tournait le dos à la voiture de police qui s’approchait lentement derrière lui, et tournait à présent au ralenti à quelques mètres d’eux. Du coin de l’œil, Keri vit le sergent Covey s’approcher à pied, depuis l’entrepôt. Il prenait garde de rester hors du champ de vision de Brenner. Elle ressentit le besoin de leur faire des grands signes pour qu’ils interviennent, mais elle se força à rester calme.

C’est maintenant ou jamais.

« Qu’est ce que tu as fait à Kendra, Coy ? » demanda-t-elle, cette fois sans la moindre trace de légèreté. Elle le dévisageait, la main effleurant la crosse de son pistolet, prête à tout.

À cette question, ses yeux s’élargirent de surprise, et elle sut qu’il n’avait aucune idée de quoi elle parlait. Il recula.

« Quoi ? »

Elle avait senti immédiatement qu’il n’était pas coupable, mais elle insista juste au cas où.

« Kendra Burlingame a disparu, et j’ai entendu dire que tu es son harceleur attitré. Donc si tu lui as fait quelque chose, c’est le moment d’avouer. Si tu coopères, je pourrai t’aider. Dans le cas contraire, les choses pourraient vraiment dégénérer pour toi. »

Coy Brenner la regardait fixement, mais semblait n’avoir pas tout à fait saisi ce qu’elle avait dit. Il n’avait toujours pas remarqué le sergent Covey, qui était maintenant à quelques pas derrière lui. Ce dernier, un officier de police chevronné, avait aussi la main posée sur son arme. Il n’avait pas l’air d’avoir la gâchette facile, mais d’être simplement prudent.

« Kendra a disparu ? » demanda Coy, comme un enfant à qui on annonce que son chien a du être piqué.

« Quand est-ce que tu l’as vue pour la dernière fois, Coy ?

— À la réunion d’anciens élèves. Je lui ai dit que je chercherais son adresse ici à Los Angeles. Mais j’ai vu qu’elle ne voulait rien avoir à faire avec moi. Elle semblait embarrassée pour moi. Je ne voulais pas voir cette expression sur son visage, donc j’ai laissé tomber.

— Tu n’aurais pas, par hasard, voulu faire payer à la femme qui t’a fait perdre la face ?

— Ce n’est pas elle qui m’a fait perdre la face. J’ai honte de ce que je suis devenu, et pour avoir honte, je n’ai pas besoin d’elle. C’est juste que, quand j’ai vu la façon dont elle me regardait, ça m’a ouvert les yeux, vous voyez ? Je me raconte des histoires en me disant que je suis un mec cool, un dur, depuis si longtemps. C’est Kendra qui m’a permis de réaliser à quel point je suis un paumé. »

Brenner regardait Keri d’un air désespéré, comme s’il espérait qu’elle le comprendrait. Mais Keri n’avait aucune envie d’aider cet homme à expier ses démons. Elle-même devait gérer sa propre honte, et elle en avait suffisamment pour ne pas vouloir s’occuper de celle des autres.

« Est-ce que tu peux me donner des preuves de tes activités, hier ? » demanda-t-elle pour changer de sujet. Lorsque Coy comprit qu’il n’arriverait pas à se faire prendre en pitié, il acquiesça.

« J’étais ici toute la journée. Mon patron peut le confirmer.

— On vérifiera ça », dit le sergent Covey.

Coy sursauta en entendant la voix derrière lui. Il se retourna, surpris de trouver le sergent à moins d’un mètre de lui, ainsi que la voiture de police, où étaient assis Kunstler et Rodriguez, un peu plus loin.

« Vous êtes agent de police, alors ? demanda Coy à Keri, l’air défait.

— En effet. Service des personnes disparues du LAPD.

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