Мопассан Ги Де - Notre coeur стр 9.

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Peu de meubles, Trois longues tables couvertes de plaques en marbre vert portaient tout ce qui sert à la toilette dune femme.

Sur lune, celle du milieu, les grandes cuvettes en cristal épais. La seconde présentait une armée de flacons, de boîtes et de vases de toutes tailles, coiffés dargent au chiffre couronné. Sur la troisième, sétalaient tous les outils et instruments de la coquetterie moderne, innombrables, aux usages compliqués, mystérieux et délicats. Dans ce cabinet, rien que deux chaises longues et quelques sièges bas, capitonnés et moelleux, faits pour le repos des membres las et du corps dévêtu. Puis, tenant un mur entier, une glace immense souvrait comme un horizon clair. Elle était formée de trois panneaux dont les deux côtés latéraux, articulés sur des charnières, permettaient à la jeune femme de se voir en même temps de face, de profil et de dos, de senfermer dans son image. À droite, dans une niche que voilait ordinairement une draperie, la baignoire, ou plutôt une vasque profonde, également en marbre vert, où lon descendait par deux marches. Un amour de bronze, élégante figurine du sculpteur Prédolé, assis sur le bord, y versait leau chaude et leau froide par des coquilles avec lesquelles il jouait. Au fond de ce réduit, une glace de Venise à pans brisés, faite de miroirs inclinés, montait en voûte arrondie, abritait, enfermait et reflétait, en chacun de ses morceaux, la baignoire et la baigneuse.

Un peu plus loin, le bureau épistolaire, simple et beau meuble anglais moderne, couvert de papiers traînants, lettres pliées,

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petites enveloppes déchirées, où brillaient des initiales dorées.

Car cétait là quelle écrivait et quelle vivait quand elle était seule.

Étendue sur sa chaise longue, dans une robe de chambre en foulard de chine, les bras nus, de beaux bras souples et fermes sortant hardiment des grands plis de létoffe, les cheveux relevés et pesant sur la tête de leur masse blonde et tordue, Mme de Burne rêvassait, après le bain.

Un peu plus loin, le bureau épistolaire, simple et beau meuble anglais moderne, couvert de papiers traînants, lettres pliées,

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petites enveloppes déchirées, où brillaient des initiales dorées.

Car cétait là quelle écrivait et quelle vivait quand elle était seule.

Étendue sur sa chaise longue, dans une robe de chambre en foulard de chine, les bras nus, de beaux bras souples et fermes sortant hardiment des grands plis de létoffe, les cheveux relevés et pesant sur la tête de leur masse blonde et tordue, Mme de Burne rêvassait, après le bain.

La femme de chambre frappa, puis entra, apportant une lettre.

Elle la prit, regarda lécriture, déchira le papier, lut les premières lignes, puis dit tranquillement à sa domestique : « Je vous sonnerai dans une heure ».

Restée seule, elle sourit avec une joie victorieuse. Les premiers mots lui avaient suffit pour comprendre que cétait là, enfin, la déclaration damour de Mariolle. Il avait résisté bien plus quelle naurait cru, car depuis trois mois elle le captait avec un grand déploiement de grâce, des attentions et des frais de charme quelle navait jamais faits pour personne. Il semblait méfiant, prévenu, en garde contre elle, contre lappât toujours tendu de son insatiable coquetterie. Il avait fallu bien des causeries intimes, où elle avait donné toute la séduction physique de son être, tout leffort captivant de son esprit, et aussi bien des soirées de musique, où devant le piano vibrant encore, devant les pages de partitions pleines de lâme chantante des maîtres, ils avaient tressailli de la même émotion, pour quelle aperçût enfin dans son œil cet aveu de lhomme vaincu, la supplication mendiante de la tendresse qui défaille. Elle connaissait si bien cela, la rouée ! Elle avait fait naître si souvent, avec une adresse féline et une curiosité inépuisable, ce mal secret et torturant dans les yeux de tous les hommes quelle avait pu séduire ! Cela lamusait tant de les sentir envahis peu à peu, conquis, dominés par sa puissance invincible de femme, de devenir pour eux lUnique, lIdole capricieuse et souveraine ! Cela avait poussé en elle tout doucement, comme un

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instinct caché qui se développe, linstinct de la guerre et de la conquête. Pendant ses années de mariage, un besoin de représailles avait peut-être germé dans son cœur, un besoin obscur de rendre aux hommes ce quelle avait reçu de lun deux, dêtre la plus forte à son tour, de ployer les volontés, de fouailler les résistances et de faire souffrir aussi. Mais surtout elle était née coquette ; et, dès quelle se sentit libre dans lexistence, elle se mit à poursuivre et à dompter les amoureux, comme le chasseur poursuit le gibier, rien que pour les voir tomber. Son cœur cependant nétait point avide démotions comme celui des femmes tendres et sentimentales ; elle ne recherchait point lamour unique dun homme ni le bonheur dans une passion. Il lui fallait seulement autour delle ladmiration de tous, des hommages, des agenouillements, un encensement de tendresse.

Quiconque devenait lhabitué de sa maison devait être aussi lesclave de sa beauté, et aucun intérêt desprit ne pouvait lattacher longtemps à ceux qui résistaient à ses coquetteries, dédaigneux des soucis damour ou peut-être engagés ailleurs. Il fallait quon laimât pour rester son ami ; mais, alors, elle avait des prévenances inimaginables, des attentions délicieuses, des gentillesses infinies, pour conserver autour delle tous ceux quelle avait captivés. Une fois enrégimenté dans son troupeau dadorateurs, il semblait quon lui appartînt de par le droit de conquête. Elle les gouvernait avec une adresse savante, suivant leurs défauts et leurs qualités et la nature de leur jalousie. Ceux qui demandaient trop, elle les expulsait au jour voulu, les reprenait ensuite, assagis, en leur posant des conditions sévères ; et elle samusait tellement, en gamine perverse, à ce jeu de séduction, quelle trouvait aussi charmant daffoler les vieux messieurs que de tourner la tête aux jeunes.

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