Miriam Mastrovito - Reborn стр 4.

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that I was awake in a dream where being awake was real as was dreaming it would seem

Somnium - Christian Death

Ce fut le bruit de la pluie qui la tira du sommeil avant que le réveil ne sonne. Elga se frotta les yeux paresseusement. Ses temps pulsaient, elle se sentait aussi fatiguée que si elle ne sétait pas du tout reposée.

Le ciel de plomb et cet odieux cliquetis sur les fenêtres nauguraient rien de bon, pas pour elle qui détestait les journées pluvieuses.

Elle descendit les escaliers en titubant et se dirigea vers la cuisine. Un café chaud et une aspirine laideraient à carburer. Elle ne réalisa pas immédiatement quelle nétait pas seule. Au début, la pénombre dans laquelle était plongée la pièce immergea la forme sombre dans le jeu des ombres créées par les poupées entassées partout. Alors quelle cherchait linterrupteur, elle entendit un coup de tonnerre assourdissant et un éclair illumina son environnement. Ce fut à ce moment quelle la vit.

Une petite fille était assise à sa table, occupée à manger avidement son gâteau.

Elle ne se troubla pas en la voyant entrer, se borna à lever le visage, couvert de chocolat. Elle lui sourit, la bouche pleine, la fixant de ses yeux bleus.

Elga demeura pétrifiée, cligna confusément des yeux, comme si ce geste pouvait effacer cette vision onirique. Parce quil ne pouvait sagir que de cela Elle alluma la lumière, ouvrit et ferma les yeux plusieurs fois, mais la fillette resta là. Elle devait avoir environ dix ans, autant que les bougies. Sans les cheveux noirs et raides, les iris dune couleur différente, la maigreur des bras

Elle secoua violemment la tête pour essayer de chasser cette pensée folle.

«Comment as-tu fait pour entrer?» demanda-t-elle, donnant voix à lhypothèse la plus logique.

Elle lui renvoya un regard interrogatif.

«Qui es-tu et que fais-tu dans ma maison?» relança la femme en bredouillant.

Le silence obstiné de lautre linquiéta et la contraria à la fois. «Tu ne mas pas entendue? Pourquoi tu ne me réponds pas? Le chat ta mangé la lang»

«Maman» La réponse fusa comme une supplique de ses lèvres tandis que ses yeux se gonflaient de larmes.

«Non.» Elga fut secouée par un tremblement. Non, répéta-t-elle en secouant plus fort la tête.

La petite se leva de sa chaise, visiblement perturbée.

«Maman, tu vas bien?» demanda-t-elle en se dirigeant vers elle.

Instinctivement, elle recula, se colla contre le mur, bien décidée à éviter tout contact.

«Ne mappelle pas maman, ordonna-t-elle. Elle navait aucune fichue idée de ce quil se passait, mais la stupeur initiale faisait place à la colère, mêlée à une peur galopante. Je ne suis pas ta mère.»

La petite fondit en larmes à cette affirmation.

«Pourquoi tu fais ça? Maman» Négligeant tout avertissement, elle se lança sur la femme, lenlaça, striant son pyjama de taches sombres.

Elga sursauta, comme parcourue par une décharge électrique. Qui que soit cette inconnue, elle était en chair et en os. Elle sentit clairement la consistance de son corps et la force de son étreinte, inimaginable étant donné sa maigreur. Elle séloigna pour garder ses distances. «Ne me touche pas» la gronda-t-elle. Elle prit une longue respiration et ajouta: «Maintenant, dis-moi qui tu es et ce que tu fais ici, sil te plaît.»

«Rea. Je suis ta fille, tu ne me reconnais pas?» Son ton était chargé de perplexité et dinquiétude.

«Rea?» La femme répéta ce nom avec lenteur, comme un mot étranger. «Ok, si cest une blague, sache que je ne laime pas du tout. Ma fille est morte et je ne connais aucune Rea.»

«Pourquoi tu dis ça? Tu me fais peur, maman!» gémit la petite.

Son angoisse était si crédible quelle aurait mérité un Oscar si elle avait été en représentation. Et pourtant, il ne pouvait en être autrement. Quelquun avait manifestement orchestré cette mise en scène pour se moquer delle. Elga naurait pas pu dire qui et dans quel but, mais elle ne pouvait envisager dautres explications possibles à ce quil se passait et, au fur et à mesure que cette conviction faisait son chemin dans son esprit, sa colère augmenta.

«Je te le demande pour la dernière fois. Qui es-tu et que fais-tu ici?»

«Rea» sanglota lautre.

«Mauvaise réponse. Celui qui tenvoie ne ta pas bien informée. Ma fille sappelait Martina.»

«Cest moi ta fille»

«Ça suffit maintenant!» Elga la prit par le poignet et la traîna vers le manteau de la cheminée. Il était couvert de poupées, comme chaque étagère de cette maison, mais entre lune et lautre, quelques cadres photo en bois se détachaient. Elle en prit un au hasard et le tendit à lintruse.

«Voici Martina. Cest la seule fille que jaie jamais eue et elle ne te ressemble pas du tout.»

Avant de le prendre, la petite sessuya les mains sur la robe blanche quelle portait, observa la photo quelques minutes en silence, puis la lui rendit retournée de façon à ce que lautre puisse la voir.

Limage latteignit avec la violence dune gifle. Martina était assise dans son atelier, semblable à une poupée parmi les poupées, et souriait comme sur la vieille photo sur laquelle Elga avait pleuré un million de fois. À part que Ce nétait pas elle. La personne immortalisée sur le cliché était identique à létrangère qui lui faisait face.

«Nooooon!» Elga hurla, prise dune panique quelle ne pouvait expliquer. Elle prit un autre cadre, le regarda et le jeta au sol comme sil la brûlait; elle courut vers la patère située sous lescalier, attrapa son sac dune main tremblante, récupéra son portefeuille, chercha la photo quelle avait toujours avec elle, celle qui montrait Andrea et Martina enlacés, et la regarda. Son mari était là et était celui de toujours, mais la petite accrochée à son cou

«Nooooon!» La femme se recroquevilla sur le sol, se boucha les oreilles et continua à hurler dans lespoir que sa voix chasse ce cauchemar.

Les souvenirs étaient tout ce quil lui restait, sa seule ancre, son unique certitude. Personne ne devait les toucher, elle ne permettrait à personne de les lui enlever, encore moins pour un jeu cruel.

La fillette tenta de sapprocher, mais elle la repoussa en la frappant. «Tu nes pas ma fille! Ce nest pas TOI ma fille!»

Au même instant, la sonnette tinta. «Quest-ce quil sest passé? Tu as besoin daide?» La voix de Constanza arriva de la rue, à peine couverte par le crépitement de la pluie.

Elga neut pas le temps de réaliser, ni même de réagir. Linconnue fut plus rapide quelle, bondit sur le parlophone et ouvrit la porte.

«À laide! Maman se sent mal!» pleura-t-elle en se précipitant dans les escaliers pour courir se réfugier dans les jupes de la voisine.

«Que sest-il passé? Où est-elle? Et toi, tu vas bien?» La vieille femme la bombarda de questions tout en montant. Sa langue était bien plus souple que ses jambes fatiguées par lâge avancé et larthrose.

«Elle dit quelle ne me connaît pas» tenta de lui expliquer Rea.

«Elle sest faufilée chez moi cette nuit. Elle dit quelle est ma fille.» La voix dElga, qui sétait entretemps relevée pour les rejoindre, se superposa à la sienne. « Je ne sais pas comment elle a fait, mais les photos » Elle se figea brusquement, mettant fin au flot de ses paroles. Elle fit subitement le point sur limage qui soffrait à elle et, tout aussi rapidement, celle-ci atteignit son cerveau avec quelque chose qui clochait.

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