Giovanni Mongiovì - Le Ciel De Nadira стр 6.

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Non ! répondit la jeune fille, en laissant apparaître un sourire nerveux.

Maimuna et son frère, sétaient accordés, si le jugement de la jeune fille avait été positif, cette dernière aurait dû servir la nourriture aux hommes dans lautre pièce, et surtout au Qāid, de ses mains propres.

Tu penses que le Qāid de Qasr Yanna vient au Raba sans motif ? Nadira, Ali serait immensément heureux si tu le servais personnellement Non sans quelques réticences ou parce quelle nétait pas daccord avec la proposition, mais pour limportance du geste, Nadira se couvrit le vi-sage, pris des mains dune domestique des pâtisseries à base de moutarde mélangée au miel et les porta dans la pièce où les hommes discutaient.

Le Qāid interrompit son discours dès quil vit Nadira avancer vers lui ; cétait le signal, la jeune fille avait passé brillamment le test de Maimuna.

Umar resta perplexe, toutefois il compris immédiatement la raison inhérente à la vue de son seigneur.

Quand Nadira sagenouilla près du Qāid et poussa de sa main la nour-riture vers sa bouche, lautre lui bloqua délicatement le poignet si fort quelle craint avoir fait une erreur il la fixa intensément les yeux grands ouverts et commença à réciter :


Connais-tu les sources deau vive et pure de la couleur du saphir ?

Où lon peut voir sa propre âme réfléchir.

Où les hérons se désaltèrent et les jeunes filles découvrent leurs cheveux.

Connais-tu, oh ma Grande, les frontières de ton règne ?


Connais-tu cette mer bouleversante de merveilles ?

Si profonde et riche de poissons aux nageoires en écailles.

Si turquoise et bleue et azure, où les filets se rassemblent.

Connais-tu, oh favori du Suprême, les frontières de la Sicile ?


Connais-tu ce ciel dune incomparable beauté et innocence ?

Doù ruissellent les pluies de la saison des figues primitives et des melons.

Grâce auquel se rafraîchissent les hibiscus, les fleurs dorangers et les roses.

Connais-tu, oh mon Seigneur, le ciel de Nadira, les frontières de ses yeux ?


Deux larmes allèrent se cacher derrière le voile du niqab23 et descendirent sur le visage de Nadira. Elle ne parvenait pas à sexpliquer com-ment il était possible que la gloire de ses yeux dépassait les frontières du Raba et était même arrivée aux oreilles du Qāid.

As-tu déjà entendu ces paroles, ma chère ? demanda Ali, même sil savait déjà que la réponse aurait été négative.

Non, mon Seigneur. Mais Nadira à qui tu les as dédiées doit avoir de la chance.

Le Qāid sourit, en étant positivement frappé per la modestie de la jeune fille.

Cet été jai accordé audience à un poète itinérant qui cherchait une cour, un nommé Musab, il moffrit durant deux mois ses dons de poète. Un jour il mexalta les louanges dune fleur dune telle beauté que je finis par le supplier afin quil me dise de qui il sagissait. Cette fleur avait un nom : Nadira ; elle habitait au Raba et était la sœur du āmil. Les verts que jai récité, ma chère, je les ai uniquement appris par cœur. la ré-compense pour le génie est seulement pour le poète Musab, mais la ré-compense pour la beauté de ces paroles est pour toi. Toutefois, si javais vu tes yeux avant dentendre ces paroles, jaurais peut-être puni Musab pour sa présomption à vouloir décrire lindescriptible. Allah a fait de toi une femme inégalable et inexplicable, ma chère ! Jai attendu un mois, toute la durée du Ramadan24, avant de pouvoir connaître le ciel de Nadi-ra, la frontière de ses yeux , même si maintenant je me rends compte que cette frontière nexiste pas.

A ce moment Ali regarda Umar et lui dit :

Frère, je te demande la main de Nadira, quelque soit le prix que tu mimposes.

Umar se tut et Nadira quitta la pièce, en comprenant que la question devait être affrontée entre hommes.

Umar en son cœur consentit immédiatement, et lui aurait accordé Nadi-ra même sans aucun prix, vu quil serait devenu le beau-frère du Qāid, toutefois il cacha ses émotions et son approbation jusquà ce que lautre ne releva lenjeu. Ali lui assura de vouloir faire de Nadira une de ses femmes et quil ne laurait pas traitée comme une concubine même si elle était de provenance populaire. En outre il promis des dons et des bénéfices pour la famille toute entière. Umar à ce moment regarda Rashid, son fils majeur âgé de seulement huit ans, et ne pu sempêcher de penser à comment leur vie se serait améliorée grâce aux yeux bleus de sa sœur.

En attendant, Nadira sétait réfugiée dans le lieux où elle allait étant enfant, sous la fronde dun gros mûrier situé dans la propriété de la maison. Elle ne comprenait pas pourquoi une chose si importante devait lui arriver. Elle ne se sentait pas à la hauteur, elle pensait navoir rien fait pour mériter les attentions du Qāid et une proposition de cette portée. Elle pleurait et tremblait. donc elle appuya le dos contre le tronc et, les yeux fermés, elle se rappela la raison des évènements daujourdhui.

Chapitre 3

Été 1060 (452 de lhégire) Raba de Oasr Yanna


Cétait un vendredi et sous le soleil de midi Nadira allait au puits au sud du Raba dans lintention dy prendre un seau deau ; Fatima, sa petite fille laccompagnait. Elle était vêtue de rouge et portait un ras du cou décoré de dessins géométriques de différentes couleurs et plein dornements attachés à sa coiffe qui pendaient le long de son front comme les berbères paraient les petites filles.

Il y avait également dautres femmes qui allaient au puits en riant et en blaguant, insouciantes malgré la chaleur étouffante de lheure la plus chaude.

A la fin de leur service, toutes les autres saisirent leur seau et prirent la route vers leur habitation. Nadira et Fatima restèrent seules à larrière.

Jai entendu dire que ce puits est miraculeux. dit une voix masculine.

Nadira, surprise, abandonna dun coup la prise de la corde en laissant tomber le seau au fond du puits.

Ce type, un jeune qui portait une étrange Kefiah25 jaune enroulée autour de sa tête, avançait en agitant les mains, et la priait de le pardonner de lavoir épouvantée.

Je ne tavais pas vu, bonhomme. répondit Nadira, en se couvrant le visage et en tirant vers soi la petite Fatima.

Je disais que ce puits est miraculeux et maintenant que je suis proche de toi jen suis encore plus convaincu.

Car si tu nes pas un ange, explique-moi quelle créature du Paradis jai devant moi.

Seulement la sœur du chef du village, un homme très proche du Qāid. dit Nadira en expliquant ses références et en tentant de le décourager déventuelles mauvaises intentions.

Tu ne dois rien craindre de moi.

Donc, tout en esquissant une révérence les mains derrière le dos, il se présenta :

Musab, poète et médecin.

Laissez-moi parler avec mon frère et je vous ferai accorder toute lhospitalité que vous méritez, Musab.

Tu es gentille, mais tout ce dont jai besoin je crois lavoir déjà trouvé.

Tu as besoin deau ? Mon frère ne manquera pas de ten accorder un seau. demanda naïvement Nadira, en imaginant quil se rapportait au puits.

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