Keith Dixon - Actrice стр 4.

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Les informations retournèrent au studio et Mai éteint la télévision. Elle ressentit des crampes étranges à lestomac. Elle savait que ce nétait pas les lasagnes de la vieille, mais une envie irrésistible du rôle de Deannah.

Elle se leva et alla dans la salle de bain pour se faire couler un bain. Elle ajouta quelques gouttes de ylang-ylang destinées à apaiser, puis se déshabilla et se glissa dans les eaux tourbillonnantes, lodeur douce-amère sélevant autour delle.

Elle connaissait Deannah : la conviction quelle nétait pas celle que tout le monde pensait quelle était ; le sentiment dêtre une princesse que personne ne comprenait ; la capacité de passer facilement dun monde réel à un monde fantastique tous ces traits étaient ceux quelle avait reconnus et compris. Elle naura aucun problème à jouer ce rôle. Si son rôle de Steffi dans Amberside Terrace était un réalisme morose, celui de Deannah crépitait avec son moi enterré la fille drôle, intelligente, vivace que très peu de gens jusqualors navaient pas eu loccasion de voir.

Mon Dieu, comme elle voulait ce rôle !

Elle se séchait les cheveux lorsque Billie revint avec les chiens. Ils envahirent la pièce, se pourchassant puis entrant en courant dans la chambre damis, où se trouvaient leurs jouets. Billie alla dans la cuisine et leur prépara à manger. Les chiens déboulèrent en courant dès quils entendirent leurs bols se poser sur le sol en carrelage. Quelques instants plus tard, Billie sortit avec une tasse de café en hochant la tête vers la cuisine.

- Tu nas pas à cuisiner quand tu rentres. Je pourrais te préparer quelque chose. Jai des compétences.

- Est-ce que tu me dis que mon expertise en micro-ondes nest pas assez bonne ? Tu dois savoir que jai fait ces lasagnes avec mes propres ongles cassés.

Billie sétait assise au bout du canapé et regardait Mai sessuyer vigoureusement les cheveux. Elle semblait toujours sintéresser à la toilette de Mai, comme si elle apprenait des secrets professionnels. Pour sa personne, elle avait lair de faire le minimum jeans, un genre de haut dénudé et des grosses bottes étaient lalpha et loméga de sa garde-robe. Elle se lavait et séchait les cheveux en dix secondes et les laissait retrouver leur propre style.

Mai avait déterré son exemplaire de Deannahs Quest. Il était posé sur le canapé à côté de Billie, ouvert au beau milieu.

Billie ramassa le livre, regarda le texte de présentation au dos et dit :

- Tu en as entendu parler, alors ? Je me demandais si tu serais intéressée.

Mai ne se sentait pas disposée à avoir un ton trop engagée.

- Ça pourrait être intéressant. Jai lu le livre.

- Tu serais cinglée de ne pas le faire. Il est fait pour toi.

- Pourquoi tu dis ça ?

- Tu as lâge idéal. Tu corresponds à la description. Tu as de grandes chances par rapport toutes les autres, tu ne crois pas ?

- Je ny ai pas réfléchi.

Billie souleva les sourcils :

- Ma mère avait lhabitude de me dire Tu nas quune seule chance pour une bonne carrière. Après ça, tu pourrais aussi bien réorganiser les mots chance et pot dans une seule phrase. De toute évidence, je suis toujours en train de le faire, mais toi, tu es déjà en haut. Tu naimerais pas que je te parle encore de Dennis, nest-ce pas ?

Son ex-petit ami avait refusé de se vendre sur le marché comme le nouveau James Morrison et finalement Billie ly avait poussé. Le choix de carrière était une chose à laquelle elle avait récemment commencé à se reconsidérer comme étant experte.

- Je dois parler à Eric, dit Mai.

- Ma chérie, il est ton agent. Il fera ce que tu lui demandes de faire. Cest comme ça que ça marche, non ?

Mai ne dit rien et alla dans sa chambre. Elle enfila un jean et un chemisier ample, se brossa les cheveux en arrière et sappliqua un maquillage léger quelle portait lorsquelle ne travaillait pas.

Billie était toujours sur le canapé à caresser la tête de lun des chiens. Mai ne savait pas lequel. Il avait la tête posée sur la cuisse de Billie, la regardant dune façon bizarrement adorable.

- De tout manière, je ne suis pas sûre de vouloir participer à une compétition, dit Mai. Ce sera comme une téléréalité, sans la classe.

- Quest-ce qui tinquiète ?

- Qui te dit que je suis inquiète ?

- Je sais que tu le veux, mais tu ne montres aucun enthousiasme.

Mai récupéra son manteau léger de sa garde-robe et trouva son sac Hermès.

- Pour être parfaitement honnête, je ne sais pas si jaurai le temps. Je serai coincée aux répétitions pour les quatre prochaines semaines et puis Tornado va sortir il y aura les premières et tout ce qui sen suit.

Tornado était un film quelle avait fini de filmer il y a près dun an, tout en jouant dans Amberside Terrace, et elle a dû attendre aussi longtemps pour que le CGI et la bande sonore soient terminées. La première de la pièce y avait été habilement liée pour coïncider avec la première du film les producteurs espérant se faire de largent sur la rumeur que le film générerait.

Billie haussa les épaules, mais Mai ne savait pas si cétait de la déception : elle regardait par la fenêtre les toits sombres de Greenwich comme sils sétaient animés dintérêt.

- Dis ce que tu penses, Billie. Ne me ménage pas comme si jallais mordre.

- Je pense que tu le regretteras plus tard si le film est un succès. Ils disent quil y a déjà un directeur tape-à-lœil qui a signé.

- Ça ne veut rien dire. Les producteurs pourraient dire que Spielberg et Lucas ont manifesté leur intérêt, sans que pour autant ils ne se retrouvent assis derrière la caméra au moment du tournage.

Billie détourna à nouveau son regard, sa passion pour la critique, même indirecte, savérant être trop nuisible. Elle navait aucune implication réelle dans le monde du spectacle et naimait pas lorsque Mai ou quelquun dautre lui faisait comprendre que ses pensées ou idées étaient surtout celles dune amatrice.

Mai naimait pas la vexer.

- Je vais y réfléchir, dit-elle. Je viens juste de lapprendre.

- Je sais que tu seras géniale, dit Billie en souriant.

- Je dois dabord me battre pour réussir dabord cette maudite pièce. Le directeur me déteste déjà et narrête pas de parler du contrat social que Chekhov essaie de créer avec son public. Jessaie juste de comprendre le personnage.

- Ma chérie, fais ce que tu as à faire vise le sentiment humain. Peu importe le contrat social, tous ces russes victoriens, ils sont des êtres humains, non ?

- Je te le dirai plus tard, lorsque jaurai des signes.

Le taxi la déposa juste devant la porte du club, le chauffeur la regardant en douce de temps en temps tout en étant poli, lui disant merci lorsquelle lui donna un pourboire.

Le club était abrité discrètement dans un entrepôt rénové non loin de Canary Wharf, son unique avantage de marketing étant un petit portique marron en forme de coquille au-dessus de la porte. Derek, en personne, était derrière le bar dans sa veste blanche habituelle et sa chemise noire, donnant des instructions à un nouveau membre du personnel sur la façon de mixer lun de ses perfides cocktails. Le taux de renouvellement du personnel du club était élevé, en grande partie parce que Derek était un tyran derrière les portes fermées, malgré quil joue le lèche-bottes avec la clientèle. Il leva les yeux, fit un grand sourire à Mai et lui fit un signe de tête vers la pièce du fond.

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