Keith Dixon - Actrice стр 3.

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- Il a encore du chemin à faire avant datteindre le niveau de branleur. Il est encore au stade de connard.

- Ah, tu as plus dexpérience que moi !

- Je suis une fille. Je suis plus attentive aux distinctions sociales.

Il sourit.

- Comment tu te sens à faire de la scène ? Le trac ?

- Un peu. Je serais idiote si je navais pas peur de le faire.

- Daprès ce que jai vu jusquici, tu seras génial.

Elle sourit en silence. Un air vaillant était indispensable dans cette situation. Mais elle se demandait déjà si elle navait commis la plus grande erreur de sa courte et heureuse vie.

CHAPITRE DEUX

Elle changea pour le DLR à Canary Wharf et sétait réfugiée devant, près du conducteur. Pas vraiment un conducteur, pensa-t-elle, mais plutôt un joueur. Regarder par limmense fenêtre qui ressemblait à un écran plasma de soixante pouces et tourner le bouton dans un sens pour faire avancer le train, le tourner dans le sens inverse pour ralentir, puis appuyer sur quelque chose pour ouvrir et fermer les portes. On doit sûrement leur payer un supplément pour les empêcher de senfuir par la porte en dévalant la plateforme, anéantis par lennui. Une actrice prometteusedans une opération desauvetage héroïque de train. Sauve la vie de 54 passagers,trop occupés à lireLa fille au tatouage décureuilpourremarquerque le train était sans conducteur

Elle louait un appartement dans une maison géorgienne à Greenwich, à cinq minutes de la gare. La maison était à vendre dans lune des agences immobilières locales très sympa pour un million de livres, la propriétaire ayant conclu que la vie dans le sud de la France offrait plus davantages que le sud de Londres pour piéger un mari riche. Par conséquent, la maison suivait lentement la loi de lentropie et sombrait dans un état de dégradation médiocre porte dentrée rayée, fenêtres sales, gouttières cassées, radiateurs sifflants comme des fantassins gazés. La Volvo familiale de Billie était déjà garée à lun des emplacements à lavant, tellement longue quelle était rentrée tout juste dans lemplacement de stationnement, tel un adulte serré dans un lit denfant.

Dès quelle ouvrit la porte de lappartement et y entra, les chiens sétaient immédiatement jetés sur elle, sautant et poussant ses jambes en reniflant. Bille sortit de la cuisine une tasse dans les mains.

- Jai limpression dêtre un mari rentrant du front. Je devrais demander si mon thé est prêt.

- Je pensais attendre que tu rentres. De faire le point et tout.

Billie était une femme dans la trentaine aux cheveux roux ondulés et un visage franc. Elle portait une laine polaire épaisse bleu-foncé et un jean : vêtement dextérieur. Elle sortait les chiens de Mai depuis quelle les avait eu, il y a presque un an, mais elle était maintenant la plus proche amie de Mai, toutes les autres ayant mis les voiles lorsquelles avaient fini le lycée. Parfois, elle se demandait si ce nétait pas étrange de navoir besoin de personne dautre, mais cétait un point quelle avait découvert en sa personne depuis lâge de quatorze ans. Elle avait assez damis au travail pour que ça lui manque à la maison.

Elle retira son manteau et frotta les flancs des deux chiens qui faisaient des huit autour de ses jambes, remuant leurs queues en lair.

- Désolée, je suis en retard. Jai eu des cours complémentaires.

- Comment cétait ? Ta première journée.

Mai haussa les épaules. Elle na jamais aimé parler de travail. Cela donnait lair prétentieux, même à sentendre parler.

- Le directeur est un trou du cul, mais à part ça, tout le monde est sympa. Il fait froid dehors. Evite de geler à mort.

- Vêtements de professionnels pour une promeneuse moderne de chiens. Je ne risque pas.

- Tu en auras pour combien de temps ?

- Je serai de retour dans une heure et demie, à moins que tu veuilles que je reste plus longtemps.

- Je serai peut-être dans le bain.

Billie alla chercher les laisses des chiens et les attacha. Cétait le seul moment où ils restaient immobiles, du moins jusquà ce que les attaches soient fermées. Puis ils redevenaient fous, senroulaient autour des jambes de Billie comme du mazout jusquà ce quelle leur dise darrêter et quelle se dirige vers la porte.

Quand Billie sortit, Mai alla au frigo et se trouva une moitié des lasagnes quelle avait préparées la veille. Elle les mit aux micro-ondes pendant quelques minutes, puis sassit sur le canapé devant la télévision et mit les infos de dix-neuf heures. Des politiciens interviewés sur un plateau bleu vif. Puis un reportage filmé sur le Mexique. Tournée sportive. Le monde est triste et banal.

Ses lasagnes finies, elle sortit son iPad de son sac pour vérifier ses emails. Emails habituels de fans, des offres de vacances, des blagues envoyées par sa mère, qui avait lair de penser que personne dautre nallait sur Facebook et quelle devait reposter tout ce qui sy trouvait.

Son téléphone bourdonna. Elle alla le chercher de la poche de son manteau. Son ami Stefan : Tu sors ce soirtamuser? Tous à Dereks.

Elle répondit par un message écrit : Peut-être. Je neboirai pas.Quelle heure ?

Un instant après, une réponse : 9. Ne sois pas barbante.

Elle répondit : Cest monnouveau prénom. A plus tard.

En posant son téléphone, son attention fut attirée par la télévision. Un journaliste debout à lextérieur des bureaux à vitres de Daily Paper, une presse à scandales qui avait été lancée il y a quelques mois, financée par un oligarque russe à la recherche dun endroit intéressant pour accommoder sa richesse. Lattention de Mai fut attirée par le journaliste mentionnant le nom de Deannah. Cétait le nom de lhéroïne du dernier livre que Mai avait lu, une fantaisie de jeune adulte dans laquelle une fille issue dun milieu ordinaire avait découvert quelle avait le pouvoir de voyager dans un autre monde, où elle était connue comme la fille difficile dun roi tout-puissant mais malade.

Elle augmenta le volume.

Dans un numéro, que nombreux pensent que cest la dernière tentative désespérée de son propriétaire russe pour attirer plus de lecteurs, le Daily Paper est entré en collaboration avec un studio de cinéma britannique pour trouver la prochaine grande vedette de cinéma. Le journal doit organiser un sondage quotidien auprès de ses lecteurs, leur demandant de nommer une actrice pour jouer Deannah dans le film Deannahs Quest, le best-seller de lauteur solitaire, Beatrice M. Kirwan. La gagnante du scrutin aura la garantie du rôle de Deannah et un contrat pour trois films dune valeur de plus de cinq millions de livres. Les commentateurs de lindustrie cinématographique ont rapidement condamné ce coup de pub, comme ils lappellent, disant quun rôle aussi important devrait avoir une vraie audition. Le Daily Paper déclare quils attendent avec impatience de soutenir la nouvelle étoile brillante dans ses premiers pas vers le succès. Aucun commentaire de la part du studio en question.

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