Жульетта Бенцони - Les Larmes De Marie-Antoinette стр 6.

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Il vint lui baiser la main avec un enthousiasme communicatif. Cela mit de lanimation dans la conférence, créant une sorte de tohu-bohu, un bouchon à lentrée de lappartement, que les organisateurs eurent quelque

peine à rendre fluide pour amener, cinq par cinq, les invités devant les vitrines. Ce que voyant, Aldo repartit par où il était venu afin de prendre la foule à revers et chercher Chaumet. Et ne le trouva pas.

Il vient de partir, le renseigna Mme de La Begassière. On la appelé au téléphone et il avait lair dans tous ses états.

Et il na rien dit ?

Ma foi, non. Je ne lui ai dailleurs rien demandé. Par pitié, mon cher prince, laissez-moi savourer cet instant de paix, ajouta-t-elle en agitant lune des invitations en guise déventail. Songez que dans un petit moment il va falloir emmener cette joyeuse compagnie « bâfrer » au champagne dans le Jardin anglais. Et comme nous navions pas prévu une telle cohue, je crains quil ny en ait pas pour tout le monde !

Bah ! Vous avez les Polignac sous la main et qui dit Polignac dit champagne Pommery. Demandez-leur quelques caisses en urgence ! Quant aux petits fours

Marie-Angéline sen occupe ! Elle sest précipitée chez le pâtissier pour réclamer du supplément ! Une vraie perle, cette sainte fille ! Je ne remercierai jamais assez Mme de Sommières de nous lavoir prêtée.

Et vous aurez raison, approuva Morosini pensant avec amusement que laimable dame eût été fort surprise dapprendre de quoi était capable la sainte fille en question lorsquelle était sur le sentier de la guerre. En attendant il alla fumer une cigarette dans le Jardin anglais où, en effet, une vaste tente rayée bleu et blanc avait été dressée pour abriter le buffet déventuelles intempéries.

Balayant momentanément laffaire de la fausse larme quil jugeait offensante pour ceux qui, comme lui-même, sétaient séparés héroïquement de véritables trésors destinés à leur seule contemplation, il laissa son esprit senvoler vers son palais vénitien où, un mois plus tôt, sa Lisa avait donné le jour à un petit Marco avec une facilité confondante : à peine une demi-heure de douleurs et lenfant était là, déjà potelé, braillant et gigotant sous une crête de cheveux roux laissant espérer une ressemblance avec sa mère au contraire des aînés, Antonio et Amelia, les jumeaux, bruns comme des châtaignes et résolument Morosini. Il était si mignon que tout le monde entra en extase. Aldo le premier quand la main minuscule du bébé se referma autour de son index et sy cramponna.

Mais le miracle, ce fut la soudaine sagesse des jumeaux habitués depuis quils se tenaient debout à emplir le palais paternel de leurs galopades, de leurs jeux, de leurs cris, de leurs initiatives pas toujours appréciées et, depuis quils savaient parler, de leurs joutes oratoires. À quatre ans, ils constituaient la paire la mieux soudée et la plus inventive de tout le pays, sinon de lEurope entière. Or, le jour où la chambre de leur mère se referma sur les mystères de lenfantement, ils se calmèrent net : plus de vacarme ! Ils ne se déplacèrent plus que sur la pointe des pieds et, une fois mis en présence du bébé, ils lobservèrent gravement, après quoi Antonio déclara :

Je vais bien men occuper ! Cest moi laîné.

Indignée, Amelia protesta aussitôt :

Je suis autant laînée que toi !

Non, parce que moi je suis un garçon !

Lincident diplomatique fut évité de justesse par Aldo. Patiemment il leur expliqua que sils étaient en effet égaux sur le plan de la primogéniture, leurs rôles différaient : protection pour Antonio et soins attentifs pour Amelia.

En fait, conclut-il après un quart dheure de palabres, vous devez être auprès du bébé ce que nous sommes Maman et moi. En plus petit, bien sûr, mais il importe avant tout que vous vous entendiez. Au moins sur ce plan-là, conclut-il dans un silence quil nosa pas interpréter sur le moment mais qui par la suite le rassura. En revanche, ce fut au tour de sa femme de linquiéter. Jusque-là, Lisa sétait montrée une excellente mère, attentive et tendre juste ce quil fallait et sans jamais tomber dans lexcès. Or, en lhonneur du nouveau venu, elle y plongea jusquau cou. Dabord elle tint à lallaiter ce qui navait pas été possible pour les jumeaux ! et à la sourde inquiétude dAldo. Toujours très amoureux de Lisa, il ne put sempêcher de craindre égoïstement que les seins ravissants de sa femme eussent à pâtir des assauts répétés de ce jeune goinfre. Mais il nosa rien dire tant le regard violet silluminait quand lun des mamelons roses disparaissait dans la petite bouche avide. Lépoux frustré préférait alors rejoindre son cabinet de travail avec limpression quon lui volait quelque chose.

Et naturellement, quand vint le moment de partir pour Paris, Lisa refusa carrément daccompagner son mari :

Tu dois comprendre que je ne peux pas quitter Marco et quil

est trop petit pour un long voyage en train !

Nous autres Morosini sommes habitués à nous lancer sur les routes de laventure dès que nous ouvrons un œil ! ronchonna Aldo. Une bonne pinte de lait et vogue la galère !

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