Жульетта Бенцони - Les Larmes De Marie-Antoinette стр 3.

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Cette nouvelle passion de son ami amusait Aldo : chez Gilles, célibataire endurci au demeurant, les coups de foudre étaient toujours intenses, flambaient haut mais ne duraient guère : Léonora était la troisième en à peine deux ans, succédant à une merveilleuse Américaine, Pauline Belmont pour laquelle Aldo lui-même sétait senti un « faible », et à une danseuse tzigane du Schéhérazade. Ces toquades rapides sexpliquant peut-être par le fait quaucune de ces deux premières passions ne lui avait cédé bien quil fût entièrement disposé à les épouser alors que la belle Léonora sétait montrée beaucoup plus accessible. À certaines mines « confites » de son ami, à ses demi-confidences, Aldo était même persuadé quelle avait sauté le pas.

Toujours est-il que pour plaire à sa belle, Vauxbrun avait « tanné » son ami jusquà ce quil accepte de laisser exposer la paire de girandoles en diamants à peine rosés, lune des pièces les plus émouvantes de sa collection, mais comme cela coïncidait avec la demande de la vieille comtesse relayée par Lisa, Aldo ne résista que pour juger de lintensité des sentiments de Vauxbrun. À présent, les ravissants joyaux trônaient dans lune des vitrines en compagnie de la paire de bracelets prêtés par Moritz Kledermann, dun collier de perles et dune seule boucle doreille : une sublime « larme » soutenue par un brillant dun blanc bleu exceptionnel. Les trésors portaient comme les autres bijoux un simple numéro renvoyant au luxueux catalogue. Encore que sur celui-ci les propriétaires ne fussent-ils désignés que par leurs initiales : lady H.H. pour les perles, le prince A.M. pour lui-même, M.M.K. pour les bracelets, Mlle C.A. pour la « larme » Et ainsi de suite Dautres objets moins importants, comme des bagues, des agrafes, des ornements de cheveux étaient exposés autour des pièces maîtresses. Deux autres armoires vitrées complétaient lensemble. Lune pour les petits objets précieux : drageoirs, tabatières, peignes, flacons, éventails, presque tous enrichis de pierres et portant le chiffre de la Reine. Lautre consacrée, curieusement, à ce collier fabuleux quelle navait jamais possédé et dont cependant le nom restait attaché au sien On y voyait une parfaite reproduction du joyau destiné à lorigine à la du Barry par Louis XV. Mais lintérêt de la copie était renforcé par deux bijoux admirables : un diadème de lady Craven et un collier de la duchesse de Sutherland où figuraient les diamants quavaient arrachés les mains avides de la comtesse de La Motte. Le tout arrivé en France sous la surveillance attentive de Scotland Yard, relayée par la Sûreté.

À dire vrai, plusieurs personnes du Comité dont la présidente, les Malden, Morosini lui-même et Gilles Vauxbrun, étaient opposées à cet étalage, arguant que la sordide affaire qui avait éclaboussé le trône et surtout Marie-Antoinette ne pouvait guère participer à la « Magie » de la Reine mais lord Crawford sétait lancé dans un plaidoyer vibrant et passionné : toute magie possède ses ombres qui en intensifient les lumières. La Reine innocente et outragée sortait grandie de cette histoire quil était

dailleurs impossible de contourner parce quelle était dans toutes les mémoires. LÉcossais avait su convaincre. Il lavait emporté eu égard à sa propre participation, qui était importante. Aldo sétait gardé dinsister mais limpression désagréable persistait. Même sil éprouvait du plaisir à admirer les parures anglaises chaque fois que son regard se posait sur lénorme collier, il en éprouvait une impression désagréable.

Jai beau savoir que cest une copie, confia-t-il à Vauxbrun, je ne peux mempêcher de penser que ce machin porte malheur !

Tu sais que tu deviens fatigant avec ta manie de voir des maléfices sur tous les joyaux un peu historiques ? Lady Craven et la duchesse qui arborent les vrais diamants du « monstre » car objectivement cela ressemble plus à un harnachement de cheval quà un honnête collier ne sen portent pas plus mal. Quant à Léonora, elle le trouve sublime et voudrait le même en « vrai » puisque la copie appartient à son époux !

Les femmes sont folles ! soupira Aldo avec un haussement dépaules. Outre quelle serait ridicule avec cette montagne de diamants sur les épaules, je ne suis pas certain que la fortune de Crawford pourrait assumer une telle dépense sans y laisser des plumes.

Une jolie femme a le droit de rêver limpossible, fit remarquer lantiquaire dun ton sucré qui lui allait aussi mal que possible. De belle taille, le cheveu en voie de disparition, le nez important et le port majestueux, Gilles Vauxbrun ressemblait suivant léclairage à Napoléon ou à Louis XI sils sétaient habillés à Londres. Cétait un homme dune extrême élégance à tous points de vue, un ami fidèle doué dun grand sens de lhumour sauf si lon faisait mine dégratigner si peu que ce soit la favorite du moment. Alors il devenait féroce.

Pour lheure présente il irradiait la joie de vivre quand il déboula dans le vestibule pour venir chercher Morosini :

Les officiels arrivent ! Tu dois remonter ! Et peut-être faudrait-il arrêter ce flot jusquà ce quils aient fait le tour des salons, ajouta-t-il en désignant la lente, linexorable procession des invités vrais ou faux qui sétirait depuis la cour dhonneur comme une théorie de fourmis.

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