Жульетта Бенцони - La Perle de l'Empereur стр 6.

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Je ne les ai pas bien distingués. Seulement par le trou de la serrure et aussi de ma fenêtre. Il y en avait un très grand et un assez petit. Plutôt frêle. Ces deux-là portaient de longs manteaux et des chapeaux noirs enfoncés sur les yeux. Les deux autres avaient des casquettes et ressemblaient à des forts des Halles

Cest bien. Je vous remercie ! Rentrez chez vous ! dit Masha dont la voix devint soudain très douce. Et ne vous étonnez pas si vous me revoyez

Sans brutalité elle le poussa vers la porte quelle referma sur lui de son mieux.

Vous avez lintention de rester ici ? demanda Morosini.

Je veux voir quelque chose

Elle sapprocha de létroite cheminée où des braises séteignaient trop lentement à son gré car, ramassant une casserole par terre, elle alla la remplir au

robinet du palier puis revint y jeter leau. Elles sifflèrent en dégageant une épaisse fumée. Elle ouvrit la fenêtre en grand :

Espérons que personne naura lidée dappeler les pompiers, marmotta-t-elle.

On peut vous demander à quoi vous jouez ? fit Morosini qui la regardait faire.

Je veux vous montrer ce pour quoi je vous ai fait venir si ça y est encore évidemment !

Elle attendit quelques instants que tout soit suffisamment refroidi, puis semparant de la toile cirée qui couvrait la table, elle létendit sur les cendres afin de sagenouiller sans trop abîmer sa jupe de satin et se mit en devoir de fouiller le fond de la cheminée, suivie avec intérêt par lœil attentif de son compagnon. Au risque de se casser les ongles, elle réussit à extraire une brique, plongea la main dans louverture et ramena une boîte en fer de petites dimensions quelle posa à côté delle tandis quelle remettait la brique en place et arrangeait les cendres de façon à ôter toute trace de son intervention. Après quoi elle se releva, secoua la toile cirée quelle remit sur la table, puis tendit la boîte à Morosini :

Ouvrez ! intima-t-elle. Mes mains sont trop sales pour cette merveille !

Il obéit, souleva le couvercle, prit un objet enveloppé de plusieurs couches de coton hydrophile quil ôta et eut une sourde exclamation en amenant à la lumière jaune de la lampe à pétrole un extraordinaire joyau composé dune énorme perle, la plus grosse quil eût jamais vue, montée en pendentif au moyen dun culot de diamants qui, pour être petits, nen étaient pas moins dune excellente qualité. Son orient dun blanc pur était admirable et il la fit jouer un instant entre ses doigts pour le voluptueux plaisir de la caresser. En même temps sa prodigieuse mémoire des joyaux célèbres une perle de cette grosseur ne pouvait quen faire partie ! se mit à fonctionner sans dailleurs lui fournir le renseignement demandé. Que pouvait-elle bien être ? Il connaissait les plus imposantes de ses sœurs, comme la légendaire « Pérégrine », et savait dans quelles collections elles reposaient. Mais celle-là ?

On dirait que ce bijou vous pose un problème ? remarqua Masha qui lobservait. Il paraîtrait quil aurait appartenu à Napoléon

Ce fut le déclic. Aldo revit soudain les planches publiées en 1887 par les journaux français au moment de la vente insensée des Joyaux de la Couronne de France ordonnée par un gouvernement républicain trop stupide pour comprendre que ce trésor appartenait au peuple français, souverain normal en démocratie, et que ses élus fugaces navaient pas le droit den disposer. Il revit surtout certain devant de corsage en diamant et perles qui avait orné les robes somptueuses de limpératrice Eugénie : un joyau imposant qui descendait en pointe sur la poitrine et que terminait prodigieux point dorgue ! une énorme perle coiffée de diamants

La « Régente » ! exhala-t-il enfin. On disait que lacheteur était un grand-duc ou un prince russe mais je nai jamais su vraiment ce quelle était devenue

Piotr le sait et cest lui qui me la raconté quand nous lavons retrouvé, il y a un mois, à demi mort de misère sur le bord de la Seine à Boulogne-Billancourt.

Pourquoi Boulogne-Billancourt ?

Parce que beaucoup de Russes émigrés sy sont installés. À lusine Renault il y a de grands seigneurs qui travaillent les mains dans le cambouis Il espérait y retrouver son ancien maître.

Elle avait craché le dernier mot comme sil lui empoisonnait la bouche. Les tziganes, cest bien connu, ne se reconnaissent dautre maître que Dieu. Comme toute société normalement constituée ils ont des chefs, un roi qui est lun des leurs et dont le rôle est plus consultatif quautoritaire. Mais rien qui évoque un servage quelconque.

Et qui était cet employeur ? fit Morosini, diplomate.

Le prince Félix Youssoupoff, le neveu du tsar par mariage Celui qui a tué Raspoutine !

Oh, je vois ! Et que faisait-il chez lui ?

Cétait son valet !

Et cette fois Masha cracha pour de bon avant dajouter :

Cest pourquoi nous lavions rejeté de la tribu. Un vrai tzigane ne saurait être le valet de qui que ce soit ! Mais le prince Félix était extrêmement beau. Il était fabuleusement riche et très séduisant parce que cétait un artiste. À Saint-Pétersbourg il venait souvent chez nous. Il jouait de la guitare, il chantait, il dansait avec nous. Je reconnais bien volontiers quil dégageait une sorte de charme étrangement attirant. Pour les hommes aussi bien que pour les femmes dailleurs. Piotr a été envoûté par lui et la suivi dans son palais de la Moïka

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