Жульетта Бенцони - La Perle de l'Empereur стр 10.

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Je vais y aller bien sûr Vous ne pourriez pas me rapprocher un peu ?

Par-dessus ses lunettes, le colonel-chauffeur lui jeta un coup dœil goguenard :

Jai déjà porté, moi aussi, des souliers vernis pour le soir et je sais que ce nest pas lidéal pour la marche, mais vous avez peut-être remarqué que mon moteur est un rien trop bruyant ? Alors il faut vous résigner et, par saint Wladimir, vous devriez survivre ! Pendant ce temps je pousserai mon taxi pour diminuer la distance en cas de retour brusqué. Ça descend un peu et je devrais y arriver, ajouta-t-il en extirpant de son siège une carcasse qui, dépliée, savéra imposante.

Daccord ! fit Aldo qui descendit en vérifiant le revolver de Masha pour être certain quil pourrait lui demander son aide à tout instant.

Ne vous en faites pas, je ne serai plus bien loin quand vous en sortirez ! assura Karloff en se mettant en devoir de pousser son taxi comme il lavait annoncé.

Oh ! Je ne men fais pas

Un jour grincheux et enchifrené se levait, découpant les contours dune banlieue jadis aimable que lindustrialisation était en train de défigurer. Le joli château, si amoureusement construit et décoré par Louis XVIII pour sa favorite la dernière de sa corporation, du moins en France ! la belle Zoé du Cayla, voyait son parc sévèrement amputé par la Société Thomson-Houston qui se consacrait depuis la guerre à la fabrication de transformateurs et dappareils à haute tension. Quant au château, transformé en hôpital, toujours pendant la guerre, cétait à présent un centre dapprentissage pour garçons. Triste décor en vérité mais auquel Morosini ne jeta quun coup dœil destiné à évaluer le danger qui pouvait venir de cet enchevêtrement de bâtisses et dateliers.

Larme au poing et avec les précautions dusage, il pénétra dans une cour encombrée de débris puis dans un vaste atelier délabré dont les vitres, si elles nétaient pas cassées, étaient noires de poussière. Et là il ne vit rien sinon, dans un coin obscur, bien protégé de murs épais, un assemblage sinistre composé dun brasero aux braises encore rouges sur lequel étaient appuyées une paire de tenailles et de longues tiges de fer. Il y avait aussi des traces de sang. Une plongée brutale dans le pire Moyen Âge sous une affichette-réclame à demi déchirée vantant les vertus du Viandox ! Mais de la victime pas trace. Tout semblait sêtre volatilisé comme par enchantement.

Durant de longues minutes, Aldo examina les lieux, la cour surtout où des marques de pneus apparaissaient pour seffacer presque aussitôt, faisant place à des empreintes de chaussures variées. Il y avait aussi les fins talons dun soulier de femme. Cétait comme si ces gens avaient uni leurs forces pour soulever la voiture et lemporter vers une cachette sûre. Ce qui relevait de la pure aberration

Au fond de la cour, tout de même, Morosini trouva un rideau de fer passablement rouillé en surface mais dont les œuvres vives étaient bien graissées. Mais dabord il était fermé et ensuite beaucoup trop lourd pour un homme seul. Le prince-antiquaire pensa alors à demander laide du colonel Karloff. Celui-là était taillé comme

un ours et son passager le voyait très bien suivre les traces du maréchal de Saxe en tordant un fer à cheval entre ses mains.

Il se mit donc à sa recherche mais nalla pas loin : le taxi était arrêté presque devant la vieille usine. Quant à son conducteur, il le vit assis un peu plus loin près de la Seine, un petit garçon installé à ses côtés. Tous deux regardaient le fleuve couler à leurs pieds. Morosini sapprocha et, lentendant venir, lenfant leva sur lui des yeux bleus désolés et des joues rondes où glissaient encore de grosses larmes. Cétait un petit garçon dune dizaine dannées avec des taches de rousseur et des cheveux blonds en désordre bâchés sous une casquette, ressemblant à lun de ces gamins de Montmartre que dessinait alors Poulbot avec sa longue culotte, ses brodequins et le cache-nez tricoté enroulé autour de son cou ; mais ses vêtements fatigués semblaient de bonne qualité et donnaient une impression de propreté. Il sadressa au nouveau venu comme sil le connaissait et trouvait sa présence toute naturelle :

Ils lont jeté à leau ici avec une grosse pierre aux pattes ! La coulé tout droit

Et ses larmes recommencèrent à couler tandis que Karloff grognait :

Ce nest même plus la peine de chercher votre bonhomme, monsieur. Le petit était là. Il a tout vu

Cest justement ce que je voudrais savoir : que faisait-il à cet endroit à une heure pareille ? Dis-moi, ajouta-t-il en pliant les genoux pour être à la hauteur de lenfant, tu ne tappellerais pas par hasard Jeannot Le Bret ?

Si. Qui vous la dit ?

Mon petit doigt. Reste à savoir comment tu es arrivé jusquici ?

Derrière leur bagnole ! Jles ai entendus monter chez Piotr quand y sont arrivés. Alors je msuis habillé vite et jallais monter voir quand jles ai entendus descendre. Puis jles ai vus sortir en traînant Piotr après eux. Alors jai voulu les suivre et savoir où ils lemmenaient.

Ça na pas dû être facile ?

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