Оноре де Бальзак - Отец Горио. Книга для чиения на французском языке стр 22.

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Je le sais bien, répondit Eugène dun air sec. Tout le monde aujourdhui se moque donc de moi! dit-il en jetant son chapeau sur les coussins de devant. Voilà une escapade qui va me coûter la rançon dun roi. Mais au moins je vais faire ma visite à ma soi-disant cousine dune manière solidement aristocratique. Le père Goriot me coûte déjà au moins dix francs, le vieux scélérat! Ma foi, je vais raconter mon aventure à madame de Beauséant, peut-être la ferais-je rire. Elle saura sans doute le mystère des liaisons criminelles de ce vieux rat sans queue et de cette belle femme. Il vaut mieux plaire à ma cousine que de me cogner contre cette femme immorale, qui me fait leffet dêtre bien coûteuse. Si le nom de la belle vicomtesse est si puissant, de quel poids doit donc être sa personne? Adressons-nous en haut. Quand on sattaque à quelque chose dans le ciel, il faut viser Dieu!

Ces paroles sont la formule brève des mille et une pensées entre lesquelles il flottait. Il reprit un peu de calme et dassurance

en voyant tomber la pluie. Il se dit que sil allait dissiper deux des précieuses pièces de cent sous qui lui restaient, elles seraient heureusement employées à la conservation de son habit, de ses bottes et de son chapeau. Il nentendit pas sans un mouvement dhilarité son cocher criant: «La porte, sil vous plaît?» Un suisse rouge et doré fit grogner sur ses gonds la porte de lhôtel, et Rastignac vit avec une douce satisfaction sa voiture passant sous le porche, tournant dans la cour, et sarrêtant sous la marquise du perron. Le cocher à grosse houppelande bleue bordée de rouge vint déplier le marchepied. En descendant de sa voiture, Eugène entendit des rires étouffés qui partaient sous le péristyle. Trois ou quatre valets avaient déjà plaisanté sur cet équipage de mariée vulgaire. Leur rire éclaira létudiant au moment où il compara cette voiture à lun des plus élégants coupés de Paris, attelé de deux cheveux fringants qui avaient des roses à loreille, qui mordaient leur frein, et quun cocher poudré, bien cravaté, tenait en bride comme sils eussent voulu séchapper. A la Chaussée-dAntin, madame de Restaud avait dans sa cour le fin cabriolet de lhomme de vingt-six ans. Au faubourg Saint-Germain, attendait le luxe dun grand seigneur, un équipage que trente mille francs nauraient pas payé.

Qui donc est là? se dit Eugène en comprenant un peu tardivement quil devait se rencontrer à Paris bien peu de femmes qui ne fussent occupées, et que la conquête dune de ces reines coûtait plus que du sang. Diantre! ma cousine aura sans doute aussi son Maxime.

Il monta le perron la mort dans lâme. A son aspect la porte vitrée souvrit; il trouva les valets sérieux comme des ânes quon étrille. La fête à laquelle il avait assisté sétait donnée dans les grands appartements de réception, situés au rez-de-chaussée de lhôtel de Beauséant. Nayant pas eu le temps, entre linvitation et le bal, de faire une visite à sa cousine, il navait donc pas encore pénétré dans les appartements de madame de Beauséant; il allait donc voir pour la première fois les merveilles de cette élégance personnelle qui trahit lâme et les mœurs dune femme de distinction. Étude dautant plus curieuse que le salon de madame de Restaud lui fournissait un terme de comparaison. A quatre heures et demie la vicomtesse était visible. Cinq minutes plus tôt, elle neût pas reçu son cousin. Eugène, qui ne savait rien des diverses étiquettes parisiennes, fut conduit par un grand escalier plein de fleurs, blanc de ton, à rampe dorée, à tapis rouge, chez madame de Beauséant, dont il ignorait la biographie verbale, une de ces changeantes histoires qui se content tous les soirs doreille à oreille dans les salons de Paris.

La vicomtesse était liée depuis trois ans avec un des plus célèbres et des plus riches seigneurs portugais, le marquis dAjuda-Pinto. Cétait une de ces liaisons innocentes qui ont tant dattraits pour les personnes ainsi liées, quelles ne peuvent supporter personne en tiers. Aussi le vicomte de Beauséant avait-il donné lui-même lexemple au public en respectant, bon gré, mal gré, cette union morganatique. Les personnes qui, dans les premiers jours de cette amitié, vinrent voir la vicomtesse à deux heures, y trouvaient le marquis dAjuda-Pinto. Madame de Beauséant, incapable de fermer sa porte, ce qui eût été fort inconvenant, recevait si froidement les gens et contemplait si studieusement sa corniche, que chacun comprenait combien il la gênait. Quand on sut dans Paris quon gênait madame de Beauséant en venant la voir entre deux et quatre heures, elle se trouva dans la solitude la plus complète. Elle allait aux Bouffons ou à lOpéra en compagnie de monsieur de Beauséant et de monsieur dAjuda-Pinto; mais en homme qui sait vivre, monsieur de Beauséant quittait toujours sa femme et le Portugais après les y avoir installés. Monsieur dAjuda devait se marier. Il épousait une demoiselle de Rochefide. Dans toute la haute société une seule personne ignorait encore ce mariage, cette personne était madame de Beauséant. Quelques-unes de ses amies lui en avaient bien parlé vaguement; elle en avait ri, croyant que ses amies voulaient troubler un bonheur jalousé. Cependant les bans allaient se publier. Quoiquil fût venu pour notifier ce mariage à la vicomtesse, le beau Portugais navait pas encore osé dire un traître mot. Pourquoi? Rien sans doute nest plus difficile que de notifier à une femme un semblable ultimatum. Certains hommes se trouvent plus à laise sur le terrain, devant un homme qui leur menace le cœur avec une épée, que devant une femme qui, après avoir débité ses élégies pendant deux heures, fait la morte et demande des sels. En ce moment donc monsieur dAjuda-Pinto était sur les épines, et voulait sortir,

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