Оноре де Бальзак - Отец Горио. Книга для чиения на французском языке стр 20.

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Eugène prit un air agréable et dit: «Madame, javais hâte de vous voir pour»

Il sarrêta tout court. Une porte souvrit. Le monsieur qui conduisait le tilbury se montra soudain, sans chapeau, ne salua pas la comtesse, regarda soucieusement Eugène, et tendit la main à Maxime, en lui disant: «Bonjour» avec une expression fraternelle qui surprit singulièrement Eugène. Les jeunes gens de province ignorent combien est douce la vie à trois.

Monsieur de Restaud, dit la comtesse à létudiant en lui montrant son mari.

Eugène sinclina profondément.

Monsieur, dit-elle en continuant et en présentant Eugène au comte de Restaud, est monsieur de Rastignac, parent de madame la vicomtesse de Beauséant par les Marcillac, et que jai eu le plaisir de rencontrer à son dernier bal.

«Parent de madame la vicomtesse de Beauséant par les Marcillac!» ces mots, que la comtesse prononça presque emphatiquement, par suite de lespace dorgueil quéprouve une maîtresse de maison à prouver quelle na chez elle que des gens de distinction, furent dun effet magique, le comte quitta son air froidement cérémonieux et salua létudiant.

Enchanté, dit-il, monsieur, de pouvoir faire votre connaissance.

Le comte Maxime de Trailles lui-même jeta sur Eugène un regard inquiet et quitta tout à coup son air impertinent. Ce coup de baguette, dû à la puissante intervention dun nom, ouvrit trente cases dans le cerveau du Méridional, et lui rendit lesprit quil avait préparé. Une soudaine lumière lui fit voir clair dans latmosphère de la haute société parisienne, encore ténébreuse pour lui. La Maison-Vauquer, le père Goriot étaient alors bien loin de sa pensée.

Je croyais les Marcillac éteints? dit le comte de Restaud à Eugène.

Oui, monsieur, répondit-il. Mon grand-oncle, le chevalier de Rastignac, a épousé lhéritière de la famille de Marcillac. Il na eu quune fille, qui a épousé le maréchal de Clarimbault, aïeul maternel de madame de Beauséant. Nous sommes la branche cadette, branche dautant plus pauvre que mon grand-oncle, vice-amiral, a tout perdu au service du Roi.

Le gouvernement révolutionnaire na pas voulu admettre nos créances dans la liquidation quil a faite de la Compagnie des Indes.

Monsieur, votre grand-oncle ne commandait-il pas le Vengeur avant 1789?

Précisément.

Alors, il a connu mon grand-père, qui commandait le Warwick.

Maxime haussa légèrement les épaules en regardant madame de Restaud, et eut lair de lui dire: «Sil se met à causer marine avec celui-là nous sommes perdus.» Anastasie comprit le regard de monsieur de Trailles. Avec cette admirable puissance que possèdent les femmes, elle se mit à sourire en disant: «Venez, Maxime; jai quelque chose à vous demander. Messieurs, nous vous laisserons naviguer de conserve sur le Warwick et sur le Vengeur.» Elle se leva et fit un signe plein de traîtrise railleuse à Maxime, qui prit avec elle la route du boudoir. A peine ce couple morganatique, jolie expression allemande qui na pas son équivalent en français, avait-il atteint la porte que le comte interrompit sa conversation avec Eugène.

Anastasie! restez donc, ma chère, sécria-t-il avec humeur, vous savez bien que

Je reviens, je reviens, dit-elle en linterrompant, il ne me faut quun moment pour dire à Maxime ce dont je veux le charger.

Elle revint promptement. Comme toutes les femmes qui, forcées dobserver le caractère de leurs maris pour pouvoir se conduire à leur fantaisie, savent reconnaître jusquoù elles peuvent aller afin de ne pas perdre une confiance précieuse, et qui alors ne les choquent jamais dans les petites choses de la vie, la comtesse avait vu daprès les inflexions de la voix du comte quil ny aurait aucune sécurité à rester dans le boudoir. Ces contretemps étaient dus à Eugène. Aussi la comtesse montra-t-elle létudiant dun air et par un geste pleins de dépit à Maxime, qui dit fort épigrammatiquement au comte, à sa femme et à Eugène:

Écoutez, vous êtes en affaires, je ne veux pas vous gêner; adieu. Il se sauva.

Restez donc, Maxime! cria le comte.

Venez dîner, dit la comtesse qui, laissant encore une fois Eugène et le comte, suivit Maxime dans le premier salon où ils restèrent assez de temps ensemble pour croire que monsieur de Restaud congédierait Eugène.

Rastignac les entendait tour à tour éclatant de rire, causant, se taisant; mais le malicieux étudiant faisait de lesprit avec monsieur de Restaud, le flattait ou lembarquait dans des discussions, afin de revoir la comtesse et de savoir quelles étaient ses relations avec le père Goriot. Cette femme, évidemment amoureuse de Maxime; cette femme, maîtresse de son mari, liée secrètement au vieux vermicellier, lui semblait tout un mystère. Il voulait pénétrer ce mystère, espérant ainsi pouvoir régner en souverain sur cette femme si éminemment Parisienne.

Anastasie, dit le comte appelant de nouveau sa femme.

Allons, mon pauvre Maxime, dit-elle au jeune homme, il faut se résigner. A ce soir

Jespère, Nasie, lui dit-il à loreille, que vous consignerez ce petit homme dont les yeux sallumaient comme des charbons quand votre peignoir sentrouvrait. Il vous ferait des déclarations, vous compromettrait, et vous me forceriez à le tuer.

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