Оноре де Бальзак - Отец Горио. Книга для чиения на французском языке стр 19.

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Mais monsieur le comte ferait mieux dattendre encore un instant Madame a fini, dit Maurice en retournant à lantichambre.

En ce moment, le père Goriot débouchait près de la porte cochère par la sortie du petit escalier. Le bonhomme tirait son parapluie et se disposait à le déployer, sans faire attention que la grande porte était ouverte pour donner passage à un jeune homme décoré qui conduisait un tilbury. Le père Goriot neut que le temps de se jeter en arrière pour nêtre pas écrasé. Le taffetas du parapluie avait effrayé le cheval, qui fit un léger écart en se précipitant vers le perron. Ce jeune homme détourna la tête dun air de colère, regarda le père Goriot, et lui fit, avant quil ne sortit, un salut qui peignait la considération forcée que lon accorde aux usuriers dont on a besoin, ou ce respect nécessaire exigé par un homme taré, mais dont on rougit plus tard. Le père Goriot répondit par un petit salut amical, plein de bonhomie. Ces événements se passèrent avec la rapidité de léclair. Trop attentif pour sapercevoir quil nétait pas seul, Eugène entendit tout à coup la voix de la comtesse.

Ah! Maxime, vous vous en alliez, dit-elle avec un ton de reproche où se mêlait un peu de dépit.

La comtesse navait pas fait attention à lentrée du tilbury. Rastignac se retourna brusquement et vit la comtesse coquettement vêtue dun peignoir en cachemire blanc, à nœuds roses, coiffée négligemment, comme le sont les femmes de Paris au matin; elle embaumait, elle avait sans doute pris un bain, et sa beauté, pour ainsi dire assouplie, semblait plus voluptueuse; ses yeux étaient humides. Lœil des jeunes gens sait tout voir: leurs esprits sunissent aux rayonnements de la femme comme une plante aspire dans lair des substances qui lui sont propres. Eugène sentit donc la fraîcheur épanouie des mains de cette femme sans avoir besoin dy toucher. Il voyait, à travers le cachemire, les teintes rosées du corsage que le peignoir, légèrement entrouvert, laissait parfois à nu, et sur lequel son regard sétalait. Les ressources du busc étaient inutiles à la comtesse, la ceinture marquait seule sa taille flexible, son cou invitait à lamour, ses pieds étaient jolis dans les pantoufles. Quand Maxime prit cette main pour la baiser, Eugène aperçut alors Maxime, et la comtesse aperçut Eugène.

Ah! cest vous, monsieur de Rastignac, je suis bien aise de vous voir, dit-elle dun air auquel savent obéir les gens desprit.

Maxime regardait alternativement Eugène et la

comtesse dune manière assez significative pour faire décamper lintrus.

Ah çà, ma chère, jespère que tu vas me mettre ce petit drôle à la porte!

Cette phrase était une traduction claire et intelligible des regards du jeune homme impertinemment fier que la comtesse Anastasie avait nommé Maxime, et dont elle consultait le visage de cette intention soumise qui dit tous les secrets dune femme sans quelle sen doute. Rastignac se sentit une haine violente pour ce jeune homme. Dabord les beaux cheveux blonds et bien frisés de Maxime lui apprirent combien les siens étaient horribles. Puis Maxime avait des bottes fines et propres, tandis que les siennes, malgré le soin quil avait pris en marchant, sétaient empreintes dune légère teinte de boue. Enfin Maxime portait une redingote qui lui serait élégamment la taille et le faisait ressembler à une jolie femme, tandis quEugène avait à deux heures et demie un habit noir. Le spirituel enfant de la Charente sentit la supériorité que la mise donnait à ce dandy, mince et grand, à lœil clair, au teint pâle, un de ces hommes capables de ruiner des orphelins. Sans attendre la réponse dEugène, madame de Restaud se sauva comme à tire-daile dans lautre salon, en laissant flotter les pans de son peignoir qui se roulaient et se déroulaient de manière à lui donner lapparence dun papillon; et Maxime la suivit. Eugène furieux suivit Maxime et la comtesse. Ces trois personnages se trouvèrent donc en présence, à la hauteur de la cheminée, au milieu du grand salon. Létudiant savait bien quil allait gêner cet odieux Maxime; mais, au risque de déplaire à madame de Restaud, il voulut gêner le dandy. Tout à coup, en se souvenant davoir vu ce jeune homme au bal de madame de Beauséant, il devina ce quétait Maxime pour madame de Restaud, et avec cette audace juvénile qui fait commettre de grandes sottises ou obtenir de grand succès, il se dit: «Voilà mon rival, je veux triompher de lui.» Limprudent! il ignorait que le comte Maxime de Trailles se laissait insulter, tirait le premier et tuait son homme. Eugène était un adroit chasseur, mais il navait pas encore abattu vingt poupées sur vingt-deux dans un tir. Le jeune comte se jeta dans une bergère au coin du feu, prit les pincettes et fouilla le foyer par un mouvement si violent, si grimaud, que le beau visage dAnastasie se chagrina soudain. La jeune femme se tourna vers Eugène, et lui lança un de ces regards froidement interrogatifs qui disent si bien: «Pourquoi ne vous en allez-vous pas?» que les gens bien élevés savent aussitôt faire de ces phrases quil faudrait appeler des phrases de sortie.

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