Шодерло де Лакло Пьер - Опасные связи / Les liaisons dangereuses. Книга для чтения на французском языке стр 15.

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Cest pourtant bien extraordinaire quune femme qui ne mest presque pas parente, prenne plus de soin de moi que ma mère ! cest bien heureux pour moi de lavoir connue !

Elle a demandé aussi à Maman de me mener après-demain à lOpéra, dans sa loge ; elle ma dit que nous y serions toutes seules, et nous causerons tout le temps, sans craindre quon nous entende ; jaime bien mieux cela que lOpéra. Nous causerons aussi de mon mariage : car elle ma dit que cétait bien vrai que jallais me marier ; mais nous navons pas pu en dire davantage. Par exemple, nest-ce pas encore bien étonnant que Maman ne men dise rien du tout ?

Adieu, ma Sophie, je men vais écrire à M. le Chevalier Danceny. Oh ! je suis bien contente.

De , ce 24 août 17**.

Lettre XXX. Cécile Volanges au Chevalier Danceny

Enfin, Monsieur, je consens à vous écrire, à vous assurer de mon amitié, de mon amour, puisque, sans cela, vous seriez malheureux. Vous dites que je nai pas bon cœur ; je vous assure bien que vous vous trompez, et jespère quà présent vous nen doutez plus. Si vous avez eu du chagrin de ce que je ne vous écrivais pas, croyez-vous que ça ne me faisait pas de la peine aussi ? Mais cest que, pour toute chose au monde, je ne voudrais pas faire quelque chose qui fût mal ; et même je ne serais sûrement pas convenue de mon amour, si javais pu men empêcher : mais votre tristesse me faisait trop de peine. Jespère quà présent vous nen aurez plus, et que nous allons être bien heureux.

Je compte avoir le plaisir de vous voir ce soir, et que vous viendrez de bonne heure ; ce ne sera jamais aussi tôt que je le désire. Maman soupe chez elle, et je crois quelle vous proposera dy rester : jespère que vous ne serez pas engagé, comme avant-hier. Cétait donc bien agréable, le souper où vous alliez, car vous y avez été de bien bonne heure ? Mais enfin ne parlons pas de ça : à présent que vous savez que je vous aime, jespère que vous resterez avec moi le plus que vous pourrez ; car je ne suis contente que lorsque je suis avec vous, et je voudrais bien que vous fussiez tout de même.

Je suis bien fâchée que vous êtes encore triste à présent, mais ce nest pas ma faute. Je demanderai à jouer de la harpe aussitôt que vous serez arrivé, afin que vous ayez ma lettre tout de suite. Je ne peux pas mieux faire.

Adieu, Monsieur. Je vous aime bien, de tout mon cœur : plus je vous le dis, plus je suis contente ; jespère que vous le serez aussi.

De , ce 24 août 17**.

Lettre XXXI. Le Chevalier Danceny à Cécile Volanges

Oui, sans doute, nous serons heureux. Mon bonheur est bien sûr, puisque je suis aimé de vous ; le vôtre ne finira jamais, sil doit durer autant que lamour que vous mavez inspiré. Quoi ! vous maimez, vous ne craignez plus de massurer de votre amour ! Plus vous me le dites, et plus vous êtes contente ! Après avoir lu ce charmant je vous aime, écrit de votre main, jai entendu votre belle bouche men répéter laveu. Jai vu se fixer sur moi ces yeux charmants, quembellissait encore lexpression de la tendresse. Jai reçu vos serments de vivre toujours pour moi. Ah ! recevez le mien de consacrer ma vie entière à votre bonheur ; recevez-le, et soyez sûre que je ne le trahirai pas.

Quelle heureuse journée nous avons passée hier ! Ah ! pourquoi Mme de Merteuil na-t-elle pas tous les jours des secrets à dire à votre Maman ? pourquoi faut-il que lidée de la contrainte qui nous attend vienne se mêler au souvenir délicieux qui moccupe ? pourquoi ne puis-je sans cesse tenir cette jolie main qui ma écrit je vous aime ! la couvrir de baisers, et me venger ainsi du refus que vous mavez fait dune faveur plus grande ?

Dites-moi, ma Cécile, quand votre Maman a été rentrée ; quand nous avons été forcés, par sa présence, de navoir plus lun pour lautre que des regards indifférents ; quand vous ne pouviez plus me consoler par lassurance de votre amour, du refus que vous faisiez de men donner des preuves, navez-vous donc senti aucun regret ? ne vous êtes-vous pas dit : Un baiser leût rendu plus heureux, et cest moi qui lui ai ravi ce bonheur ? Promettez-moi, mon aimable amie, quà la première occasion vous serez moins sévère. A laide de cette promesse, je trouverai du courage pour supporter les contrariétés que les circonstances nous préparent ; et les privations cruelles seront au moins adoucies, par la certitude que vous en partagez le regret.

Adieu, ma charmante Cécile : voici lheure où je dois me rendre chez vous. Il me serait impossible de vous quitter, si ce nétait pour aller vous revoir. Adieu, vous que jaime tant ! vous, que jaimerai toujours davantage !

De , ce 25 août 17**.

Lettre XXXII. Madame de Volanges à la Présidente de Tourvel

Vous voulez donc, Madame, que je croie à la vertu de M. de Valmont ? Javoue que je ne puis my résoudre, et que jaurais autant de peine à le juger honnête, daprès le fait isolé que vous me racontez, quà croire vicieux un homme de bien reconnu, dont japprendrais une faute. Lhumanité nest parfaite dans aucun genre, pas plus dans le mal que dans le bien. Le scélérat a ses vertus, comme lhonnête homme a ses faiblesses. Cette vérité me paraît dautant plus nécessaire à croire, que cest delle que dérive la nécessité de lindulgence pour les méchants comme pour les bons, et quelle préserve ceux-ci de lorgueil, et sauve les autres du découragement. Vous trouverez sans doute que je pratique bien mal, dans ce moment, cette indulgence que je prêche ; mais je ne vois plus en elle quune faiblesse dangereuse, quand elle nous mène à traiter de même le vicieux et lhomme de bien.

Je ne me permettrai point de scruter les motifs de laction de M. de Valmont ; je veux les croire louables comme elle : mais en a-t-il moins passé sa vie à porter dans les familles le trouble, le déshonneur et le scandale ? Ecoutez, si vous voulez, la voix du malheureux quil a secouru, mais quelle ne vous empêche pas dentendre les cris de cent victimes quil a immolées. Quand il ne serait, comme vous le dites, quun exemple du danger des liaisons, en serait-il moins lui-même une liaison dangereuse ? Vous le supposez susceptible dun retour heureux ? Allons plus loin ; supposons ce miracle arrivé : ne resterait-il pas contre lui lopinion publique, et ne suffit-elle pas pour régler votre conduite ? Dieu seul peut absoudre au moment du repentir ; il lit dans les cœurs ; mais les hommes ne peuvent juger les pensées que par les actions ; et nul dentre eux, après avoir perdu lestime des autres, na droit de se plaindre de la méfiance nécessaire, qui la lui rend si difficile à recouvrer. Songez surtout, ma jeune amie, que quelquefois il suffit, pour la perdre, davoir lair dy attacher trop peu de prix ; et ne taxez pas cette sévérité dinjustice ; car, outre quon est fondé à croire quon ne renonce pas à ce bien précieux quand on a droit dy prétendre, celui-là est en effet plus près de mal faire, qui nest plus contenu par ce frein puissant. Tel serait cependant laspect sous lequel vous montrerait une liaison intime avec M. de Valmont, quelque innocente quelle pût être.

Effrayée de la chaleur avec laquelle vous le défendez, je me hâte de prévenir les objections que je prévois. Vous me citerez Madame de Merteuil ; à qui on a pardonné cette liaison ; vous me demanderez pourquoi je le reçois chez moi : vous me direz que, loin dêtre rejeté par les gens honnêtes, il est admis, recherché même dans ce quon appelle la bonne compagnie. Je peux, je crois, répondre à tout.

Dabord Mme de Merteuil, en effet très estimable, na peut-être dautre défaut que trop de confiance en ses forces ; cest un guide adroit qui se plaît à conduire un char entre les rochers et les précipices, et que le succès seul justifie : il est juste de la louer, il serait imprudent de la suivre ; elle-même en convient et sen accuse. A mesure quelle a vu davantage, ses principes sont devenus plus sévères ; et je ne crains pas de vous assurer quelle-même penserait comme moi.

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