Блейк Пирс - La Traque стр 8.

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Il se demanda s’il n’était pas accro au travail sur le terrain, à l’action et au danger qu’implique ce genre de travail.

Ou peut-être était-ce autre chose.

Ces derniers temps, il avait senti sa confiance en ses propres capacités sur le terrain s’éroder. Son incertitude sur l’affaire Mullins lui avait fait ressentir ces doutes avec plus d’acuité. Peut-être avait-il accepté cette affaire par souci de prouver qu’il pouvait encore faire son travail ; non seulement bien, mais mieux que quiconque au sein de l’UAC.

Mais que se passera-t-il si cette époque est révolue ? s’interrogea-t-il.

Il repensa à quelque chose que l’agent Lehl venait de dire.

« Envisagez juste de prendre un partenaire. »

Jake savait que c’était un bon conseil. Essayer d’y aller seul tout en ayant des problèmes de confiance en soi n’était peut-être pas une bonne idée. Mais Lehl venait de lui dire qu’il n’avait pas d’agents expérimentés disponibles. Jake n’avait pas envie de s’occuper de la formation sur le tas d’une recrue encore gauche et stupide ; pas quand un tueur en série était probablement en liberté et se préparait à frapper à nouveau.

Bien sûr, il y avait un nouvel agent pour lequel Jake n’avait pas ce genre d’appréhension…

Riley Sweeney.

Sa jeune protégée était plus que prometteuse. Elle avait déjà de meilleures compétences que beaucoup d’agents plus expérimentés, même si son jugement était parfois encore erratique et qu’elle avait du mal à suivre les ordres. Un jour, il savait qu’elle serait aussi bonne, sinon meilleure, que lui. Il aimait l’idée qu’elle pourrait continuer son travail après son départ. Et il aimait travailler avec elle.

Mais plus que cela, il avait l’impression de commencer à dépendre d’elle. S’il était vrai que ses propres capacités déclinaient, le fait d’avoir Riley à ses côtés lui donnait un sentiment de sécurité dans son travail.

Mais alors que Jake réfléchissait à la question, il soupira bruyamment.

Je ne peux pas décemment lui demander de travailler sur cette affaire, pensa-t-il.

C’était bien trop tôt. La pauvre enfant était beaucoup trop traumatisée après ce qui s’était passé. Depuis la fusillade dans ce parking enneigé, Jake était hanté par l’expression du visage de Riley lorsqu’elle fixait le corps sans vie d’Heidi Wright.

La jeune morte semblait encore plus jeune que ses quinze ans, comme une triste petite poupée cassée. Bien que Riley ne l’ait pas dit, Jake savait qu’elle ne pouvait pas s’empêcher de se considérer comme une sorte de meurtrière. La pauvre enfant était encore sous le choc la dernière fois qu’il l’avait vue la veille encore.

Bien sûr, Jake et Riley savaient tous deux qu’elle aurait certainement à devoir tuer quelqu’un tôt ou tard. Mais Jake n’avait jamais imaginé que cela se produirait dans des circonstances aussi horribles ; et bien sûr, Riley non plus.

Elle a besoin de souffler un peu, se dit Jake.

Elle avait aussi besoin du genre de conseils et de soutient que Jake n’était pas du tout prêt à lui donner.

Et pourtant, Jake se demandait s’il avait vraiment le droit de prendre une telle décision en son nom. Ne devrait-elle pas être autorisée à décider elle-même si elle se sentait prête à reprendre le travail ?

Une autre question le préoccupait profondément.

Puis-je vraiment faire ce travail sans elle ?

Jake prit son téléphone de bureau et composa son numéro.

*

Riley entrait dans son appartement quand son téléphone portable se mit à sonner. Frankie venait de la déposée chez elle depuis le Tiffin’s Grub & Pub, où les deux amies avaient profité d’un excellent déjeuner et eu une conversation réconfortante. Riley espérait que l’appel n’allait pas aigrir son humeur.

Alors que Riley fermait la porte derrière elle, elle regarda le téléphone. L’appel provenait de Jake Crivaro. Elle y répondit sans plus attendre.

Elle entendit la voix rauque de son mentor.

— Riley… Crivaro à l’appareil.

Riley sourit à sa manière bien à lui et devenue si familière de s’annoncer.

« Je sais. » faillit-elle lui répondre.

— Qu’est-ce qui se passe ? demanda-t-elle plutôt.

Elle entendit Crivaro grogner de façon indécise.

— Euh, je voulais juste savoir… la dernière fois que je t’ai vue hier, tu ne te sentais pas bien. Tu vas mieux ?

Riley fut instantanément piquée de curiosité. Elle était sûre que Crivaro appelait pour une autre raison que simplement prendre des nouvelles.

— Oui, je me sens mieux, répondit-elle. Je suppose que j’ai encore un long chemin à parcourir, cependant. Hier, c’était… un peu dur, vous savez ?

— Je sais, dit Crivaro. Je suis désolé que les choses se soient déroulées ainsi. Tu as déjà pris rendez-vous avec le psy ?

— Pas encore, avoua Riley.

— Ne tarde pas trop.

— Je le ferai au plus vite, assura Riley, pas du tout sûre de le penser réellement.

Une pause gênante s’ensuivit, avant que Crivaro ne continue :

— Eh bien, je voulais simplement te prévenir que je m’envole pour le Tennessee dans un petit moment. Il y a eu plusieurs meurtres, un dans le Kentucky et un dans le Tennessee, et ils semblent être l’œuvre d’un tueur en série. Lehl m’a mis sur l’affaire.

La curiosité de Riley grandit. C’était étrange que Crivaro veuille partager cette information avec elle en ce moment.

— J’espère que ça se passera bien, dit-elle.

— Ouais, eh bien…

Un silence encore plus long tomba, Crivaro le rompit une fois de plus.

— Lehl dit que je devrais travailler avec un partenaire sur cette affaire. Il n’a que des débutants disponibles, alors j’ai pensé appeler et demander… Non, c’est une mauvaise idée, oublie ce que j’ai dit.

Riley ressentit un picotement d’excitation.

— Vous voulez que je vienne avec vous ? demanda-t-elle.

— Non, je n’aurais pas dû appeler, je suis désolé. Je suis sûr que c’est la dernière chose que tu veuilles faire en ce moment. Tu as besoin de te reposer, de passer du temps avec ton fiancé, de remettre un peu d’ordre dans tes idées. Tu dois aussi voir un psy avant de reprendre le travail. Tu sais que tôt ou tard, Tu devras passer par cette évaluation psychologique.

Mais pas maintenant, pensa Riley. Pas si je suis déjà partie quelque part sur une autre affaire.

— Je vais le faire, dit-elle.

Elle entendit Crivaro soupirer.

— Riley, je ne suis vraiment pas sûr de ça.

— Eh bien moi, je suis sûre, rétorqua Riley. Avec qui d’autre pouvez-vous travailler ? Vous avez besoin de quelqu’un de solide, de quelqu’un qui vous connaisse. Vous ne feriez que traumatiser une pauvre recrue.

Crivaro rit nerveusement à l’autre bout de la ligne.

— Oui, c’est un peu ce que j’ai dit à Lehl. Quoi qu’il en soit, il prépare un avion pour le Tennessee. Tu veux que je vienne te chercher à Washington ?

— Non, vous n’avez pas besoin de faire ça, assura Riley. J’irai plus vite en train. Je connais l’horaire, et il y en a un que je peux prendre bientôt. Si vous venez me chercher à la gare de Quantico, on pourrait aller directement à la piste d’atterrissage.

Riley lui donna l’horaire d’arrivée et Crivaro répondit :

— D’accord, alors.

Après une hésitation, il bégaya :

— Et, euh…

Riley sentit qu’il avait du mal à trouver les mots justes pour ce qu’il voulait dire.

— Merci, dit-il enfin simplement.

Riley faillit rétorquer : « non, merci à vous », mais au lieu de cela elle répondit :

— Je serai bientôt là.

Elle raccrocha et s’installa dans son canapé, en fixant son téléphone portable. Elle se sentit effrayée par la décision qu’elle venait de prendre. Elle n’avait pas du tout réfléchi à la question.

Est-ce que je viens de faire une erreur ? se demanda-t-elle.

Elle n’en avait pas l’impression. En fait, elle se sentait profondément soulagée. Elle fut surprise par son propre empressement à se remettre au travail.

Mais ce qui surprit le plus Riley dans cet appel, c’était le ton de Crivaro, presque comme un écolier timide qui demandait un rendez-vous à une fille.

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