Морган Райс - Une Chanson pour des Orphelines стр 11.

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CHAPITRE SIX

“C'est une mise à l'épreuve”, se murmurait Kate à elle-même en traquant sa victime. “C'est une mise à l'épreuve.”

Elle se le répétait tout le temps, peut-être en espérant que la répétition en ferait une réalité, peut-être parce que c'était le seul moyen de continuer à surveiller Gertrude Illiard. Kate restait dans l'obscurité pendant que la jeune femme s'asseyait sur le balcon de sa maison pour y prendre son petit-déjeuner. Kate se glissait silencieusement dans la foule citadine pendant que la fille du marchand visitait les premiers marchés de la journée avec ses amies.

Pour protéger sa propriété et sa fille, Savis Illiard avait des chiens et des gardes mais les gardes étaient à leur poste depuis trop longtemps et se fiaient à leurs chiens, que Kate calmait facilement grâce à son pouvoir télépathique.

Kate regardait la femme qu'elle était censée tuer et, en vérité, elle aurait déjà pu le faire une dizaine de fois. Elle aurait pu courir dans la foule et lui glisser un couteau entre les côtes. Elle aurait pu tirer un carreau d'arbalète ou même jeter une pierre avec une force meurtrière. Elle aurait même pu profiter de l'environnement de la ville, faire peur à un cheval au mauvais moment ou couper la corde qui retenait un tonneau pendant que sa cible passait au-dessous.

Kate ne faisait aucune de ces choses. Elle se contentait de regarder Gertrude Illiard.

Cela aurait été plus facile si la fille du marchand avait été quelqu'un de visiblement maléfique. Si elle avait frappé les domestiques de son père par mauvaise humeur, ou si elle avait traité les gens de la ville comme des moins-que-rien, Kate aurait peut-être pu considérer qu'elle n'était pas si différente des bonnes sœurs qui l'avaient tourmentée ou des gens qui l'avaient regardée d'un air méprisant dans la rue. En fait, elle avait le type de gentillesse qu'ont les gens quand ils n'y pensent pas trop. Sur son passage, elle donna de l'argent à un garçon qui mendiait. Elle demanda à un commerçant qu'elle connaissait à peine des nouvelles de ses enfants.

Elle avait l'air d'être une personne douce et gentille et Kate ne pouvait croire que même quelqu'un comme Siobhan pouvait désirer la mort de ce type de personne.

“C'est une mise à l'épreuve”, se dit encore Kate. “C'est forcément comme ça.”

Elle essayait de se dire que la gentillesse devait être une façade qui masquait un côté plus profond et plus sombre. Peut-être cette jeune femme témoignait-elle de la gentillesse au monde pour cacher des meurtres ou du chantage, de la cruauté ou de la tromperie. Pourtant, quelqu'un d'autre que Kate aurait pu s'en convaincre mais Kate, elle, lisait dans les pensées de Gertrude Illiard et aucune d'elles ne signalait la présence d'une prédatrice qui rôdait sous la surface. Elle était une jeune femme tout à fait normale si l'on considérait la place qu'elle occupait dans le monde. La richesse de son père la rendait peut-être un peu trop insouciante mais elle était authentiquement innocente en ce qui concernait tous les aspects que Kate voyait.

Donc, Kate avait du mal à ne pas se sentir dégoûtée par ce que Siobhan lui avait ordonné de faire et par ce qu'elle était elle-même devenue sous sa tutelle. Comment Siobhan pouvait-elle désirer la mort de cette jeune femme ? Comment pouvait-elle exiger que Kate fasse une telle chose ? Ne le faisait-elle vraiment que pour voir si Kate était capable de tuer sur commande ? Kate détestait cette idée. Elle ne pouvait pas, elle refusait de faire une telle chose.

Mais elle n'avait pas le choix et elle détestait encore plus cette sensation d'impuissance.

Cela dit, il fallait qu'elle soit sûre de son fait. Donc, elle se glissa à nouveau dans la maison du marchand avant que sa proie n'y arrive, passa le mur en un moment quand elle sentit que les gardes ne regardaient pas et fonça se réfugier dans les ombres projetées par le mur. Elle attendit quelques battements de cœur de plus pour vérifier que tout était calme puis grimpa au balcon de la chambre de Gertrude Illiard. Il y avait un verrou au balcon mais, à l'aide d'un couteau à lame fine, il fut facile à ouvrir et Kate entra furtivement dans la chambre.

La pièce était vide et, comme Kate ne sentait aucune présence aux alentours, elle la fouilla rapidement. Elle ne savait pas ce qu'elle espérait trouver. Une fiole de poison qu'elle réservait à une rivale, peut-être ? Ou alors, un journal intime qui expliquait en détail toutes les tortures qu'elle comptait infliger à quelqu'un. Il y avait bien un journal intime mais il suffit à Kate d'y jeter un coup d’œil rapide pour constater qu'il ne décrivait que les rêves et les espoirs de la jeune femme pour l'avenir, ses rencontres avec ses amies, ce qu'elle avait ressenti pendant peu de temps pour un jeune musicien qu'elle avait rencontré au marché.

En vérité, Kate ne trouva pas une seule raison pour laquelle Gertrude Illiard mériterait de mourir et, bien qu'elle ait déjà tué, Kate trouvait répugnante l'idée d'assassiner quelqu'un sans raison. Rien qu'à penser qu'elle pourrait le faire, elle se sentait malade.

Elle sentit approcher quelqu'un et se cacha rapidement sous le lit en essayant de réfléchir et de décider ce qu'elle allait faire. Ce n'était pas que Kate ait l'impression de ressembler à cette jeune femme, car Kate ne pouvait pas imaginer que cette fille de marchand ait jamais connu la souffrance ou voulu se servir d'une épée. Elle n'était même pas comme Sophia, parce que la sœur de Kate savait tromper son monde quand elle en avait besoin et avait le genre de pragmatisme endurci que l'on acquérait quand on était obligé de vivre de presque rien. Cette fille-là n'avait jamais passé des semaines à faire semblant d'être une personne qu'elle n'était pas et n'aurait jamais séduit un prince.

Pendant qu'une domestique préparait la chambre et la nettoyait pour le retour de sa maîtresse, Kate mit la main au médaillon qu'elle avait au cou et pensa à la femme qui était dessinée à l'intérieur. Peut-être était-ce ça le problème. Peut-être Gertrude Illiard correspondait-elle à l'image d'innocence bien née que Kate avait de ses parents. Cependant, qu'est-ce que cela voulait dire ? Cela signifiait-il qu'elle ne pouvait pas la tuer ? Elle toucha l'anneau qui se trouvait à côté du médaillon et qui était destiné à Sophia. Elle savait ce que sa sœur dirait sur la question si elle le lui demandait. Cependant, jamais Sophia n'aurait à prendre une telle décision.

Alors, Gertrude entra dans la chambre et Kate comprit qu'elle allait devoir se décider bientôt. Siobhan attendait et Kate savait que la patience de son professeur avait ses limites.

“Merci, Milly”, dit Gertrude. “Est-ce que mon père est rentré ?”

“On ne l'attend pas avant deux ou trois heures, mademoiselle.”

“Dans ce cas, je pense que je vais faire une sieste. Je me suis réveillée trop tôt, aujourd'hui.”

“Bien sûr, mademoiselle. Je ferai en sorte que vous ne soyez pas dérangée.”

La domestique partit et referma la porte de la chambre derrière elle avec un clic. Kate vit Gertrude s'enlever ses bottes brodées et les poser à côté de sa cachette puis sentit bouger le lit au-dessus d'elle quand Gertrude Illiard s'assit dessus. Les boiseries craquèrent quand elle s'allongea et Kate attendit encore.

Il fallait qu'elle le fasse. Elle avait vu ce qui lui arriverait si elle ne le faisait pas. Siobhan avait été claire : maintenant, Kate était sous sa coupe et elle pouvait faire d'elle ce qu'elle désirait. Kate lui était liée aussi fermement qu'elle l'aurait été si sa dette avait été vendue à quelqu'un d'autre. Plus fermement, même, parce que, maintenant, ce n'était pas seulement la loi du pays qui donnait à Siobhan du pouvoir sur Kate mais la magie de sa fontaine.

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