L’ensemble du processus ne lui prit que cinq minutes. Il lui montra les notes et les modifications, ainsi que l’heure à laquelle il s’était connecté et déconnecté de l’appel.
« Je vous remercie pour votre aide, monsieur Huston, » dit-elle.
Il hocha la tête en la raccompagnant jusqu’à la porte. « Deux personnes aveugles… » dit-il, en essayant de comprendre. « Pourquoi quelqu’un ferait-il un truc comme ça ? »
« J’essaie moi-même de répondre à cette question, » dit-elle. « N’hésitez pas à m’appeler si vous vous rappelez de quoi que ce soit qui pourrait nous aider, » ajouta-t-elle, en lui tendant une de ses cartes de visite.
Il la prit, lui fit lentement un signe d’au revoir, puis referma la porte derrière elle. Mackenzie eut l’impression qu’elle venait d’annoncer la nouvelle des meurtres à des membres de la famille plutôt qu’à un jeune homme au grand cœur qui semblait avoir de l’affection pour les deux victimes.
Ça lui donnait presqu’envie… sentir de vrais regrets pour des étrangers. Dernièrement, elle avait considéré les morts comme rien de plus que des cadavres – des monticules anonymes, prêts à offrir des indices potentiels.
Ce n’était pas la meilleure manière de vivre une vie, elle le savait. Elle ne devait pas laisser son boulot effacer tout sentiment de compassion, ou d’humanité.
CHAPITRE SEPT
Mackenzie se gara devant la résidence Treston pour aveugles à onze heures quarante-six, plus tôt que son GPS ne le lui avait prédit. Cependant, quand Mackenzie se gara devant l’édifice, elle vérifia à nouveau l’adresse que Clarke lui avait donnée. La résidence avait l’air toute petite, pas plus grande qu’un magasin. Elle était située dans le quartier Ouest de la ville de Treston qui, bien qu’elle soit beaucoup plus grande que Stateton, n’était pas non plus énorme. Bien que la ville soit bien au-dessus du petit trou perdu de Stateton, elle n’avait que deux feux rouges. La seule chose qui la rendait un peu plus urbaine, c’était la présence d’un McDonald’s dans la rue principale.
Confiante d’avoir la bonne adresse – ce qui fut d’ailleurs confirmé par la pancarte qui pendait devant la propriété délabrée – Mackenzie sortit de voiture et s’avança sur le trottoir fissuré. La porte d’entrée était séparée du trottoir par trois marches en béton qui n’avaient probablement pas été nettoyées depuis des années.
Elle s’avança à l’intérieur et entra dans un espace qui faisait office de vestibule et de salle d’attente. Une femme était assise derrière un guichet et parlait au téléphone. Le mur derrière elle était peint dans une teinte vive de blanc. Un tableau effaçable sur sa gauche contenait un petit nombre de notes. Pour le reste, le mur était vide et sans ornements.
Mackenzie s’avança vers le guichet et y resta un instant, faisant de son mieux pour faire comprendre à la femme qu’elle avait besoin d’aide. La femme derrière le guichet en eut l’air terriblement ennuyée et finit par raccrocher à contrecœur. Elle leva les yeux vers Mackenzie et demanda : « Puis-je vous aider ? »
« Je voudrais parler avec le directeur de la résidence, » dit-elle.
« Et vous êtes ? »
« Agent Mackenzie White du FBI. »
Pendant un instant, la femme resta sans bouger, comme si elle ne croyait pas Mackenzie. Ce fut cette fois-ci le tour de Mackenzie de lui décocher un regard ennuyé. Elle sortit son badge et vit finalement la femme se mettre en action. Elle décrocha le téléphone, appuya sur une extension et parla brièvement avec quelqu’un. Elle évita tout contact visuel avec Mackenzie durant tout ce temps.
Quand la femme eut terminé, elle leva de nouveau les yeux vers Mackenzie. Elle était visiblement gênée mais Mackenzie fit de son mieux pour ne pas avoir l’air de s’en réjouir.
« Madame Talbot va vous recevoir tout de suite, » dit la femme. « Vous pouvez passer à l’arrière. Son bureau est le premier que vous rencontrerez. »