Shanae Johnson - La Main Sur Le Cœur стр 3.

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Éva ne savait pas exactement ce quelle voulait faire de ses études ; elle savait juste quelle voulait en faire. Elle adorait suivre des cours, assise derrière une table pendant quun professeur faisait des miracles au tableau.

Les trois années qui sétaient écoulées depuis sa sortie du lycée avaient été lugubres. Mais, bientôt, elle serait de retour dans une salle de classe, là où était sa place. À ce moment-là, tout deviendrait possible.

Éva grimpa dans un autobus et commença le long trajet qui la ramènerait chez elle. Chez elle, cétait plus loin que les quartiers sympas qui entouraient luniversité. Plus loin que les résidences chics du quartier des affaires. Chez elle, cétait une cité délabrée dans un quartier tout sauf chic dont les habitants gagnaient souvent moins par heure que le minimum légal.

Le bus nallait pas jusquà sa cité. Il déposa Éva devant léglise. Elle sy était rendue plusieurs fois ces derniers mois, depuis quelle avait emménagé ici. Quel que soit lendroit où elle vivait, Éva se débrouillait toujours pour trouver une église. Même si elle ne connaissait personne, elle se sentait toujours chez elle là-bas.

« Bonjour, mademoiselle Lopez. »

Éva se retourna en entendant la voix du vieil homme. Un sourire éclaira son visage.

« Bonjour, pasteur Patel. »

Éva sapprocha en tendant la main au pasteur, qui repoussa son geste pour la serrer dans ses bras. Éva accepta son étreinte avec gratitude. Les câlins du pasteur Patel lui rappelaient ceux de son père.

« Cela fait quelques semaines que je ne tavais pas vue, lui reprocha le pasteur.

Jai fait des heures supplémentaires pour mettre de largent de côté. Mais vous me verrez plus souvent maintenant. Jaurais plus de temps libre le week-end. Jai réussi. Je suis inscrite à luniversité.

Oh ! Cest une excellente nouvelle, mon enfant. »

Il lui frotta les épaules affectueusement, comme sa mère avait lhabitude de le faire.

« Jaurais tout de même préféré que tu acceptes la bourse de léglise. »

Éva secoua la tête. Outre la nécessité dune bonne éducation, le père dÉva lui avait également appris quils nacceptaient pas la charité. Tout ce quils obtenaient, cétait à la sueur de leur front. Ils faisaient des dons à lÉglise et aux moins fortunés. Pour le reste, il y avait la famille. Cétait comme ça que les Lopez fonctionnaient.

Éva secoua la tête. Outre la nécessité dune bonne éducation, le père dÉva lui avait également appris quils nacceptaient pas la charité. Tout ce quils obtenaient, cétait à la sueur de leur front. Ils faisaient des dons à lÉglise et aux moins fortunés. Pour le reste, il y avait la famille. Cétait comme ça que les Lopez fonctionnaient.

« Bien, maintenant que tu es étudiante à luniversité, dit le pasteur Patel, tu viendras bien témoigner auprès des autres jeunes demain ? »

Éva hésita. Elle nétait pas sûre davoir quoi que ce soit à enseigner à qui que ce soit pour linstant. Elle avait déjà du mal à convaincre son frère et sa sœur découter les conseils quelle avait à leur donner. Elle savait que le pasteur Patel ne la laisserait pas refuser. Alors elle accepta. Après une dernière étreinte, il la laissa repartir.

Éva descendit la rue à vive allure. Il était facile de deviner pourquoi le bus nallait pas jusquà son quartier. Le bitume était jonché de morceaux de verre. Une puanteur émanait de certaines allées. Des hommes traînaient au coin des rues laprès-midi, bien avant la fin de la journée de travail. Lun dentre eux était dailleurs un peu trop petit pour être considéré comme un homme.

« Carlos ! » appela Éva.

Le garçon ne réagit pas, mais elle savait quil lavait entendue.

Éva se dirigea vers son frère dun pas décidé. Elle se retint de justesse de remonter le pantalon qui lui tombait sur les fesses. Où était la ceinture quelle lui avait achetée le mois précédent ? Il se retourna avec un regard méfiant. Les types autour de lui commencèrent à ricaner.

« Je suis avec des potes, dit-il.

Eh bien, cest lheure de rentrer faire tes devoirs. »

Les autres garçons ricanèrent de plus belle.

« Allez, écoute donc ta jolie sœur, gamin. Et quand tu auras fini de bosser pour lécole, jaurai du vrai boulot pour toi. »

Éva interrompit le voyou dun seul regard. Mais le mauvais œil ne fonctionnait que sur la famille.

Carlos suivit sa sœur. Elle savait quelle lui avait mis la honte. Mais il valait mieux que ces types le voient comme un fils à maman, ou plutôt comme un frère à sa sœur. Elle était prête à ruiner sa réputation si cela le protégeait de la rue.

« Tu niras nulle part en traînant dans la rue, dit-elle après avoir traversé.

Parce que lécole mamènera quelque part ? Regarde où ça ta menée. »

Carlos désigna le quartier dun geste. Tout autour delle ne se trouvaient que différentes nuances de brun, des immeubles à la poussière dans les rues, en passant par la crasse sur le visage des enfants.

« Tout ça changera bientôt, dit Éva. Un diplôme, cest une porte de sortie. Tu verras. »

Le problème, cest quil faudrait au moins deux ans pour quil voie le résultat de cette logique. Elle espérait simplement quil lui laisserait le temps de lui montrer quelle avait raison. Et en attendant, elle ne laisserait pas la rue semparer de son petit frère.

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