Patrizia Barrera - Robert Johnson Fils Du Diable стр 6.

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Dans cette première session ont été enregistrés, entre autres I COME ON INTO MY KITCHEN, KINDHEARTHED WOMAN, CROSSROAD BLUES et TERRAPLANE BLUES, la seule dont Johnson écouta lenregistrement et qui devint un grand succès, en vendant pas moins de 5000 exemplaires la première semaine, un vrai record pour lépoque !

Dans cette première expérience dessai nous trouvons une série de chansons certainement liées au Sud rural, viscéral et impactant, considérées depuis toujours « lexpression la plus véridique du mélancolisme de Johnson ». Parmi celles-ci se distingue Kindhearted Woman pour sa complexité et pour une plus grande recherche du son ; le texte est certainement beaucoup plus articulé que les autres et ce nest pas un hasard si pendant des années, avec Crossroads blues, elle devint presque le drapeau distinctif de lartiste.

Une deuxième session fut ensuite réalisée en 1937 directement à Dallas dans le Vitagraph Building situé au 508 Park Avenue, où Brunswick Record avait son Quartier général.

En tout 29 chansons, plus quelques essais inachevés et des enregistrements rejetés, pour un total de 41 gravures. Un nombre certes très réduit de chansons, mais qui constituent un précieux patrimoine pour la musique mondiale.

Quoi quil en soit, Robert Johnson eut un succès posthume. Bien quapprécié en tant que musicien, ses capacités dinnovation nétaient pas très bien comprises à lépoque et ce nest certainement pas sa mort prématurée qui le sauva dun oubli immédiat le cachant de la critique pendant environ trente ans. En 1938, période de son plus grand succès, si vous demandiez à quelquun dans la rue « Qui est Robert Johnson ? », il naurait pas su vous répondre, mais il aurait pu vous décrire le nombre de cheveux quavait Son House sur la tête. Cependant son nom commença à faire son chemin parmi les experts du secteur vu que justement cette année-là le fameux John Hammond, producteur de Columbia Records, lavait mis sous contrat pour la première édition du très célèbre « du spirituel au Swing» au Carnegie Hall de New York, en dautres termes la consécration officielle du jeune Johnson ! À sa mort, Big Bill Broonzy le remplaça sur scène, ils observèrent deux minutes de silence et jouèrent deux de ses derniers enregistrements, dans une foule stupéfaite et en larmes.

Si seulement il avait résisté à ne pas se faire tuer pendant deux autres mois, ce soir-là, Johnson aurait apprécié son succès mérité !

Comment expliquer cette faible popularité parmi les gens ordinaires ?

Robert Johnson na JAMAIS été célèbre de son vivant et sa production apparaît dérisoire par rapport à celle des autres bluesmen de lépoque. Mais il est revenu à lhonneur, et on peut dire quil a été redécouvert dans les années 60 avec la nouvelle génération des artistes Rock, en particulier grâce à une collection éditée par Paramount appelé KING of the Delta Blues Singer, qui sest littéralement envolée, au point quelle fut réimprimée en 1969 et enfin en 1970.

Des artistes comme Eric Clapton et les Cream contribuèrent nettement à la renaissance de son succès, en inscrivant une nouvelle version de Crossroads Blues. Sans parler des Rolling Stones qui perdirent la raison avec leur version de Love in vain et Stop Breakin Down Blues.

Mais déjà longtemps avant, des artistes moins connus avaient essayé de sortir Johnson de sa tombe.

En 1951, Elmore James a enregistré sa propre (et très particulière) version de I believe I dust my Broom, qui na pas eu le succès mérité. Par contre le célèbre Sweet Home Chicago est devenu létendard de nombreux bluesmen dexception, repris tout dabord par Muddy Waters, qui, à son tour, influencera les Beatles.

En fait, Johnson incarnait une réalité très actuelle pour le début des années 60 en Amérique : limage dun anti-Héros damné, maudit et obsédé par le démon qui chante le Blues en le brisant de lintérieur. Ceci se mariait parfaitement avec la nature révolutionnaire de la nouvelle génération américaine. Dans ses chansons il « crie » littéralement la douleur existentielle dune société qui ne trouve plus ses propres points de repère et qui, avec langoisse spasmodique, se lance vers un avenir sombre et pleine dinconnu.

Les productions de Johnson concernent en effet surtout les femmes, lalcool et la violence, exactement comme dans la plus pure tradition du blues. Pourtant, dans ses textes, on perçoit son fort dégoût pour ce quil raconte et dont il nest nullement ère. Son rythme obsessionnel de boogie nouveau-né, sa voix stridule et nasale, les pauses entre les mots, lutilisation des micro-tonalités et les textes articulés dans lesquels ressort sa dévastation morale, son sentiment de « bâtard sans patrie » poursuivi par les « démons du remord » eut un grand impact sur les musiciens de lÂge, souffrant de la même maladie.

Sortis dune décennie de bien-être et de bons principes de famille, les jeunes des années 60 se sentent écrasés par une société où la tradition a un goût duniformité et où le concept de patrie va trop loin avec le mot GUERRE. Ce sera alors la campagne du Vietnam et la division qui en découle qui leur donnera la voix appropriée ; en attendant, le monde exige un changement et cela se fait, comme dhabitude, à travers la musique. Arrive alors la génération ROCK.


Fortement influencés par le blues, les Rolling Stones sont ensuite devenus licône vivante de la vie Rock. Leurs concerts dans les années 60/70 étaient remplis de drogues, dalcool et de rituels obscurs. Ils étaient souvent les protagonistes de rituels pseudo-sataniques et on dit quils furent même des spectateurs impassibles de vrais meurtres accomplis dans leurs spectacles par des groupes dexaltés.

En ce temps-là, « être Rock » en Amérique, cétait de « rompre avec les modèles, réfuter la tradition, remettre en question les conventions et aspirer à une société de véritable agrégation, où les concepts dHumanité et de Progrès ne sont pas des mots écrits sur un papier ». Il est donc indicatif, et même naturel, que Johnson avec sa musique maudite et ses innovations stylistiques, qui tendaient à faire de la guitare la « vraie voix de lâme », soient utilisées comme point de départ pour la construction de ce nouveau monde.

En outre, lartiste satanique, avec ses morceaux délirants et évocateurs, les textes dans lesquels il sauto-dénit « damné », son mépris évident pour les femmes et la description presque trop détaillée dun style de vie dégradé et voué au vice, NE PEUT PAS NE PAS être une icône idéale pour une génération qui fait de son attitude de rupture un style de vie. Et puis, la fameuse triade « drogue, sexe et rocknroll » sur laquelle sest appuyée toute une génération de jeunes Américains entre les années 60 et 70 nest-elle pas inspirée de la conduite johnsonienne « alcool, femme et Blues » ?

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