Jack était extrêmement embarrassé et ne savait pas par où commencer.
Je vous dérange pour une question de la plus grande importance, mais qui a quelque chose dinvraisemblable.
Bigre, mon garçon, ne me mets pas sur le grill comme ça. Que diable se passe-t-il ?
Eh bien, ce nest pas facile à expliquer. Vous me faites confiance, nest-ce pas ?
Mais évidemment, quelle question.
Ce que je vais vous dire pourra vous sembler insensé, mais je vous assure que ce nest que la pure vérité.
Jack, si tu ne me dis pas tout de suite de quoi il sagit, mon pauvre vieux cœur pourrait sarrêter.
Daccord.
Jack fit une petite pause, puis dit dune seule traite :
Je me trouve en ce moment en orbite autour de la Terre. Je suis sur un vaisseau extraterrestre et jai des informations terribles à communiquer directement au président des États-Unis. Vous êtes la seule personne en qui jai confiance et qui pourrait me mettre en contact avec lui. Je vous jure sur feu mon cher père que ce nest pas une plaisanterie.
De très longues secondes passèrent, pendant lesquelles aucun son ne sortit du haut-parleur du téléphone. Jack eut un instant peur que lamiral nait eu une attaque. Puis la voix rauque à lautre bout du fil dit :
Mais tu mappelles vraiment de là-haut ? Et comment diable fais-tu ?
Wilson est un type incroyable. Au lieu de sinquiéter des extraterrestres, il se demande comment je peux utiliser mon portable dici Exceptionnel
Eh bien, avec leur technologie, ils ont réussi à établir une espèce de connexion avec un satellite de télécommunications. Je ne peux pas vous en dire beaucoup plus.
Des extraterrestres. Mais doù viennent-ils ? Et quest-ce que cest que cette catastrophe imminente ? Et puis pourquoi ils tont emmené, précisément toi ?
Amiral, cest une longue histoire, et jespère vivement avoir le temps de vous la raconter, mais pour linstant le plus important est que vous me mettiez en contact avec le président.
Mon garçon, jai une confiance aveugle en toi, mais pour que notre cher président digère une chose pareille, il me faudra un peu plus que ton coup de fil.
Je men doutais, et cest normal, répondit Jack. Et si je vous disais quen ce moment, vous êtes assis sur un fauteuil marron foncé et que vous avez un exemplaire du New York Times sur les genoux, mes affirmations vous sembleraient plus convaincantes ?
Pétri avait réussi à relever les coordonnées de lamiral par le signal quémettait son téléphone, avait positionné le Théos au zénith de la ville et avait activé les senseurs à courte portée en les pointant directement sur la source des émissions.
Par tous les diables, sécria lamiral en sautant sur ses pieds et en faisant tomber le journal. Mais comment le sais-tu ? Il ne peut pas y avoir de caméras dissimulées ici. Des détecteurs passent mon bureau au peigne fin tous les jours.
En fait, ce nest pas avec une « caméra » que nous arrivons à vous voir. Disons que cest un système de vision absolument incroyable. Nous sommes à 50 000 kilomètres de la Terre et je pourrais lire votre journal sans difficultés. Je pourrais même vous dire quel est le rythme de vos pulsations cardiaques en ce moment.
Tu plaisantes, nest-ce pas ?
Jack jeta un coup dœil à Pétri qui changea aussitôt le mode de visualisation.
Lamiral leur apparaissait maintenant sous la forme dune silhouette rougeâtre, avec des nuances jaune clair et gris foncé. En haut à droite de lécran, dautres chiffres apparurent. Jack les lut et annonça :
Votre cœur bat actuellement à quatre-vingt-dix-huit pulsations par minute, et votre tension artérielle est de 135/90 mm de Hg.
Eh, je sais, elle est un peu élevée. Je prends même des médicaments pour la réguler, mais ça ne marche pas toujours. Tu sais, lâge
Il sarrêta un instant et sécria :
Mais tout cela est absolument incroyable, cest stupéfiant. Tu penses pouvoir faire la même chose avec le président ?
Je crois que oui, répondit Jack en cherchant du regard la confirmation de Pétri, qui se contenta dapprouver légèrement de la tête.
Est-ce que tu pourrais au moins me dire quelques mots de ce qui doit se passer ? Vu quils sont venus de Dieu sait où pour nous en informer, ça doit être bigrement sérieux.
Oui, il est normal que vous le sachiez.
Élisa lincitait à poursuivre par de grands gestes de la main et des grimaces étranges de la bouche.
Leur planète sapproche très rapidement de la nôtre. Un de ses satellites, Kodon, en loccurrence, nous effleurera dans un peu moins de sept jours et pourrait causer une série de bouleversements indicibles. Même notre orbite et celle de la Lune pourraient être touchées. Sur notre planète, des marées successives pourraient submerger les terres émergées et les eaux pourraient balayer des millions et des millions de personnes. En bref, une catastrophe.
L'amiral était resté sans voix. Il retomba lourdement sur son fauteuil marron, et ne put que murmurer, dun filet de voix :
Que le diable memporte.
En fait, nos amis ici présents seraient heureux de mettre à notre disposition un système en mesure de limiter la majeure partie de ces effets néfastes, mais cest une procédure très risquée et quils nont encore jamais complètement expérimentée. De plus, même si tout devait se passer pour le mieux, nous ne pourrions pas subir lévénement sans dommages. Une partie de linfluence planétaire, même réduite, ne pourra malheureusement pas être endiguée. Nous devrions donc nous organiser pour limiter au maximum les dégâts et les pertes.
Mon garçon, répondit faiblement lamiral. Je crois que le président doit être immédiatement informé de ce que tu viens de me dire. Jespère seulement, pour toi et pour moi, que ce nest pas une plaisanterie, parce nous ne nous en sortirions ni lun ni lautre ; même si jespère de tout cœur que ce soit le cas. Peut-être que je me suis simplement endormi dans mon fauteuil et que je vais bientôt me réveiller et me rendre compte que tout ça nest rien quun affreux cauchemar.
Jaimerais beaucoup, Amiral. Mais hélas, tout cela nest pas un mauvais rêve, mais la réalité crue. Je men rapporte à vous pour que cette information parvienne au président.
Ok. Laisse-moi juste un peu de temps pour trouver le bon canal. Comment pourrai-je te recontacter ?
Je pense que vous pouvez tout simplement me rappeler à ce numéro, dit Jack en cherchant le regard de Pétri qui haussa les épaules, incertain.
Ça devrait marcher, reprit-il. De toute façon, si je nai pas de vos nouvelles dici une heure, cest moi qui vous rappelle, daccord ?
Daccord, à plus tard.
Je vous remercie infiniment, dit le colonel, et il mit fin à la communication.
Il resta quelques instants absolument immobile, le regard perdu dans le vide, puis dit très tranquillement aux autres, pendus à ses lèvres :
Il va nous aider.
Espérons-le, répondit Élisa, chancelante. Je pense que ce ne sera pas facile de convaincre le président quil ne sagit pas dun canular.
Il ny a que lui qui puisse réussir un tel exploit. Laissons-lui juste un peu de temps.
Puis, sadressant à Pétri :