Коллектив авторов - Европейская аналитика 2018 стр 4.

Шрифт
Фон

Le système était à bout de souffle et il fallait se débarrasser, sans aucun doute, du communisme convient aujourdhui Alexandre Samarine, premier conseiller à lambassade de Russie à Paris, qui rappelle que son pays, membre de lOrganisation mondiale du commerce (OMC) depuis 1998, est désormais capitaliste et opposé au protectionnisme. Tout le monde sentait que nous étions dans une impasse, abonde un diplomate à la retraite souhaitant garder lanonymat. Mais, sempresse-t-il dajouter, personne ne pensait quil fallait faire des concessions unilatérales.

Marqué par la répression du Printemps de Prague en 1968, M. Gorbatchev considère dès son arrivée au pouvoir comme caduque la doctrine Brejnev sur la souveraineté limitée des pays frères. En encourageant les réformateurs et en refusant toute intervention par la force, il a enclenché une dynamique qui finit par lui échapper. À ses concessions, les Occidentaux répondent par des promesses (lire ci-contre), la question allemande illustrant le marché de dupes qui sengage. Ce fut une erreur de Gorbatchev. En politique, tout doit être écrit, même si une garantie sur papier est aussi souvent violée, confiait en juillet 2015 M. Poutine au réalisateur américain Oliver Stone14.

Après la chute du mur de Berlin, M. Gorbatchev soutient lidée dune Allemagne neutre (ou adhérant aux deux alliances militaires conjointement), insérée dans une structure de sécurité paneuropéenne qui prendrait pour base la Conférence pour la sécurité et la coopération en Europe (CSCE) crée en 1975 par lActe final dHelsinki. Point dorgue de la détente est-ouest, avant le regain de tension lié à lintervention soviétique en Afghanistan en 1979, cette déclaration commune signée par trente-cinq États résultait dun marchandage entre les deux camps. Les pays occidentaux validaient le principe, défendu depuis des années par Moscou, de lintangibilité des frontières, reconnaissant ainsi la division de lAllemagne et les acquis soviétiques en Europe centrale et orientale. En échange, le camp socialiste sengageait à respecter les droits de lhomme et des libertés fondamentales y compris la liberté de pensée, de conscience, de religion ou de conviction. Seul organe permanent oů siégeaient ensemble les États-Unis, le Canada, lUnion soviétique et la plupart des pays européens de lEst et de lOuest, la CSCE constituait aux yeux de Moscou la première pierre dun rapprochement des deux Europe.

Au cours de lannée 1990, Gorbatchev nest pas seul à défendre loption paneuropéenne. Les nouveaux dirigeants est européens, souvent danciens dissidents marqués par leur engagement pacifiste, ne souhaitent pas basculer immédiatement dans le camp occidental. Leur préférence va dabord à la formation dune région neutre et démilitarisée, formant un pont entre les deux rives de lEurope. Au lendemain de son élection à la présidence de la Tchécoslovaquie, Vaclav Havel choque les Américains, en demandant la dissolution des deux alliances et le départ de toutes les troupes étrangères dEurope centrale. Le chancelier allemand Helmut Kohl sirrite des déclarations du premier ministre est-allemand Lothar de Maizière favorable à la neutralisation de Allemagne. En avril 1990, le président polonais Jaruzelski, dirigeant du premier pays à avoir ouvert les élections à des candidats non communistes, accepte la proposition de M. Gorbatchev de renforcer provisoirement les troupes du Pacte de Varsovie en Allemagne de lEst, le temps de mettre en place une structure de sécurité paneuropéenne. Il propose même dy joindre des forces polonaises. Ce nest quen février 1991 que Hongrie, Pologne, Tchécoslovaquie abandonnent cette option en formant le groupe de Visegrad: craignant un retour de bâton conservateur à Moscou, ils y affirment leur volonté commune de sabriter sous le parapluie américain.

Du côté ouest européen, les dirigeants partagent le souci de poser les bases dune nouvelle Grande Europe plus autonome de Washington, même sils restent attachés au maintien de lOTAN en Europe. Le président français François Mitterrand souhaite insérer lAllemagne réunifiée dans un système de sécurité européen élargi, ménageant une place pour la Russie. LEurope ne sera plus celle que nous connaissons depuis un demi-siècle. Hier, dépendante des deux superpuissances, elle va, comme on rentre chez soi, rentrer dans son histoire et sa géographie. <>, déclare-t-il lors de ses voeux traditionnels du 31 décembre 1989. À partir des accords dHelsinki, je compte voir naître dans les années 1990 une Confédération européenne au vrai sens du terme qui associera tous les États de notre continent dans une organisation commune et permanente déchanges, de paix et de sécurité. Cherchant à éviter lisolement de lURSS, M. Mitterrand dessine une architecture paneuropéenne en cercles concentriques: les douze membres dalors de la Communauté économique européenne (CEE) devaient former un noyau actif, à lintérieur dune structure de coopération paneuropéenne élargie comprenant les anciens pays communistes. La première ministre britannique Margaret Thatcher cherche à envelopper cette puissance allemande en voie dêtre restaurée dans un cadre européen. Elle mandate en février 1990 son ministère des affaires étrangères, Douglas Hurd, pour pousser dans les négociations loption dune association européenne élargie <> accueillant les pays est-européens et, à terme, lUnion soviétique15, avant de préciser que cette politique conduira à renforcer la CSCE.

Les premieres deceptions

M. Gorbatchev na pas su tirer profit de cette convergence fugace avec des dirigeants ouest européens, favorables eux aussi à une réunification allemande au rythme maîtrisé, accompagnée dune montée en puissance de la CSCE. Fort de la victoire de lUnion chrétienne-démocrate (CDU) aux premières élections libres en République démocratique dAllemagne (RDA) en mars 1990, le chancelier Kohl prône une solution rapide: labsorption pure et simple de la RDA par la République fédérale dAllemagne (RFA). Le temps joue en faveur de M. Kohl et du président américain Georges Bush, son principal allié. LUnion soviétique a besoin dargent ; Washington, qui ne peut décemment financer son adversaire, enjoint Bonn à se montrer généreux. Les 13,5 milliards de marks promis lAllemagne, au titre de contribution au rapatriement des troupes soviétiques, rendent lURSS plus conciliante.

Avec le traité Start de 1990, les Occidentaux ont obtenu une réduction drastique des arsenaux nucléaires, les démocraties populaires sont tombées les unes après les autres, mais lorsque Gorbatchev réclame une aide économique lors du sommet du G7 à Londres en juillet 1991, les Américains disent quils ne sont pas prêts à faire des investissements non rentables. Leffondrement de lUnion soviétique en décembre 1991 tient lieu de coup de grâce au projet paneuropéen. Dans les années qui suivent, Washington estime que la disparition du pays à qui avaient été faites des promesses orales les libère de leur engagement. Cest donc le modèle préfiguré par la réunification allemande qui simpose au reste de lEurope, à savoir labsorption de lEst par lOuest: lAlliance atlantique intègre par vagues successives les anciennes démocraties populaires, plus les ex-républiques soviétiques baltes (voir la carte ci-contre). LUnion européenne en fait autant.

Ваша оценка очень важна

0
Шрифт
Фон

Помогите Вашим друзьям узнать о библиотеке

Скачать книгу

Если нет возможности читать онлайн, скачайте книгу файлом для электронной книжки и читайте офлайн.

fb2.zip txt txt.zip rtf.zip a4.pdf a6.pdf mobi.prc epub ios.epub fb3