- C'est différent pour chacun d'entre nous. C'est pourquoi il nous fait cours séparément. Il nous aide avec nos capacités spéciales.
Il se pencha en arrière, pensif, puis ajouta avec un sourire narquois :
- Je suppose que toi, il t'aidera à renforcer tes pouvoirs de prêtresse.
La colère de Kyoko monta à nouveau en flèche en se demandant comment diable le propriétaire avait su qu'elle était une prêtresse. La bourse n'avait rien dit à propos de cela. Elle était partie ces deux dernières années afin d'essayer d'enterrer ces mêmes pouvoirs pour lesquels le propriétaire lui avait donné une bourse. Elle voulait élucider cette histoire le plus tôt possible.
Regardant son assiette, Kyoko dit d'une voix tendue :
- Peut-être que c'est une erreur. Y a-t-il un moyen de parler tout de suite au propriétaire de l'école ?
Toya plissa les yeux. Kyou lui avait dit qu'elle pourrait demander à le voir, et même si Kyou ne voulait jamais voir personne en dehors des cours, il lui avait demandé de l'amener à lui directement si elle avait des questions.
- Qu'est-ce qui ne va pas, tu as peur ?
Il la nargua et fut récompensé lorsque ses yeux houleux fixèrent les siens avec une colère agacée. Donc, cette fille pensait pouvoir le gérer. Eh bien, cela pourrait être amusant de la voir essayer de lancer ce regard à Kyou. Il avait vu la peur que Kyou pouvait provoquer instantanément chez quelqu'un sans avoir à dire quoi que ce soit.
- Bien, je vais t'emmener le voir dès que tu seras prête, la défia Toya en se demandant si elle accepterait le défi.
La colère de Kyoko s'atténua en entendant cela. Repoussant son assiette sur le côté, elle hocha la tête, heureuse de mettre un terme à son bluff.
- Je suis prête si tu l'es.
Elle haussa les sourcils vers lui.
- Qu'est-ce qui presse ?
Toya se leva avec un sourire narquois.
- Tu devrais contenir ta colère car il la sentira.
Il se moquait d'elle, pensant qu'elle ne savait pas du tout dans quoi elle mettait les pieds. Kyoko plissa les yeux vers lui, puis se leva, jetant à nouveau un coup dâÅil à Suki et Shinbe.
- On se verra après, si vous venez me voir. Je vous attendrai dans ma chambre et on pourra faire des projets pour ce soir.
Elle fit un clin dâÅil à Suki, puis regarda à nouveau Toya et ajouta d'une voix monotone :
- Enfin, si je décide de rester.
Il lui tourna le dos en soupirant et elle le regarda se retirer, puis le suivit en faisant un signe de la main aux autres par-dessus son épaule. Elle remarqua rapidement la manière dont les autres étudiants s'écartaient précipitamment du chemin de Toya et s'interrogea :
- C'est qui ? La brute de l'école ?
Kyoko n'allait pas lui donner la satisfaction de courir pour le rattraper, alors elle marcha en prenant son temps, restant volontairement en arrière. Ãtant toujours légèrement en colère contre lui, elle rougit presque lorsque ses yeux dévièrent vers son postérieur. Cela l'irritait encore plus de voir ses cheveux balayer l'arrière de son pantalon, lui donnant un aperçu de la ferme rondeur qu'il y avait en dessous. Exaspérant et mignon, c'était une combinaison horrible.
Secouant sa tête intérieurement, elle continua à le suivre, maudissant ses yeux errants.
- Il faudrait être complètement stupide pour penser que quelqu'un qu'on ne supporte pas... est mignon, marmonna-t-elle. Agaçant... Hostile... et peut-être Arrogant... Mais jamais mignon.
Elle sourit, se sentant déjà mieux.
Une prise de conscience étrange grimpa le long de son dos, et ses yeux se dirigèrent droit devant elle et fixèrent des yeux noirs qui transperçaient les siens. L'individu se tenait contre un mur en haut des marches, l'observant. Il avait des cheveux d'ébène qui ondulaient le long de son dos et par-dessus ses épaules, et ses yeux bleu nuit étaient intenses. Il était très attirant mais elle se sentait... menacée. Elle détourna le regard.
- Kyoko, ressaisis-toi. Arrête d'analyser toutes les personnes que tu vois, se dit-elle sévèrement, même en tentant de le regarder à nouveau avec ses yeux émeraudes.
- Voilà la fille la plus jolie du campus.
Kyoko sentit un bras musclé se poser autour de ses épaules et se tourna pour voir, se souvenant de la voix de celui qui lui avait montré où était sa chambre plus tôt ce matin. Elle sentit à nouveau les pointes de ses propres cheveux lui chatouiller le visage tandis qu'une brise sortant de nulle part semblait lui caresser les joues.
Elle lui fit un sourire chaleureux mais en même temps, elle se pencha et fit un mouvement d'épaule pour se débarrasser de son bras.
- Kotaro, contente de te revoir. Merci pour ton aide ce matin, dit Kyoko nerveusement, ne souhaitant pas être traitée aussi familièrement.
Elle pensait qu'il était gentil et tout, mais elle n'avait jamais dit qu'il pouvait mettre son bras autour d'elle. Kotaro resta inchangé alors qu'il prit sa main dans la sienne.
- Y a-t-il un autre endroit où je pourrais t'escorter, Kyoko ?
Il regarda ses yeux émeraudes, sachant qu'il les avait déjà vus auparavant... quelque part. Il avait la vague impression de s'être noyé joyeusement dedans, autrefois.
Kyoko jeta un coup dâÅil en haut des marches et vit que Toya s'était arrêté et retourné, ayant à nouveau l'air fâché. Elle aurait pu jurer l'avoir entendu grogner contre elle ou contre Kotaro, elle ne savait pas contre qui.
Toya ne savait pas ce que Kotaro préparait, mais il n'aimait pas sa façon d'agir si amicalement avec Kyoko. Un grognement profond sortit de son thorax alors qu'il donna un avertissement :
- Je peux gérer la situation, Kotaro, sauf si tu veux l'emmener voir Kyou.
Il regarda Kotaro de travers, sachant que Kotaro ne s'approchait pas de Kyou sauf pour les cours ou lorsqu'il était convoqué.
Kotaro lâcha la main de Kyoko.
- J'espère que tout va bien, Kyoko.
Il regarda Toya d'un sale Åil puis se retourna vers elle.
- Fais attention à l'engelure juste là . S'il dérape, je m'occuperai de lui pour toi.
Kotaro regarda Toya d'un air suffisant, puis hocha la tête vers Kyoko et se tourna, redescendant les escaliers.
Kyoko entendit Toya soupirer et l'observa tandis qu'il se tournait et marchaiy le long du couloir, comme elle l'avait fait ce matin.
Cette fois, elle se dépêcha et le rattrapa juste à temps pour le voir passer les portes indiquant « NE PAS ENTRER ». Kyoko se demandait où ils allaient. Alors qu'elle suivait son dos raide, elle se disait qu'il la ramenait dans sa propre chambre. En effet, lorsqu'il s'arrêta devant sa porte, Toya se tourna vers elle et elle lui lança un regard agacé jusqu'à ce qu'il ait levé la main vers la porte juste en face de la sienne, puis toqua.
Kyoko était choquée. Le propriétaire était dans la pièce juste en face de la sienne ? Encore une fois, les paroles de son frère revinrent la hanter. « Impossible ! » Sans attendre une réponse, Toya ouvrit la porte et poussa Kyoko devant lui, à l'intérieur.
Instantanément, Kyoko se tourna vers lui.
- Je ne sais pas quel est ton problème mais pourrais-tu, s'il te plaît, ne pas me pousser, s'exclama-t-elle en le repoussant. Ou me toucher. Je ne t'ai rien fait.