- Mais tu ne veux vraiment pas comprendre mon désir dune vie et dun poste de travail meilleurs ? Tu ne veux pas déménager parce que cela ne tintéresse pas !
- Je nai pas dit que je taurais obligée à refuser : pour toi, jaurais accepté cela et bien autre chose encore ! Mais, toi, tu nas pas eu le courage de men parler, par crainte que je ne moppose à ton projet. Apparemment, pour toi, il a la priorité sur notre projet de vie commune
- Au contraire, passer le reste de mes jours avec toi a toujours été mon plus grand désir, mais évidemment tu ne le comprends pas, car autrement tu ne maccuserais pas ainsi !
- Mais te rends-tu compte que tu es tout simplement en train de te décharger sur moi de tes fautes ? Tu nes quun lâche, je ne trouve pas dautres termes pour te définir
- Eh bien, si pour toi je suis un lâche, alors adieu ! », répondit Marco, blessé dans son amour propre par cette définition inacceptable.
Sur ces mots, il lui tourna le dos pour sengouffrer au pas de charge dans leur chambre à coucher à létage supérieur. Il arracha avec colère ses vêtements de larmoire et les déposa rapidement dans une valise en cuir noir.
« Ne fais pas de bêtises ! le supplia sa fiancée, qui lavait rejoint entre temps. Allons, remets les choses à leur place et reviens à toi.
- Eh bien, ce nest pas ce que tu voulais ? la provoqua Marco, en descendant lescalier.
-Ne sois pas ridicule, tu sais bien que je navais aucune intention de te renvoyer.
- Maintenant, il est trop tard », conclut-il, en envoyant un dernier regard courroucé à ladresse de Francesca, qui, impuissante, regarda son fiancé enfiler son manteau avec rage et fermer la porte derrière lui, la laissant seule, en larmes pour cette rupture imprévue.
Et ainsi, songeant à la dispute avec son ex-partenaire sans oser y croire, Marco se dirigea en voiture à une vitesse soutenue vers lhabitation de sa mère qui, elle, était encore bien loin dimaginer le départ imminent de son fils et la fin de son histoire avec Francesca.
Au bout de quelques minutes, il arriva à proximité dun complexe de villas mitoyennes et il se gara en face de celle qui était identifiée par le numéro 16, où il avait vécu jusquà un an auparavant.
Il descendit ensuite de sa voiture et ouvrit le portail avec son double des clés; il frappa à la porte dentrée.
« Qui est-ce ? demanda la mère.
- Cest Marco. Tu crois quun voleur aurait frappé avant dentrer ? », répondit son fils, irrité par une prudence si invraisemblable.
Rassurée, elle ouvrit alors la porte à Marco, qui entra dans la maison.
Madame Lucia était une femme de cinquante-cinq ans, de taille moyenne et à laspect bien soigné.
Elle avait les cheveux teints en blond, toujours parfaitement en ordre, et un visage aux traits agréables, mais également marqué de rides manifestes, reflet des souffrances atroces qui lavaient affligée pendant sa vie. Il sagissait surtout de la mort prématurée de son mari, quun impitoyable cancer avait emporté il y avait déjà de nombreuses années de cela.
« Tu as lair bouleversé. Il sest passé quelque chose?».
Non, vraiment il nétait pas capable de dissimuler ses émotions.
« Oui. Mais maintenant laisse-moi texpliquer, sans massaillir de questions, supplia-t-il, craignant que sa demande ne soit pas entendue. Je dois te parler dune affaire très grave, et je te demande découter ce que jai à te dire, sans minterrompre. Quand jaurai terminé, tu seras libre dexprimer ton opinion.
- Comme tu veux, acquiesça-t-elle et elle sassit sur le canapé, en attendant que son fils commence à parler.
- Il y a quelques mois, jai reçu une offre de travail impossible à refuser depuis les États-Unis et, aujourdhui, jai annoncé mon départ imminent à Monsieur Russo », déclara Marco tout net, libérant son cœur du poids dune telle révélation.
Lucia lavait évidemment reçue comme un coup de couteau au cœur, mais elle parvint à maintenir léquilibre qui la caractérisait et elle objecta : « Mais quen sera-t-il de Francesca ? Lui as-tu déjà annoncé la nouvelle ?
-Elle ne fera plus partie de ma vie, voilà tout. Le problème ne se pose pas.
- Que sest-il passé entre vous ? demanda sa mère.
» Si on peut savoir, bien sûr, ajouta-t-elle rapidement, ayant remarqué le murmure dirritation de son fils.
- Quand je lui ai annoncé que javais accepté un poste de travail à New York et que jaurais dû partir, elle la mal pris, parce que, selon elle, jaurais dû attendre davoir vérifié sa disponibilité à me suivre. Elle ma ensuite traité de lâche, et, pour cette raison, jai décidé de men aller, répondit sèchement Marco.
-Elle a certainement exagéré en utilisant une expression si forte, mais ne trouves-tu pas quelle a eu raison ? En effet, étant donné que vous viviez ensemble, elle avait de bonnes raisons pour prétendre dêtre impliquée activement dans un choix si important. En effet, il est très difficile de se décider à quitter son pays et les personnes quon aime ; cela demande une étude attentive du pour et du contre répondit sagement Lucia, mais le regard furieux et désapprobateur de Marco la persuada quil était temps de sinterrompre.
- Eh bien, moi, je crois que lirréprochable Francesca, répliqua-t-il en serrant les dents, pouvait aussi bien comprendre quune occasion de ce genre arrive une fois dans la vie et une hésitation éventuelle maurait fait courir un gros risque de pousser lentreprise en question à se tourner vers un autre candidat qui, lui, aurait jugé bon de prendre la place tant convoitée et que, moi, jai eu la présence desprit de ne pas laisser échapper. »
Voyant quaucune discussion nétait possible et connaissant bien la fermeté de son fils, Lucia choisit très justement de se rendre.
« Quand as-tu lintention de partir ? demanda-t-elle sur un ton plus tolérant.
- Le plus tôt possible. Je partagerai cette expérience seulement avec mes collègues et mon directeur; je ne vois donc aucune raison de retarder mon départ ».
Sur ce, il mit fin à la conversation et se retira dans la chambre où il dormait lorsquil était adolescent, encore tapissée de posters de joueurs de foot de la Juventus, son équipe préférée.
Pendant quelques minutes, assis au bureau devant lordinateur, il soccupa de trouver le billet davion qui allait bientôt le conduire à la JW Corporation, à des milliers de kilomètres de distance.
Enfin, il trouva un vol dont le départ était fixé au jour suivant à 11h30, depuis laéroport de Linate; il réserva une place coûteuse en première classe, en prévision de laugmentation des ressources économiques quil aurait bientôt à sa disposition.
Puis il enregistra le numéro de téléphone dun taxi milanais sur son smartphone et passa lappel.
« Allo ?
-Bonsoir, je souhaite réserver un transport de Castrezzato à Linate.
- Je vous préviens que le service sera assez coûteux, le trajet est plutôt long »
Marco laissa échapper un sourire de satisfaction. Évidemment, le chauffeur ne pouvait imaginer largent quil allait gagner à la JW Corporation.
« Il ny a aucun problème. »
Après avoir établi un rendez-vous à 20h30, il redescendit au rez-de-chaussée, où sa mère préparait déjà le dernier repas quelle aurait partagé avec lui avant son départ pour les États-Unis.