Il sarrêta pour respirer, enfin, au quatrième palier. Maintenant, il était à peu près seize mètres au-dessus du niveau du sol. La porte était toujours là, attendant patiemment son retour, mais elle semblait plus petite depuis sa hauteur. Il alla vers la fenêtre, regarda dehors, et vit
New York City à midi, ses trottoirs grouillant dhommes daffaires sur leur chemin pour déjeuner, des clients en transit entre deux magasins avec des paquets sous leurs bras.
Il clignât des yeux et regarda de nouveau. Il y avait seulement la ville extra-terrestre, recroquevillée et silencieuse, attendant, toujours attendant. Silence. Pas de mouvements, pas de son, pas dombres,
Tremblant des mains, Ryan arrache le communicateur de sa poche. Il laissa des doigts tremblant caresser sa forme rectangulaire pendant un moment, puis appela à nouveau le vaisseau. « Ryan appelle Java-10. Je viens juste davoir une hallucination. » Il décrivit brièvement ce qui lui était apparu juste une seconde à travers la vitre.
« Intéressant, » médita lordinateur. « Ceci est en corrélation avec les rapports dautres hallucinations observées par vos prédécesseurs. Quoiquil soit arrivé aux autres, cela commence aussi à vous arriver. Vous devez être doublement prudent à partir de maintenant.
Ryan sassit sur une marche pour se recomposer. Il souhaita que son partenaire, Bill Tremain, ait été autorisé à laccompagner dans cette mission. Bill et Lui ont formé une équipe depuis le centre de formation. Ensemble, ils ont exploré plus de trente mondes, faisant face à linconnu. Il ne se sentirait pas aussi seul à lheure actuelle, si Bill était avec lui. Mais lordinateur ne voulait pas risquer plus de personnes que ce qui était absolument nécessaire. En outre, toutes les opérations précédentes ont été réalisées par des équipes de deux ou plus, et elles ont toutes échouées ; peut-être un homme seul aura plus de chance.
Un mouvement saisit le coin de lœil de Ryan. Il tourna la tête vivement pour voir ce qui ressemblait à un être humain courir sous les escaliers en dessous de lui et sévanouir. Un roux. Bill Tremain. Et cétait manifestement ridicule, puisque Bill Tremain était de retour à bord du vaisseau.
Néanmoins, Ryan redescendit doucement les escaliers pour enquêter. Il ny avait, bien entendu, personne là ; les parois de escaliers étaient lisses et dures, sans aucunes places pour quune personne en fuite puisse se cacher. Non, le bâtiment était désert à lexception de lui. Le silence en attesta.
« Tu cherches quelque-chose, Jeff ? » lui parvint dune voix au-dessus de lui.
***
Lhomme qui se tenait sur le troisième pallier nétait pas le partenaire de Ryan. Au lieu de cela, cétait Richard Bael, une vieille connaissance du temps de lAcadémie. « Oh ! ne tinquiètes pas, » lui dit Bael en souriant. « Je suis presque réel. »
Cela tenait debout. Bael fut lun des seize premiers à pénétrer dans la cité. « Comment es-tu venu ? » balbutia Ryan.
« Oh, » Bael haussa les épaules, « il y a des chemins. » Il commença à descendre aisément les marches. « Tu apprendras après une semaine ou deux. »
« Je nai pas lintention de rester aussi longtemps, » répondit Ryan sur la défensive. Il essaya doucement de prendre le communicateur dans sa poche, mais Bael vit le mouvement.
« Oh ! tu as lintention dappeler le vaisseau ? Puis-je leurs dire quelques mots ? »
« Ils vont être content davoir de vos nouvelles, » dit Ryan. « Quest-il arrivé à ton com' ? »
« Jai dû le poser quelque-part puis jai oublié, » dit Bael avec une vague de la main. « Je nai pas pensé que cétait si important. » Il arriva à coté de Ryan et tendit sa main. Ryan lui donna le communicateur.
« Bonjour là-haut, cest Richard Bael à lappareil. Pouvez-vous mentendre ? »
« Oui » répondit la voix sans émotion de Java-10.
« Jai un rapport différé à faire relatif à mon exploration de cette ville. Je suppose que vous avez vos bandes en route, prêtes à enregistrer chaque mot de cela. »
« Correct. »
« Daccord, alors, voilà : Allez-vous-faire-foutre... » Il éteignit lappareil et le rendit à Ryan. « Jai toujours voulu faire ça, jai je nai jamais eu le cran de le faire avant, » fit il avec bonhommie.
Ryan arracha le communicateur de sa main, légèrement horrifié par laction de Bael « Ryan appelle Java-10. Vous mentendez ? »
« Affirmatif. Est-ce que Bael est vraiment avec vous ? » La question était plus quincrédule.
« Il semblait lêtre. »
« Je suis vraiment Peter Pan, » Lança Bael de manière fantasque.
« Tais-toi ! » cria Ryan.
« Pas besoin dêtre aussi susceptible, Jeff. Jessayai juste daider. »
« Demandez-lui pourquoi il ne quitte pas la cité, » insista Java-10.
« Oh, ne réponds pas, Jeff. Je suis fatigué de jouer ce petit god-game de lordinateur. » Il partit vers la porte. « Pose ce fichu combiné. Le jour est trop beau pour le passer à parler à une boite. »
Ryan hésita.
« Regarde, tu es venu ici pour explorer la cité, nest-ce pas ? » continua Bael. « Eh bien, je te propose un tour guidé. Quattends-tu un carton dinvitation gravé ? Ok, tu en auras. »
Il tira une petite carte de sa poche et dune chiquenaude lenvoya aux pieds de Ryan. Ryan se baissa et la ramassa. Gravé, en lettres dor, il y avait les mots :
MR. RICHARD BAEL DEMANDE GRACIEUSEMENT LA PRESENCE DE MR. JEFFREY RYAN POUR UNE VISITE GUIDEE DE LA CITE.
« Cest assez bien pour toi ? » demanda Bael conventionnellement.
Ryan rangea avec prudence la carte dans sa pochette à échantillon pour de plus amples analyses ultérieurement. « Daccord, Bael, fais comme tu veux. » Le communicateur retourna dans sa poche. « En avant. »
Avec panache, Bael franchit la porte, avec Ryan deux pas derrière lui. Une fois que Ryan fut passé, louverture sévanouit et le mur était solide une fois de plus. Il refusa de sinquiéter pour un détail aussi mineur. Il se doutait un peu que cette cité lui révélerait de bien plus grandes surprises dici peu.
Et il avait tout à fait raison.
***
Les deux hommes marchèrent à travers la ville, Bael à un rythme tranquille et Ryan bouillant dimpatience davoir à composer avec cette lente promenade exaspérante... Il ny avait de rues réelles à suivre, car la ville ne semblait pas être disposée suivant un plan discernable et il ny avait pas de longues étendues de terrain ouvert assez large pour quelque type de véhicule. Des bâtiments de toutes formes, de toutes tailles et de toutes couleurs surgissaient partout ; Ici un cylindre, là un cône, un peu plus loin sur un hémisphère... il y en avait même deux qui avaient changé leurs formes pendant que Ryan les observait.
« Qui a bâti cette cité ? » demanda Bael. « Pourquoi lont-ils faite ? « Où sont-ils aller ? »
« Cest un charmant endroit, nest-ce pas ? » Bael ignora la question et montra dun geste la cité autour deux.
« Ce nest pas une réponse. »
« Bien sûr que non. Je nen ai pas. Les questions sont sans importance ici, aussi les réponses sont inutiles. »
« Elles ne le sont pas. Je dois savoir »
« Correction : Java-10 doit savoir. Tu nas rien dautre à faire que de tamuser. » asséna Bael avec sympathie. « Vous êtes un pauvre bougre muet, vous avez eu un tel lavage de cerveau que vous ne reconnaissez même plus la Liberté quand elle vient vous prendre la main. Asseyons-nous et parlons un moment. »