Уильям Шекспир - La méchante femme mise à la raison стр 5.

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GREMIO. J'en conviens, et je voudrais lui avoir déjà procuré le meilleur étalon de Padoue, pour venir lui faire sa cour, la conquérir, l'épouser, coucher avec elle, et en débarrasser la maison.  Allons, sortons.

(Gremio et Hortensio sortent.)

(Tranio s'avance.)

TRANIO. Je vous en prie, monsieur, dites-moi une chose.  Est-il possible que l'amour prenne si fort en un instant?

LUCENTIO. Oh! Tranio, jusqu'à ce que j'en eusse fait l'expérience, je ne l'avais cru ni possible, ni vraisemblable: mais vois! tandis que j'étais là oisif à regarder, l'amour m'a surpris dans mon insouciance, et maintenant j'en ferai l'aveu avec franchise, à toi, mon confident, qui m'es aussi cher et qui es aussi discret que l'était Anne pour la reine de Carthage: Tranio, je brûle, je languis, je péris, Tranio, si je ne viens pas à bout de posséder cette jeune et modeste fille. Conseille-moi, Tranio, car je sais que tu le peux: assiste-moi, Tranio, car je sais que tu le veux.

TRANIO. Maître, il n'est plus temps maintenant de vous gronder; on ne déracine pas l'affection du coeur: si l'amour vous a blessé, il ne reste plus que ceci: Redime te captum quam queas minimo11.

LUCENTIO. Mille grâces, mon ami, poursuis: ce que tu m'as déjà dit me satisfait: le reste ne peut que me consoler; car tes avis sont sages.

TRANIO. Maître, vous qui avez si longtemps considéré la jeune personne, vous n'avez peut-être pas remarqué le plus important de la chose?

LUCENTIO. Oh! très-bien; j'ai vu la beauté dans ses traits, égale à celle de la fille d'Agénor12, qui fit humilier le grand Jupiter, lorsqu'au signe de sa main il baisa de ses genoux les rivages de Crète.

TRANIO. N'avez-vous vu que cela? N'avez-vous pas remarqué comme sa soeur a commencé à s'emporter, comme elle a soulevé une si violente tempête, que des oreilles humaines avaient bien de la peine à endurer son vacarme?

LUCENTIO. Ah! Tranio, j'ai vu remuer ses lèvres de corail, et son haleine a parfumé l'air; tout ce que j'ai vu dans sa personne était doux et sacré.

TRANIO. Allons, il est temps de le tirer de son extase.  Je vous en prie, monsieur, réveillez-vous; si vous aimez cette jeune fille, appliquez vos pensées et votre esprit aux moyens de l'obtenir. Voici l'état des choses.  Sa soeur aînée est si maudite et si méchante que, jusqu'à ce que son père soit débarrassé d'elle, il faut, mon maître, que votre amour reste fille au logis; aussi son père l'a resserrée étroitement, afin qu'elle ne soit pas importunée de soupirants.

LUCENTIO. Ah! Tranio, quel père cruel! Mais, n'as-tu pas remarqué le soin qu'il prend pour lui procurer d'habiles maîtres, en état de l'instruire?

TRANIO. Oui, vraiment, monsieur; et j'ai même comploté là-dessus

LUCENTIO. Oh! j'ai un plan aussi, Tranio.

TRANIO. En vérité, mon maître, je jure par ma main que nos deux stratagèmes se ressemblent, et se confondent en un seul.

LUCENTIO. Dis-moi le tien, d'abord.

TRANIO. Vous serez le maître, et vous vous chargerez d'instruire la jeune personne: voilà quel est votre plan?

LUCENTIO. Oui. Cela peut-il se faire?

TRANIO. Impossible: car, qui vous remplacera, et sera ici dans Padoue le fils de Vincentio? Qui tiendra maison, étudiera ses livres, recevra ses amis, visitera ses compatriotes et leur donnera des fêtes?

LUCENTIO. Basta13! tranquillise-toi, tout cela est arrangé: nous n'avons encore paru dans aucune maison: personne ne peut nous reconnaître à nos physionomies, ni distinguer le maître du valet. D'après cela, voici la suite: Tu seras le maître, Tranio, à ma place; tu tiendras la maison, tu en prendras les airs, commanderas les domestiques, comme je ferais moi-même; moi, je serai quelqu'autre, un Florentin, un Napolitain, ou quelque jeune homme peu considérable de Pise. Le projet est éclos, et il s'exécutera.  Tranio, déshabille-toi tout de suite; prends mon manteau et mon chapeau de couleur: quand Biondello viendra, il sera à ta suite; mais je veux auparavant lui apprendre à tenir sa langue.

(Ils échangent leurs habits.)

TRANIO. Vous auriez besoin de le faire.  Bref, mon maître, puisque c'est votre plaisir, et que je suis lié à vous obéir (car votre père me l'a recommandé au moment du départ: rends tous les services à mon fils, m'a-t-il dit; quoique, à mon avis, il l'entendît dans un autre sens), je veux bien être Lucentio, parce que j'aime tendrement Lucentio.

LUCENTIO. Tranio, sois-le, parce que Lucentio aime, et laisse-moi faire le personnage d'un esclave, pour conquérir cette jeune beauté, dont la soudaine vue a enchaîné mes yeux blessés. (Entre Biondello.) Voici le fripon.  Eh bien! coquin, où as-tu donc été?

BIONDELLO. Où j'ai été?.. Eh mais! vous, où êtes-vous vous-même à présent? Mon maître, est-ce que mon camarade Tranio vous aurait volé vos habits? ou si c'est vous qui lui avez pris les siens? ou vous êtes-vous volés réciproquement? Je vous prie, parlez, quoi de nouveau?

LUCENTIO. Drôle, approche ici; il n'est pas temps de plaisanter: ainsi songe à te conformer aux circonstances. Ton camarade que voilà, Tranio, pour me sauver la vie, prend mon rôle et mes habits; et moi, pour échapper au malheur, je mets les siens; car depuis que j'ai abordé ici, j'ai, dans une querelle, tué un homme, et je crains d'être découvert: mets-toi à ses ordres et à sa suite, je te l'ordonne, et sers-le comme il convient, tandis que moi je vais m'échapper pour mettre ma vie en sûreté: tu m'entends?

BIONDELLO. Oui, monsieur, pas le plus petit mot.

LUCENTIO. Et pas un mot de Tranio dans ta bouche. Tranio est changé en Lucentio.

BIONDELLO. Tant mieux pour lui; je voudrais bien l'être aussi, moi.

TRANIO. Et moi, foi de valet, je voudrais bien, pour former le second souhait, que Lucentio eût la plus jeune fille de Baptista.  Mais, monsieur le drôle pas pour moi, mais pour l'amour de votre maître, je vous avertis de vous conduire avec discrétion dans toute espèce de compagnie; quand je serai seul, je serai Tranio pour vous; mais partout ailleurs votre maître Lucentio.

LUCENTIO. Tranio, allons nous-en.  Il reste encore un point que je te charge, toi, d'exécuter: c'est de te placer au nombre des prétendants.  Si tu m'en demandes la raison il suffit Mes raisons sont bonnes et convaincantes.

(Ils sortent.)

(Personnages du prologue.)

PREMIER SERVITEUR. «Milord, vous sommeillez, vous n'écoutez pas la pièce.

SLY. «Si, par sainte Anne, je l'écoute. Une bonne drôlerie, vraiment! Y en a-t-il encore à venir?

LE PAGE. «Milord, elle ne fait que commencer.

SLY. «C'est vraiment une excellente pièce d'ouvrage, madame Lady; je voudrais être à la fin.»

SCÈNE II

Devant la maison d'Hortensio.

PETRUCHIO, GRUMIO

PETRUCHIO. Vérone, je prends congé de toi pour quelque temps; je veux voir mes amis de Padoue: mais avant tout, Hortensio, le plus cher et le plus fidèle de mes amis.  Eh! je crois que voici sa maison.  Ici, drôle, allons, frappe, te dis-je.

GRUMIO. Frapper, monsieur! qui frapperais-je? quelqu'un vous a-t-il offensé?

PETRUCHIO. Allons, maraud, frappe-moi ici comme il faut, te dis-je.

GRUMIO. Vous frapper ici, monsieur? Comment donc, monsieur? Qui suis-je, monsieur, pour oser vous frapper ici, monsieur?

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