Уильям Шекспир - Jules César стр 3.

Шрифт
Фон

SECOND CITOYEN. Pour dire vrai, monsieur, en fait d'ouvrage fin, je ne suis pas autre chose que comme qui dirait un savetier.

MARULLUS. Mais quel est ton métier? Réponds-moi tout de suite.

SECOND CITOYEN. Un métier, monsieur, que je crois pouvoir faire en sûreté de conscience: je remets en état les âmes1 qui ne valent rien.

MARULLUS. Quel est ton métier, maraud, mauvais drôle, ton métier?

SECOND CITOYEN. Monsieur, je vous en prie, que je ne vous fasse pas ainsi sortir de votre caractère2. Cependant, si vous en sortiez par quelque bout, monsieur, je pourrais vous remettre en état.

MARULLUS. Qu'entends-tu par là? Me remettre en état, insolent?

SECOND CITOYEN. Sans difficulté, monsieur, vous resaveter.

MARULLUS. Tu es donc savetier? L'es-tu?

SECOND CITOYEN. Bien vrai, monsieur, je n'ai pour vivre que mon alêne. Je n'entre pas, moi, dans les affaires de commerce, dans les affaires de femmes; je n'entre qu'avec mon alêne3 Au fait, monsieur, je suis un chirurgien de vieux souliers: quand ils sont presque perdus, je les recouvre 4; et on a vu bien des gens, je dis des meilleurs qui aient jamais marché sur peau de bête, faire leur chemin sur de l'ouvrage de ma façon5.

FLAVIUS. Mais pourquoi n'es-tu pas dans ta boutique aujourd'hui? pourquoi mènes-tu tous ces gens-là courir les rues?

SECOND CITOYEN. Vraiment, monsieur, pour user leurs souliers, afin de me procurer plus d'ouvrage.  Mais sérieusement, monsieur, nous nous sommes mis en fête pour voir César, et nous réjouir de son triomphe.

MARULLUS. Vous réjouir! et de quoi? quelles conquêtes vient-il vous rapporter? Quels nouveaux tributaires le suivent à Rome pour orner, enchaînés, les roues de son char? Bûches, pierres que vous êtes, vous êtes pires que les choses insensibles! O coeurs durs, cruels enfants de Rome, n'avez-vous point connu Pompée? Bien des fois, bien souvent, n'êtes-vous pas montés sur les murailles et les créneaux, sur les fenêtres et les tours, jusque sur le haut des cheminées, vos enfants dans vos bras; et là, patiemment assis, n'attendiez-vous pas tout le long du jour pour voir le grand Pompée traverser les rues de Rome; et de si loin que vous voyiez paraître son char, le cri universel de vos acclamations ne faisait-il pas trembler le Tibre au plus profond de son lit, de l'écho de vos voix répété sous ses rivages caverneux? Et aujourd'hui vous prenez vos plus beaux vêtements, et vous choisissez ce jour pour un jour de fête! et aujourd'hui vous semez de fleurs le passage de l'homme qui vient à vous triomphant du sang de Pompée!6. Allez-vous-en.  Courez à vos maisons, tombez à genoux, priez les dieux de suspendre l'inévitable fléau près d'éclater sur cette ingratitude.

FLAVIUS. Allez, allez, bons compatriotes; et pour expier votre faute, assemblez tous les pauvres gens de votre sorte, conduisez-les au bord du Tibre; et là, pleurez dans son canal tout ce que vous avez de larmes, jusqu'à ce que ses eaux, à l'endroit le plus enfoncé de son cours, caressent le point le plus élevé de son rivage. (Les citoyens sortent.) Voyez si cette matière grossière n'a pas été émue: ils disparaissent la langue enchaînée par le sentiment de leur tort.  Vous, descendez cette rue qui mène au Capitole; moi, je vais suivre ce chemin. Dépouillez les statues si vous les trouvez parées d'ornements de fête.

MARULLUS. Le pouvons-nous? Vous savez que c'est aujourd'hui la fête des Lupercales.

FLAVIUS. N'importe, ne souffrons pas qu'aucune statue porte les trophées de César7. Je vais parcourir ces quartiers et chasser le peuple des rues; faites-en de même partout où vous le trouverez attroupé. Ces plumes naissantes arrachées de l'aile de César ne le laisseront voler qu'à la hauteur ordinaire; autrement dans son essor, il s'élèverait trop haut pour être vu des hommes, et nous tiendrait tous dans un servile effroi.

(Ils sortent.)

SCÈNE II

Toujours à Rome.  Une place publique Entrent en procession et avec la musique CÉSAR, ANTOINE préparé pour la course; CALPHURNIA, PORCIA, DÉCIUS, CICÉRON, BRUTUS, CASSIUS, CASCA. Ils sont suivis d'une grande multitude dans laquelle se trouve un devin

CÉSAR. Calphurnia!

CASCA. Holà! silence! César parle8.

(La musique cesse.)

CÉSAR. Calphurnia!

CALPHURNIA. Me voici, mon seigneur.

CÉSAR. Ayez soin de vous tenir sur le passage d'Antoine, quand il courra.  Antoine!

ANTOINE. César, mon seigneur.

CÉSAR. N'oubliez pas en courant, Antoine, de toucher Calphurnia; car nos anciens disent que les femmes infécondes, en se faisant toucher dans cette sainte course, secouent la malédiction qui les rendait stériles.

ANTOINE. Je m'en souviendrai. Quand César dit: Faites cela, cela est fait.

CÉSAR. Partez, et n'omettez aucune cérémonie.

(Musique.)

LE DEVIN. César!

CÉSAR. Ha! qui m'appelle?

CASCA, s'adressant à ceux qui l'environnent. Commandez que tout bruit cesse. Encore une fois, silence!

(La musique s'arrête.)

CÉSAR. Qui est-ce, dans la foule, qui m'appelle ainsi? J'entends une voix, plus perçante que tous les instruments de musique crier César! Parle, César se tourne pour entendre.

LE DEVIN. Prends garde aux ides de mars.

CÉSAR. Quel est cet homme?

BRUTUS. Un devin qui vous avertit de prendre garde aux ides de mars.

CÉSAR. Amenez-le devant moi, que je voie son visage.

CASCA. Mon ami, sors de la foule, regarde César.

CÉSAR. Qu'as-tu à me dire maintenant? Répète encore.

LE DEVIN. Prends garde aux ides de mars.

CÉSAR. C'est un visionnaire; laissons-le, passons.

(Les musiciens exécutent un morceau.)(Tous sortent, excepté Brutus et Cassius.)

CASSIUS. Irez-vous voir l'ordre de la course?

BRUTUS. Moi? non.

CASSIUS. Je vous en prie, allez-y.

BRUTUS. Je ne suis point un homme de divertissements; je n'ai pas tout à fait la vivacité d'Antoine. Que je ne vous empêche pas, Cassius, de suivre votre intention; je vais vous laisser.

CASSIUS. Brutus, je vous observe depuis quelque temps: je ne reçois plus de vos yeux ces regards de douceur, ces signes d'affection que j'avais coutume d'en recevoir. Vous tenez envers votre ami, qui vous aime, une conduite trop froide et trop peu cordiale.

BRUTUS. Ne vous y trompez point, Cassius: si mon regard s'est voilé, ce trouble de mon maintien ne porte que sur moi-même. Je suis tourmenté depuis quelque temps de sentiments qui se contrarient, d'idées qui ne concernent que moi, et donnent peut-être quelque bizarrerie à mes manières: mais que mes bons amis, au nombre desquels je vous compte, Cassius, n'en soient donc pas affligés, et ne voient rien de plus dans cette négligence, sinon que ce pauvre Brutus, en guerre avec lui-même, oublie de donner aux autres des témoignages de son amitié9.

CASSIUS. Alors je me suis bien trompé, Brutus, sur le sujet de vos peines, et cela m'a fait ensevelir dans mon sein des pensées d'un haut prix, d'honorables méditations. Dites-moi, digne Brutus, pouvez-vous voir votre propre visage?

Ваша оценка очень важна

0
Шрифт
Фон

Помогите Вашим друзьям узнать о библиотеке

Скачать книгу

Если нет возможности читать онлайн, скачайте книгу файлом для электронной книжки и читайте офлайн.

fb2.zip txt txt.zip rtf.zip a4.pdf a6.pdf mobi.prc epub ios.epub fb3

Популярные книги автора

Буря
337 18