Вальтер Скотт - Le nain noir стр 4.

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 S'il est assez malavisé pour le faire, Hobby, j'espère lui prouver que la vieille tour est encore assez solide pour lui résister, et je saurai la défendre contre lui, comme mes ancêtres l'ont défendue contre les siens.

 Fort bien! très bien! vous parlez en homme à présent Hé bien! si jamais il vous attaque ainsi, faites sonner la grosse cloche de la tour, et en un clin d'oeil vous m'y verrez arriver avec mes deux frères, le petit Davie de Stenhouse, et tous ceux que je pourrai ramasser.

 Je vous remercie, Hobby; mais j'espère que dans le temps où nous vivons nous ne verrons pas arriver des événements si contraires à tous les sentiments de religion et d'humanité.

 Bah! bah! monsieur Patrick, ce ne serait qu'un petit bout de guerre entre voisins: le ciel et la terre le savent bien, dans un pays si peu civilisé, c'est la nature du pays et des habitants. Nous ne pouvons pas vivre tranquilles comme les gens de Londres. Ce n'est pas possible: nous n'avons pas comme eux tant à faire.

 Pour un homme qui croit aussi fermement que vous, Hobby, aux apparitions surnaturelles, il me semble que vous parlez du ciel un peu légèrement. Vous oubliez encore dans quel lieu nous nous trouvons.

 Est-ce que la plaine de Mucklestane m'effraie plus que vous, monsieur Earnscliff? Je sais bien qu'il y revient des esprits, qu'on y voit là nuit des figures effroyables; mais qu'est-ce que j'ai à craindre? J'ai une bonne conscience, elle ne me reproche rien Peut-être quelques gaillardises avec de jeunes filles, ou quelques débauches dans une foire: est-ce donc un si grand crime? Malgré tout ce que je vous ai dit, j'aime la paix et la tranquillité tout autant que

 Et Dick Turnbull, à qui vous cassâtes la tête? et Williams de Winton, sur qui vous fîtes feu?

 Ah! monsieur Earnscliff, vous tenez donc un registre de mes mauvais tours? La tête de Dick est guérie, et nous devons vider notre différend le jour de Sainte-Croix à Jeddart; c'est donc une affaire arrangée à l'amiable. Quant à Willie, nous sommes redevenus amis, le pauvre garçon:  il n'a eu que quelques grains de grêle après tout.  J'en recevrais volontiers autant pour une pinte d'eau-de-vie. Mais Willie a été élevé dans la plaine, et il a bientôt peur pour sa peau; quant aux esprits, je vous dis que quand il s'en présenterait un devant moi

 Comme cela n'est pas impossible, dit Earnscliff en souriant, car nous approchons de la fameuse sorcière.

 Je vous dis, reprit Hobby comme indigné de cette provocation, que, quand la vieille sorcière sortirait elle-même de terre, je n'en serais pas plus effrayé que  Mais Dieu me préserve! monsieur Earnscliff, qu'est-ce que j'aperçois là-bas?

CHAPITRE III

«Nain qui parcourt cette plage,
«Apprends-moi quel est ton nom.
« L'homme noir du marécage.»

John Leynen.

L'OBJET qui alarma le jeune fermier au milieu de ses protestations de courage fit tressaillir un instant son compagnon, quoique moins superstitieux. La lune, qui s'était levée pendant leur conversation, semblait, suivant l'expression du pays, se disputer avec les nuages à qui régnerait sur l'atmosphère, de sorte que sa lumière douteuse ne se montrait que par instants. Un de ses rayons frappant sur la colonne de granit, dont ils n'étaient pas très éloignés, leur fit apercevoir un être qui paraissait être une créature humaine, quoique d'une taille beaucoup au-dessous de l'ordinaire. Il n'avait pas l'air de vouloir aller plus loin, car il marchait lentement autour de la colonne, s'arrêtait à chaque pierre qu'il rencontrait, semblait l'examiner, et faisait entendre de temps en temps une espèce de murmure sourd, dont il était impossible de comprendre le sens.

Tout cela répondait si bien aux idées qu'Hobby Elliot s'était formées d'une apparition, qu'il s'arrêta à l'instant, sentit ses cheveux se dresser sur sa tête, et dit tout bas à Earnscliff: C'est la vieille Ailie, c'est elle-même! lui tirerai-je un coup de fusil, en invoquant le nom de Dieu?

 N'en faites rien, pour l'amour du ciel! c'est quelque, malheureux privé de raison.

 Vous la perdez vous-même de vouloir en approcher, dit Hobby en retenant à son tour son compagnon. Nous avons le temps de dire une petite prière avant qu'elle vienne à nous. Ah! si je pouvais m'en rappeler une; mais elle nous en laisse tout le temps, continua-t-il, devenu plus hardi en voyant le courage de son compagnon, et le peu d'attention que l'esprit accordait à leur approche; elle va clopin clopant comme une poule sur une grille chaude. Croyez-moi, Earnscliff (ajouta-t-il à demi-voix), faisons un détour comme pour mettre le vent contre un daim.

 On n'a de l'eau que jusqu'aux genoux dans la fondrière, et il vaut mieux mauvaise route que mauvaise compagnie.

Malgré ces remontrances, Earnscliff continuait à avancer, et Hobby le suivait malgré lui. Ils se trouvèrent enfin à dix pas de l'objet qu'ils cherchaient à reconnaître. Plus ils en approchaient, plus il leur paraissait décroître, autant que l'obscurité leur permettait de le distinguer. C'était un homme dont la taille n'excédait pas quatre pieds; mais il était presque aussi large que haut, ou plutôt d'une forme sphérique, qui ne pouvait être due qu'à une étrange difformité. Le jeune chasseur appela deux fois cet être extraordinaire sans en recevoir de réponse, et sans faire attention aux efforts que son compagnon faisait continuellement pour l'entraîner d'un autre côté, plutôt que de troubler davantage une créature si singulière: Qui êtes-vous? Que faites-vous ici à cette heure de la nuit? demanda-t-il une troisième fois. Une voix aigre et discordante répondit enfin: Passez votre chemin, ne demandez rien à qui ne vous demande rien. Et ces mots, qui firent reculer Elliot à deux pas, firent même tressaillir son compagnon.

 Mais pourquoi êtes-vous si loin de toute habitation? dit Earnscliff. Êtes-vous égaré? suivez-moi, je vous donnerai un logement pour la nuit.

 A Dieu ne plaise! s'écria Hobby involontairement.

J'aimerais mieux loger tout seul dans le fond du gouffre de Tarrass Flow, ajouta-t-il plus bas.

 Passez votre chemin, répéta cet être extraordinaire d'un ton de colère: je n'ai besoin ni de vous ni de votre logement. Il y a cinq ans que ma tête n'a reposé dans l'habitation des hommes; et j'espère qu'elle n'y reposera plus.

 C'est un homme qui a perdu l'esprit, dit Earnscliff.

 Ma foi, dit son superstitieux compagnon, il a quelque chose du vieux Humphry Ettercap, qui périt ici près, il y a justement cinq ans. Mais ce n'est pas là le corps ni la taille d'Humphry.

 Passez votre chemin, répéta l'objet de leur curiosité. L'haleine des hommes empoisonne l'air qui m'entoure. Le son de vos voix me perce le coeur.

 Bon Dieu! dit hobby, faut-il que les morts soient tellement enragés contre les vivants? Sa pauvre âme est sûrement dans la peine.

 Venez avec moi, mon ami, dit Earnscliff, vous paraissez éprouver quelque grande affliction; l'humanité ne me permet pas de vous abandonner ici.

 L'humanité! s'écria le Nain en poussant un éclat de rire ironique, qu'est-ce que ce mot? Vrai lacet de bécasse.  Moyen de cacher les trappes à prendre les hommes.  Appât qui couvre un hameçon plus piquant dix fois que ceux dont vous vous servez pour tromper les animaux dont votre gourmandise médite le meurtre.

 Je vous dis, mon bon ami, reprit Earnscliff, que vous ne pouvez juger de votre situation. Vous périrez dans cet endroit désert. Il faut, par compassion pour vous, que nous vous forcions à nous suivre.

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