Конан-Дойль Артур - Nouveaux mystères et aventures стр 6.

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Une telle supposition amenait à lui attribuer une profondeur de dissimulation naturelle que semblait démentir la franchise de son regard, la netteté et la fierté de ses traits.

Et pourtant quelle autre hypothèse pouvait expliquer le pouvoir incontestable quil exerçait sur elle!

Cette influence perçait en bien des circonstances, mais il en usait dune façon si tranquille, si dissimulée quil fallait une observation attentive pour sapercevoir de sa réalité.

Je lai surpris lui lançant un regard si impérieux, même si menaçant, à ce quil me semblait, que le moment daprès, javais peine à croire que cette figure pâle et dépourvue dexpression fût capable den prendre une aussi marquée.

Lorsquil la regardait ainsi, elle se démenait, elle frissonnait comme si elle avait éprouvé de la souffrance physique.

«Décidément, me dis-je, cest de la crainte et non de lamour, qui produit de tels effets.»

Cette question mintéressa tant, que jen parlai à mon ami John.

Il était, à ce moment-là, dans son petit laboratoire, abîmé dans une série de manipulations, de distillations qui devaient aboutir à la production dun gaz fétide, et nous faire tousser en nous prenant à la gorge.

Je profitai de la circonstance qui nous obligeait à respirer le grand air, pour linterroger sur quelques points sur lesquels je désirais être renseigné.

 Depuis combien de temps disiez-vous que miss Warrender se trouve chez votre oncle? demandai-je.

John me jeta un regard narquois et agita son doigt taché dacide.

 Il me semble que vous vous intéressez bien singulièrement à la fille du défunt et regretté Achmet Genghis, dit-il.

 Comment sen empêcher? répondis-je franchement. Je lui trouve un des types les plus romanesques que jaie jamais rencontrés.

 Méfiez-vous de ces études-là, mon garçon, dit John dun ton paternel. Cest une occupation qui ne vaut rien à la veille dun examen.

 Ne faites pas le nigaud, répliquai-je. Le premier venu pourrait croire que je suis amoureux de miss Warrender, à vous entendre parler ainsi. Je la regarde comme un problème intéressant de psychologie, voilà tout.

 Cest bien cela, un problème intéressant de psychologie, voilà tout.

Il me semblait que John devait avoir encore autour de lui quelques vapeurs de ce gaz, car ses façons étaient réellement irritantes.

 Pour en revenir à ma première question, dis-je, depuis combien de temps est-elle ici?

 Environ dix semaines.

 Et Copperthorne?

 Plus de deux ans.

 Avez-vous quelque idée quils se soient déjà connus?

 Cest impossible, déclara nettement John. Elle venait dAllemagne. Jai vu la lettre où le vieux négociant donnait des indications sur sa vie passée. Copperthorne est toujours resté dans le Yorkshire, en dehors de ses deux ans de Cambridge. Il a dû quitter lUniversité dans des conditions peu favorables.

 En quel sens?

 Sais pas, répondit John. On a tenu la chose sous clef. Je mimagine que loncle Jérémie le sait. Il a la marotte de ramasser des déclassés et de leur refaire ce quil appelle une nouvelle vie. Un de ces jours, il lui arrivera quelque mésaventure avec un type de cette sorte.

 Aussi donc Copperthorne et miss Warrender étaient absolument étrangers lun à lautre il y a quelques semaines?

 Absolument. Maintenant je crois que je ferai bien de rentrer et danalyser le précipité.

 Laissez là votre précipité, mécriai-je en le retenant. Il y a dautres choses dont jai à vous parler. Sils ne se connaissent que depuis quelques semaines, comment a-t-il fait pour acquérir le pouvoir quil exerce sur elle?

John me regarda dun air ébahi.

 Son pouvoir? dit-il.

 Oui, linfluence quil possède sur elle.

 Mon cher Hugh, me dit bravement mon ami, je nai point pour habitude de citer ainsi lÉcriture, mais il y a un texte qui me revient impérieusement à lesprit, et le voici: «Trop de science les a rendus fous.» Vous aurez fait des excès détudes.

 Entendez-vous dire par là, mécriai-je, que vous navez jamais remarqué lentente secrète qui paraît exister entre la gouvernante et le secrétaire de votre oncle?

 Essayez du bromure de potassium, dit John. Cest un calmant très efficace à la dose de vingt grains.

 Essayez une paire de lunettes, répliquai-je. Il est certain que vous en avez grand besoin.

Et après avoir lancé cette flèche de Parthe je pivotai sur mes talons et méloignai de fort méchante humeur.

Je navais pas fait vingt pas sur le gravier du jardin, que je vis le couple dont nous venions de parler.

Ils étaient à quelque distance, elle adossée au cadran solaire, lui debout devant elle.

Il lui parlait vivement, et parfois avec des gestes brusques.

La dominant de sa taille haute et dégingandée, avec les mouvements quil imprimait à ses longs bras, il avait lair dune énorme chauve-souris planant au-dessus de sa victime.

Je me rappelle que cette comparaison fut celle-là même qui se présenta à ma pensée et quelle prit une netteté dautant plus grande que je voyais dans les moindres détails de la belle figure se dessiner lhorreur et leffroi.

Ce petit tableau servait si bien dillustration au texte, sur lequel je venais de prêcher, que je fus tenté de retourner au laboratoire et damener lincrédule John pour le lui faire contempler.

Mais avant que jeusse le temps de prendre mon parti, Copperthorne mavait entrevu.

Il fit demi-tour, et se dirigea dun pas lent dans le sens opposé qui menait vers les massifs, suivi de près par sa compagne, qui coupait les fleurs avec son ombrelle tout en marchant. Après ce petit épisode, je rentrai dans ma chambre, bien décidé à reprendre mes études, mais, quoi que je fisse, mon esprit vagabondait bien loin de mes livres, et se mettait à spéculer sur ce mystère.

Javais appris de John que les antécédents de Copperthorne nétaient pas des meilleurs, et pourtant il avait évidemment conquis une influence énorme sur lesprit affaibli de son maître.

Je mexpliquais ce fait, en remarquant la peine infinie, quil prenait pour se dévouer au dada du vieillard, et le tact consommé avec lequel il flattait et encourageait les singulières lubies poétiques de celui-ci.

Mais comment mexpliquer linfluence non moins évidente dont il jouissait sur la gouvernante?

Elle navait pas de marotte quon pût flatter.

Un amour mutuel eût pu expliquer le lien qui existait entre elle et lui, mais mon instinct dhomme du monde et dobservateur de la nature humaine me disait de la façon la plus claire quun amour de cette sorte nexistait pas.

Si ce nétait point lamour, il fallait que ce fût la crainte, et tout ce que javais vu confirmait cette supposition. Quétait-il donc arrivé pendant ces deux mois qui pût inspirer à la hautaine princesse aux yeux noirs quelque crainte au sujet de lAnglais à figure pâle, à la voix douce et aux manières polies?

Tel était le problème que jentrepris de résoudre en y mettant une énergie, une application qui tuèrent mon ardeur pour létude et me rendirent inaccessible à la crainte que devait minspirer mon examen prochain.

Je me hasardai à aborder le sujet dans laprès-midi de ce même jour avec miss Warrender, que je trouvai seule dans la bibliothèque, les deux bambins étant allés passer la journée dans la chambre denfants chez un squire1 du voisinage.

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