Dites-lui donc encore quelque chose en langue indienne; pour voir si elle nous comprend, oui ou non.
Johnson lui demanda son nom. A peine la question était-elle faite que la jeune fille répondit:
Mariami!
Mary Ann?.. elle dit? demanda Veghte fort intrigué.
Mariami un joli nom pour une indienne. Voulez-vous que je lui demande encore quelque chose?
Oui: tâchez de savoir pourquoi elle était restée seule.
Johnson l'interrogea de nouveau, mais sans succès: il fut désormais impossible de lui arracher une parole. A la fin, Veghte se consola en répétant son axiome «que les femmes étaient d'étranges choses;» et se renferma dans le silence, après avoir invité, par signes, la jeune fille à dormir.
Pendant près d'un quart d'heure pas un mot ne fut prononcé: Basil fumait, les yeux nonchalamment fixés sur le feu, lorsque tout à coup une idée lui vint, il releva la tête pour parler. En faisant ce mouvement il s'aperçut que Johnson et l'indienne se regardaient avec un air qui lui parut éminemment suspect. A l'instant où Veghte bougea, les yeux de son mystérieux compagnon s'abaissèrent vivement vers le feu, et y restèrent fixés avec une expression affectée de somnolence et de rêverie. On aurait pu croire que Johnson, absorbé dans ses méditations, avait depuis longtemps oublié l'univers entier, l'Indienne et Veghte lui-même.