Le dîner achevé, Cornélius remonta préparer ses bagages. Aldo qui, tout au long du repas, n’avait pas manqué d’observer la lueur guerrière allumée dans les yeux « couleur de miel » – d’aucuns les auraient qualifiés de jaunes ! – de Plan-Crépin annonça son intention d’aller faire un tour chez Adalbert dont il savait qu’il ne se couchait jamais de bonne heure.
Les grilles du parc Monceau étaient fermées à cette heure tardive, ce qui obligeait à un assez long détour pour gagner la rue Jouffroy. Il prit la voiture qu’il louait désormais chaque fois qu’il venait à Paris afin de ne pas perdre de temps à la recherche de taxis qui se raréfiaient toujours quand on avait besoin d’eux… Cela ne l’empêchait pas de regretter son vieil ami Karloff, ex-colonel de la cavalerie du Tsar, qui menait sa voiture comme son cheval à la tête d’une charge mais qui, après son accident, s’était reconverti dans la mécanique automobile en achetant un garage de compte à demi avec un compatriote
— C’est important ?
— Juge toi-même : c’est John-Augustus Belmont et la femme de chambre rescapée du naufrage, celle de Pauline… qui se trouve être la filleule de la défunte marquise et à qui elle destinait ses joyaux !
— M… !
— Je ne te le fais pas dire ! conclut Aldo avec une certaine satisfaction.
— Qu’est-ce qu’on va faire ?
— Merci pour le « on » ! Outre que j’ai promis à Cornélius de jeter un coup d’œil à son affaire, il est impossible de tourner le dos aux Belmont !
— Ben, voyons ! Tu as une idée sur la façon dont on peut s’y prendre ?
— Une vague. J’ai invité Berthier à venir boire un verre chez Tante Amélie demain soir.
— Tu veux insérer une annonce dans