Жульетта Бенцони - La Perle de l'Empereur стр 4.

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Ma foi non ! Je suis fatigué et je vais me coucher. Je te téléphonerai demain

Tu ne repars pas immédiatement pour Venise ?

Non. Il se peut que je fasse un détour par Vienne. Lisa et les jumeaux me manquent ! Mais je ne partirai pas sans te prévenir. Bonne fin de nuit ! Et prends garde aux frères de ta belle !

Mes intentions sont respectueuses !

Tu ne comptes tout de même pas lépouser ?

Et pourquoi pas ? Les tziganes ont leur noblesse et les Vassilievich en font partie. Je saurai leur parler

Mais rien ne dit quils técouteront. Ne fais pas limbécile, Vauxbrun ! Tu es riche, pas mal de ta personne et très connu sur la place de Paris ainsi quen dautres lieux, mais pour eux tu nes rien puisque tu nes pas un « rom » ! Alors fais attention !

Morosini se leva, tapa affectueusement sur lépaule de son ami et gagna la sortie au moment précis où la grosse Masha entamait sa dernière chanson. Il reprit au vestiaire son manteau dalpaga noir puis demanda au portier de lui appeler un taxi quil attendit en fumant une cigarette. Pas très longtemps : deux minutes ne sétaient pas écoulées que répondant au coup de sifflet de lhomme en tenue rouge galonnée dor, un taxi sarrêtait devant lui conduit par un chauffeur un peu âgé qui, sous une casquette en cuir bouilli, arborait longues moustaches et courte barbe grise dont la coupe annonçait un ancien militaire. Morosini monta, ouvrit la glace de séparation puis indiqua :

Allez jusquà la rue dAmsterdam puis revenez par la rue de Milan. Vous vous arrêterez rue de Clichy un peu en retrait de la rue de Liège.

Le chauffeur leva les sourcils mais ne fit aucun commentaire : bien quil ne fît pas le taxi depuis longtemps, il sétait rapidement habitué aux fantaisies des clients. Arrivé à destination, il se rangea le long du trottoir, coupa son moteur et attendit dautres ordres. Au fond de la voiture, Morosini alluma une autre cigarette

Enfin une forme imposante emballée dune sorte de dalmatique fourrée, dun châle bariolé, un fichu noué sous le menton, tourna le coin de la rue et rejoignit le taxi doù Morosini sortit pour lui tenir la portière. À sa surprise, la chanteuse interpella le chauffeur et échangea avec lui quelques phrases en russe :

Vous vous connaissez ?

De nos jours, la moitié des taxis parisiens sont menés par des Russes. Celui-ci est le colonel Karloff et je le connais bien. Il venait souvent mentendre chanter à Saint-Pétersbourg.

Preuve que cest un homme de goût ! Où allons-nous ?

Je le lui ai dit. À Montmartre, rue Ravignan

La voiture en effet sétait remise en marche et, après un demi-tour un peu laborieux, remontait à présent la rue de Clichy.

Et

quallons-nous y faire ?

Voir un ami qui a besoin de vous ! Cest une chance inespérée que vous soyez venu ce soir au Schéhérazade. Et plus encore que je sache qui vous êtes.

En quoi a-t-il besoin de moi ?

Vous le saurez bientôt. Vous êtes armé ?

Pour aller souper dans un cabaret russe ? Ce serait une drôle didée

En effet mais ça peut sarranger

Des multiples plis de sa jupe, Masha Vassilievich sortit un revolver quelle tendit à son compagnon :

Vous savez vous en servir, jespère ?

Bien entendu, mais si vous avez pris ce joujou cest que vous pensez en avoir besoin et si vous me le donnez, vous naurez plus rien ?

Sans sémouvoir, la tzigane tira dun invisible fourreau une navaja espagnole dont lacier brilla un instant sous la lumière fugitive dun réverbère.

Avec ça je frappe presque aussi vite quune balle de pistolet, expliqua-t-elle du ton paisible dune ménagère décrivant un point de tricot. Et je suis certaine que vous ne sauriez pas en faire autant.

Sans aucun doute ! fit Morosini amusé. Dites-moi est-ce vraiment tout ou bien transportez-vous un arsenal au complet ?

Imperméable à son humour, elle lui jeta un regard noir. Pendant ce temps, le taxi poursuivait lascension des pentes de Montmartre, lun des rares endroits que Morosini connût mal. Il était monté une fois au Sacré-Cœur mais, si la vue de Paris lavait enchanté, il avait trouvé affreuse la basilique et, lui préférant de beaucoup Notre-Dame, il ny était jamais retourné. À présent, ayant quitté le Montmartre des fêtards, la voiture sengageait dans les ruelles sombres du vieux village peuplé dartistes plus ou moins faméliques et de vieilles gens repliés sur leurs souvenirs.

Nous arrivons, signala Masha en désignant du menton un petit immeuble délabré qui faisait face à un terrain vague.

Lendroit était aussi mal éclairé que possible et elle fit glisser la vitre de séparation pour indiquer au chauffeur de sarrêter mais sans baisser son drapeau car il devait les attendre :

Jespère que vous nen aurez pas pour longtemps ! grommela-t-il. Lendroit na rien dhospitalier. Qui diable peut bien habiter là ?

Ceux qui nont pas assez dargent pour habiter ailleurs, riposta la tzigane. Par exemple des réfugiés comme vous et moi !

Ça va ! Je retire ! Nempêche que lon a limpression que cest plutôt désert par ici.

En effet aucune lumière ne se montrait à lun ou lautre des trois étages dont le dernier penchait quelque peu. En descendant de voiture Morosini embrassa du regard les murs lépreux, les volets fatigués et la porte qui navait pas lair dune solidité à toute épreuve. Elle souvrit sans peine sous la main de Masha qui sortit de sa jupe apparemment inépuisable une lampe de poche et lalluma pour éclairer un escalier de bois dont les marches gémirent lune après lautre sous les pas des nouveaux venus. On atteignit ainsi le dernier palier où deux portes se faisaient face, de chaque côté dune petite fontaine en fonte munie dun robinet

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