Морис Леблан - Тайны Арсена Люпена. Уровень 1 / Les Confi dences d’Arsène Lupin стр 4.

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 Celui-ci ne porte aucune date.»

Il sentit en elle une légère hésitation.

«Je vous en supplie[91], sécria-t-il, ne me cachez rien

 Je nai rien à cacher[92], fit-elle en relevant la tête. Alors, je me suis souvenue Avant mon mariage, un homme mavait aimée. Il est mort maintenant. Jai fait graver le nom de cet homme, et jai porté cet anneau comme on porte un talisman. Il ny avait pas damour en moi puisque jétais la femme dun autre.[93] Mais dans le secret de mon cœur, il y eut un souvenir, quelque chose de doux qui me protégeait»

Velmont lui prit la main, et prononça, tout en examinant lanneau dor:

«Lénigme est là. Votre mari, je ne sais comment, connaît la substitution. À midi, sa mère viendra. Devant témoins, il vous obligera dôter votre bague, et de la sorte[94], il pourra obtenir le divorce, puisquil aura la preuve quil cherchait. Donnez-moi cette bague»

Il sinterrompit brusquement. Tandis quil parlait, la main dYvonne sétait glacée dans la sienne, et, ayant levé les yeux, il vit que la jeune femme était pâle, affreusement pâle.

«Quy a-t-il? Je vous en prie»

«Il y a il y a que je suis perdue!.. Il y a que je ne peux lôter, cet anneau! Il est devenu trop petit!.. Comprenez-vous? Il fait partie de mon doigt[95] et je ne peux pas je ne peux pas. Ah! Je me souviens, lautre nuit un cauchemar que jai eu Il me semblait que quelquun entrait dans ma chambre et semparait de ma main. Et je ne pouvais pas me réveiller Cétait lui! cétait lui! Il mavait endormie, jen suis sûre et il regardait la bague Ah! je comprends tout je suis perdue»

Elle courut vers la porte Il lui barra le passage:

«Vous ne partirez pas.

 Mon fils Je veux le voir, le reprendre

 Savez-vous seulement où il est?

 Je veux partir!

 Vous ne partirez pas!.. Ce serait de la folie.»

Il la saisit aux poignets et réussit à la ramener vers le divan, puis à létendre, et il reprit les bandes de toile et lui attacha les bras et les chevilles.

«Oui, disait-il, ce serait de la folie. Qui vous aurait délivrée? Vous enfuir, cest accepter le divorce Il faut rester ici.»

Elle sanglotait.

«Jai peur Jai peur Cet anneau me brûle Emportez-le

 Et si lon ne le retrouve pas à votre doigt? Non, il faut affronter la lutte Croyez en moi je réponds de tout»

Quand il se releva, elle était liée comme auparavant. Puis il murmura:

«Pensez à votre fils, et, quoi quil arrive, ne craignez rien je veille sur vous.[96]«

Et il partit.

À trois heures et demie, Yvonne aperçut son mari qui entrait rapidement, lair furieux[97]. Il courut vers elle, sassura quelle était toujours attachée, et, semparant de sa main, examina la bague. Yvonne sévanouit

Elle ne sut pas au juste, en se réveillant, combien de temps elle avait dormi. Elle constata, au premier mouvement quelle fit, que les bandes étaient coupées. Elle tourna la tête et vit auprès delle son mari qui la regardait.

«Mon fils mon fils gémit-elle, je veux mon fils»

Il répliqua:

«Notre fils est en lieu sûr. Et, pour linstant, il ne sagit pas de lui, mais de vous. Nous sommes lun en face de lautre sans doute pour la dernière fois, et lexplication que nous allons avoir est très grave. Je dois vous avertir quelle aura lieu devant ma mère. Vous ny voyez pas dinconvénient?[98]«

Yvonne sefforça de cacher son trouble et répondit:

«Aucun.

 Je puis lappeler?

 Oui. Laissez-moi, en attendant. Je serai prête quand elle viendra.

 Ma mère est ici.

 Votre mère est ici? sécria Yvonne, éperdue et se rappelant la promesse dHorace Velmont.

 Vous ne désirez pas prendre quelque nourriture auparavant?

 Non non

 Je vais donc chercher ma mère.»

Il se dirigea vers la chambre dYvonne. Celle-ci jeta un coup dœil sur la pendule. La pendule marquait dix heures trente-cinq!

Dix heures trente-cinq! Horace Velmont ne la sauverait pas, et personne au monde, et rien au monde ne la sauverait.

Le comte revint avec la comtesse dOrigny et la pria de sasseoir. Elle ne salua même pas sa belle-fille.

«Je crois, dit-elle, quil est inutile de parler très longuement. En deux mots, mon fils prétend

 Je ne prétends pas, ma mère, dit le comte, jaffirme. Jaffirme sous serment[99] que, il y a trois mois, durant les vacances, jai trouvé lanneau de mariage que javais donné à ma femme. Cet anneau, le voici. La date du vingt-trois octobre est gravée à lintérieur.

 Alors, dit la comtesse, lanneau que votre femme porte

 Cet anneau a été commandé par elle en échange du véritable[100].»

Il se tourna vers sa femme.

«Voulez-vous, de votre plein gré[101], me donner cet anneau?»

Elle articula:

«Vous savez bien, depuis la nuit où vous avez essayé de le prendre à mon insu[102], quil est impossible de lôter de mon doigt.

 En ce cas, puis-je donner lordre quun homme monte? Il a les instruments nécessaires.

 Oui,» dit-elle dune voix faible comme un souffle.

Tout de suite, dailleurs, le comte rentrait, suivi de son domestique et dun homme qui portait une trousse sous le bras.

Et le comte dit à cet homme:

«Vous savez de quoi il sagit?

 Oui, fit louvrier. Une bague qui est devenue trop petite et quil faut trancher Cest facile»

Yvonne observa la pendule. Il était onze heures moins dix. Cétait fini. Horace Velmont navait pas pu la secourir. Et elle comprit que, pour retrouver son enfant, il lui faudrait agir par ses propres forces[103]. Alors elle tendit sa main fragile et tremblante que louvrier saisit, quil retourna, et appuya sur la table.

Lopération fut rapide. Le comte sexclama, triomphant:

«Enfin nous allons savoir la preuve est là! Et nous sommes tous témoins»

Il agrippa lanneau. Un cri de stupeur lui échappa. Lanneau portait la date de son mariage avec Yvonne: «Vingt-trois octobre».

Nous étions assis sur la terrasse de Monte-Carlo. Son histoire terminée, Lupin alluma une cigarette.

Je lui dis:

«Eh bien?

 Eh bien, quoi?

 Comment, quoi? mais la fin de laventure

 La fin de laventure? Mais il ny en a pas dautre. La comtesse est sauvée. Voilà tout.

 Oui oui mais la façon dont la comtesse a été sauvée?»

Lupin éclata de rire. Il prit une pièce de cinq francs et referma la main sur elle.

«Quy a-t-il dans cette main?

 Une pièce de cinq francs.»

Il ouvrit la main. La pièce de cinq francs ny était pas.

«Vous voyez comme cest facile! Un ouvrier coupe une bague sur laquelle est gravé un nom, mais il en présente une autre sur laquelle est gravée la date du vingt-trois octobre. Bigre![104] Jai travaillé six mois avec Pickmann.

 Louvrier bijoutier?

 Cétait Horace Velmont! Cétait ce brave Lupin

 Parfait,» mécriai-je.

Et jajoutai, un peu ironique à mon tour:

«Mais ne croyez-vous pas que vous-mêmes fûtes quelque peu dupé en loccurrence[105]?

 Ah! Et par qui?

 Par la comtesse.

 En quoi donc?

 Dame! ce nom inscrit comme un talisman ce beau ténébreux qui laima et souffrit pour elle Tout cela me paraît fort invraisemblable, et je me demande si vous nêtes pas tombé au milieu dun joli roman damour bien réel et pas trop innocent.»

Lupin me regarda de travers[106].

«Non, dit-il.

 Comment le savez-vous?

 La bague est voici. Vous pouvez lire le nom quelle avait fait graver.»

Il me donna la bague. Je lus «Horace Velmont».

Il y eut entre Lupin et moi un instant de silence.

Je repris: «Pourquoi vous êtes-vous résolu à me raconter cette histoire?

 Pourquoi?»

Il me montra, dun signe, une femme très belle encore qui passait devant nous, au bras dun jeune homme.

Elle aperçut Lupin et le salua.

«Cest elle, fit-il, cest elle avec son fils.

 Elle vous a donc reconnu?

 Elle me reconnaît toujours, quel que soit mon déguisement.

 Elle sait qui vous êtes?

 Oui.

 Et elle vous salue?» mécriai-je.

Il mempoigna le bras, et, violemment:

«Croyez-vous que je sois à ses yeux un cambrioleur, un escroc, un gredin? Mais je serais le dernier des misérables, jaurais tué, même, quelle me saluerait encore.

 Pourquoi? Parce quelle vous a aimé?

 Allons donc! ce serait une raison de plus, au contraire, pour quelle me méprisât.

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