Джек Марс - Président Élu стр 5.

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Ce qui était triste aussi, c’était que Marybeth habitait dans la vieille maison de Susan sur le terrain de l’Observatoire naval. Cette maison était l’un de ses endroits préférés. Elle aurait bien aimé y aller de temps en temps.

– On a un problème, déclara Kurt Kimball en désignant la télé muette.

Susan faillit éclater de rire.

– Kurt, j’ai toujours admiré ton don pour la litote.

Jefferson Monroe avait fait campagne sur la promesse – la promesse ! – qu’il solliciterait le Congrès pour pouvoir déclarer la guerre contre la Chine dès le premier jour de son mandat. En fait – la plupart des gens avaient du mal à le prendre au sérieux – il avait laissé entendre que la première action de l’armée américaine serait des frappes nucléaires tactiques sur les îles artificielles chinoises dans la mer de Chine méridionale. Il avait également promis qu’il érigerait des murs de sécurité autour des quartiers chinois de New York, Boston, San Francisco et Los Angeles. Il avait déclaré qu’il demanderait aux Canadiens de faire de même à Vancouver et à Calgary.

Tout naturellement, les Canadiens avaient rejeté cette idée.

– Ce pays est devenu fou, reprit Kurt. Et on s’attend à ce que Monroe réclame à nouveau ton discours d’acceptation, Susan.

Kat Lopez secoua la tête. En tant que cheffe de cabinet de Susan, Kat avait mûri et s’était épanouie ces deux dernières années. Elle avait également vieilli de dix ans. Lorsqu’elle avait pris ses fonctions, c’était une jeune femme de trente-sept ans d’une beauté irréelle ; maintenant elle faisait bien chaque minute de ses trente-neuf ans, voire plus. Des rides s’étaient creusées sur son visage et du gris s’insinuait dans le noir de jais de ses cheveux.

– Je te conseille de ne pas le faire, Susan, intervint-elle. Nous avons des preuves d’une suppression généralisée des bulletins des minorités dans cinq États du sud. Nous avons des soupçons de fraude pure et simple sur les machines de vote dans l’Ohio, la Pennsylvanie et le Michigan. Les décomptes sont encore trop serrés pour se prononcer en de nombreux endroits – ce n’est pas parce que les chaînes de télévision ont déclaré ces États comme lui étant acquis que nous devons le faire. ON peut faire traîner cette affaire des semaines, voire des mois.

– Et provoquer une crise de la succession présidentielle, ajouta Kurt.

– On peut la supporter, reprit Kat. On a vu pire. L’investiture n’est pas avant le 20 janvier. Si ça prend aussi longtemps, eh bien soit. Ça nous fait gagner du temps. S’il y a eu fraude, nos analystes vont la découvrir. S’il y a eu suppression de bulletins comme on le pense, il y aura des poursuites. En attendant, on gouverne toujours.

– Je suis d’accord avec Kat, intervint Marybeth à l’écran. Je dirais : combattons jusqu’à ce qu’on tombe.

Susan se tourna vers Haley Lawrence. Il était grand et costaud, avec des cheveux blonds ébouriffés. Son costume était tellement froissé qu’on aurait dit qu’il s’était évanoui dedans. Il avait l’air de s’être réveillé dix minutes plus tôt d’un sommeil agité, peuplé de cauchemars. À part leur taille, Kurt Kimball et lui n’avaient rien en commun.

– Haley, vous êtes le seul républicain dans cette pièce, dit-elle. Monroe est membre de votre parti. J’aimerais avoir votre avis avant de décider quoi que ce soit.

Lawrence mit un long moment à répondre.

– Je ne crois pas que Jefferson Monroe soit vraiment un républicain. Ses idées sont bien plus radicales que conservatrices. Il s’entoure de bandes de jeunes malfrats. Il a passé l’année dernière à flatter les penchants les plus vils et arriérés des coléreux et des rancuniers. Il est un danger pour la paix mondiale, pour l’ordre social et pour les idéaux sur lesquels ce pays a été fondé. (Haley prit une longue inspiration.) Je détesterais le voir, lui et son engeance, occuper ce bureau et ce bâtiment, même s’il s’avère qu’il a réellement gagné. Si j’étais vous, je lui ferais obstruction le plus longtemps possible.

Susan acquiesça. C’était ce qu’elle voulait entendre. Il était temps de se préparer à se battre.

– Très bien. Je ne vais pas reconnaître ma défaite. Nous n’allons nulle part.

Kurt Kimball leva la main.

– Susan, je te soutiens dans tout ce que tu veux faire, tant que tu tiens compte des conséquences potentielles de tes actions.

– Qui sont ?

Il se mit à les compter sur ses doigts, sans ordre particulier, comme s’il les décrivait à mesure qu’elles lui venaient à l’esprit.

– En refusant volontairement la passation de pouvoir, tu rompts avec une tradition vieille de deux siècles. Tu seras traitée de traîtresse, d’usurpatrice, de dictatrice en puissance, voire pire encore. Tu enfreindras la loi, et tu pourrais finalement être inculpée. Si aucune preuve de fraude électorale n’est avérée, tu passeras pour vaniteuse et stupide. Tu pourrais perdre ta place dans les livres d’histoire – alors qu’en ce moment, tu as un héritage en or.

Susan leva la main à son tour.

– Kurt, je comprends bien les conséquences. (Elle soupira profondément.) Eh bien, provoquons-les.

CHAPITRE QUATRE

11 novembre

16:15, heure normale de l’Est

Cimetière du mont Carmel

Reston, Virginie


Une unique rose rouge fraîchement coupée gisait sur l’herbe brunie. Luke contemplait le nom et l’épitaphe gravés dans le marbre noir miroitant :

REBECCA ST. JOHN

Vivre, rire, aimer

Ce jour maussade et couvert s’estompait déjà à l’approche de la nuit. Un frisson le parcourut. Il était épuisé par le long voyage de retour vers l’est. Il était également rasé de frais, avait les cheveux courts – il n’était plus protégé du froid par sa crinière hirsute. Il détourna son regard de la pierre tombale et parcourut le cimetière, rangée après rangée de tombes couvrant les pentes douces d’une colline dans un quartier tranquille de la banlieue de Washington.

Il leva les yeux vers le ciel plombé. Quand ils s’étaient mariés, Becca avait pris le nom de son mari. Apparemment, elle avait choisi d’être enterrée sous son nom de jeune fille. Ça le carbonisait au fond de lui. Leur rupture avait été totale. Il faillit lever le poing au ciel, contre Becca, où qu’elle puisse être maintenant.

La haïssait-il ? Non. Mais elle le mettait très, très en colère. Elle lui avait reproché tout ce qui avait raté durant leur mariage, y compris sa propre mort d’un cancer.

Au bas de la colline, une centaine de mètres plus loin sur la route du cimetière, une limousine d’un noir brillant s’arrêta devant la berline de location quelconque de Luke. Un chauffeur en livrée noire et casquette ouvrit la portière arrière.

Deux silhouettes en sortirent. L’une était un jeune garçon de grande taille comme son père, portant jean, sneakers, chemise et coupe-vent. L’autre était une vieille femme un peu voûtée, vêtue d’un lourd et long manteau de laine pour se protéger de la fraîcheur humide de l’automne. Luke n’eut pas à se demander qui elles étaient, il le savait déjà.

Il avait triché, bien sûr. Quinze minutes plus tôt, il avait suivi cette même limousine. Quand il avait deviné où elle allait, il avait décidé de la devancer ici. Les deux personnes qui remontaient lentement l’allée, bras dessus bras dessous, étaient Audrey, la mère de Becca, âgée de 72 ans, et Gunner, le fils de Luke et Becca, âgé de 13 ans.

Luke détourna les yeux tandis qu’ils approchaient, et scruta l’horizon comme s’il avait repéré quelque chose. Quand il reporta son regard sur eux, ils étaient tout proches. Il observa leur arrivée. Audrey avançait lentement, prêtant attention à chacun de ses pas – elle paraissait plus âgée qu’elle ne l’était. Gunner marchait maladroitement à ses côtés, afin de la soutenir. Ce rythme lent lui faisait presque perdre l’équilibre – il était tel un jeune poulain à l’écurie, tout en énergie frustrée, avide de déchaîner sa fougue et sa puissance.

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