Джек Марс - Président Élu стр 3.

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Il n’avait pas fait de feu depuis que la tempête était survenue. Depuis quarante heures, il n’avait pas quitté la tente sauf pour uriner. Il était à 1200 mètres du sommet, et il semblait qu’il n’allait pas y arriver. Certains pourraient dire qu’il n’arriverait nulle part.

Il était venu ici avec un manque cruel de préparation, il s’en rendait compte à présent. Il avait apporté assez d’eau pour quatre jours – et il n’en avait plus depuis deux jours. Depuis lors, il mangeait de la neige et de la glace pour s’abreuver. Ce n’était pas grave. Le pire, c’était la nourriture. Il avait apporté un tas de repas secs tout prêts. La plupart d’entre eux étaient engloutis maintenant. À l’arrivée de la tempête, il s’était mis à rationner la nourriture. Il mangeait moins de la moitié des calories quotidiennes dont il avait besoin – heureusement, il avait à peine bougé en deux jours, et il économisait son énergie.

Il ne s’était pas soucié d’apporter un réchaud. Il n’avait pas de radio, donc aucune idée de la météo. Il avait été amené ici par un hélicoptère privé, et n’avait pas laissé d’itinéraire au service du parc. Personne ne savait qu’il était ici à part le pilote de l’hélico, à qui il avait dit qu’il l’appellerait quand il aurait fini.

– Est-ce que j’essaie de me tuer ? se demanda-t-il à voix haute, surpris par le son de sa propre voix.

Il connaissait la réponse : non. Pas nécessairement. Si cela se produisait, tant pis, mais il n’essayait pas activement de mourir. On pourrait dire qu’il prenait le risque que cela arrive, qu’il prenait même des risques insensés, et qu’il le faisait depuis la mort de Becca.

Il désirait vivre. Il voulait juste devenir meilleur. Et s’il n’y arrivait pas…

Il avait échoué en tant que mari. Il avait échoué en tant que père. À 41 ans, sa carrière était derrière lui – il avait démissionné de son travail au gouvernement deux ans plus tôt et n’avait rien cherché d’autre. Il n’avait pas consulté son compte bancaire depuis un moment, mais il était raisonnable de supposer qu’il était presque à sec. La seule chose pour laquelle il avait toujours été assez doué, c’était de survivre dans un milieu rude et impitoyable. Et de tuer – il était bon pour ça aussi. Autrement, sa vie n’était qu’un échec total et abject.

Il risquait de mourir sur cette montagne, mais cette perspective ne le terrorisait pas du tout.

Il était vide, creux… indifférent.

– Faut que je trouve un moyen de sortir d’ici, dit-il.

Mais c’était juste pour meubler la conversation. Il pouvait partir… ou pas. Ce serait un bon endroit pour mourir, et chose facile. Tout ce qu’il avait à faire, c’était… rien. D’ici peu, il serait à court de nourriture. Boire de la neige fondue ne le ferait pas durer très longtemps. Il s’affaiblirait graduellement, jusqu’à ce qu’il ne puisse plus redescendre de la montagne par ses propres moyens. Il mourrait de faim. À un moment donné, il sombrerait dans le sommeil et ne se réveillerait plus jamais.

Que décider ? Que décider ?

Il se mit à crier tout à coup, surpris par sa propre voix :

– Donne-moi un signe ! Dis-moi quoi faire !

C’est alors que son téléphone fit quelque chose qu’il n’avait pas fait depuis longtemps : il sonna. Le son le fit sursauter, et son cœur manqua un battement. La sonnerie était à sa puissance maximale. C’était un morceau de rock que son fils Gunner avait mis dans son téléphone deux ans plus tôt. Luke ne l’avait jamais changé. Mieux, il l’avait laissé à dessein. Il chérissait cette chanson, qui constituait le dernier lien entre eux deux.

Il regarda le téléphone. Il lui évoquait une chose vivante, une vipère venimeuse, à manipuler avec précaution. Il le ramassa, jeta un œil au numéro affiché, et répondit :

– Allo ?

La ligne était brouillée. Naturellement, l’épaisseur de la toile de tente bloquait le signal satellite. Il allait devoir sortir pour prendre cet appel – une perspective peu réjouissante.

– Je vous rappelle ! cria-t-il dans l’appareil.

Même en s’activant, il lui fallut plusieurs minutes pour enfiler les couches de vêtements nécessaires. Il faisait trop froid dehors pour faire les choses à moitié. Il ouvrit la tente, rampa à travers la minuscule entrée et s’extirpa dans la tempête. Le vent et la glace cinglèrent en même temps son visage. Il devait faire vite.

Il accrocha un fanal lumineux aux montants de la tente et s’éloigna du bruit de la toile battant au vent, trébuchant à chaque pas dans la neige épaisse. Il avait pris une torche puissante et se retournait tous les quelques pas pour repérer la direction de son campement. Il n’y avait aucune lumière dehors, et la visibilité ne portait pas à plus de vingt mètres. La neige et la glace tourbillonnaient autour de lui.

Il appuya sur le bouton d’appel et glissa le téléphone dans la capuche de sa parka. Figé comme une statue, il écouta les bips tandis que le téléphone se connectait au satellite et que l’appel tentait de passer.

– Stone ? répondit une grosse voix masculine.

– Oui.

– Restez en ligne, je vous passe la présidente des États-Unis.

Il y eut une courte attente.

– Luke ? s’enquit une voix féminine.

– Madame la présidente ! cria Luke. (Il ne put s’empêcher de sourire.) Ça fait longtemps.

– Bien trop longtemps, répondit Susan Hopkins.

– Que me vaut cet honneur ?

– J’ai des ennuis, dit-elle. J’ai besoin de vous ici.

Luke y réfléchit un instant.

– Heu, je suis loin de tout en ce moment. Ça va être un peu compliqué de…

– Peu importe, trancha-t-elle. Où que vous soyez, je vous envoie un avion. Ou un hélicoptère. Tout ce qu’il vous faut.

– Un bon gros saint-bernard ferait l’affaire pour commencer, répondit Luke. Avec un petit tonnelet de whisky autour du cou.

– C’est fait. Il vous apportera aussi un sandwich, au cas où vous auriez faim.

Luke se retint de rire.

– C’est rien de le dire. Et quand j’aurai mangé, j’aurai vraiment besoin de cet hélico.

– Fait aussi. Avant de raccrocher, je vous passe quelqu’un qui va prendre vos coordonnées et enverra quelqu’un vous chercher. On se met en quatre ici. On croit au service à domicile.

Luke devait bien admettre qu’il ressentit un bref soulagement. Un instant plus tôt, il ne voyait aucun moyen de quitter cette montagne, pas de seconde chance dans sa vie. À présent, il en avait une. Avant, il ne savait plus s’il voulait vivre ou mourir – mais il en était sûr maintenant. Il le savait à la façon dont son sang n’avait fait qu’un tour quand elle lui avait offert une issue. Intellectuellement, il hésitait toujours, mais viscéralement, son corps s’était clairement exprimé.

Il voulait vivre.

Malgré tout l’enfer qu’il avait traversé, d’une façon ou d’une autre, il voulait vivre.

– Qu’est-ce qui se passe ? s’enquit-il.

Elle hésita, et quand elle parla, sa voix frémit légèrement. Il put l’entendre malgré le vent qui le fouettait.

– Hier, c’était l’élection présidentielle.

Luke considéra la chose. Il était hors circuit depuis si longtemps qu’il n’avait plus aucune idée de la date. Quelque part, loin d’ici, des gens faisaient campagne pour le poste suprême. Les roues du gouvernement continuaient de tourner. Il y avait des politiques à débattre et des décisions importantes à prendre. Il y avait une couverture médiatique et des moulins à paroles qui s’écharpaient. Il n’avait pas songé à tout cela depuis quelque temps. En fait, il en avait presque oublié l’existence.

Un long silence plana entre eux.

– Luke, reprit Susan. J’ai été battue.

CHAPITRE TROIS

08:03, heure normale de l’Est

Bureau ovale

Maison-Blanche, Washington DC


– Ce sale enfoiré, proféra-t-on dans la pièce. Il l’a truquée, purement et simplement.

Debout au milieu du grand bureau, Susan Hopkins regardait le large écran TV plat fixé au mur. Elle était toujours paralysée, presque en état de choc. Elle avait beau s’efforcer de se concentrer sur ce qu’elle voyait, elle peinait à avoir les idées claires. C’était trop à intégrer.

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