Джек Марс - Cible Principale: L’Entraînement de Luke Stone, tome 1 стр 12.

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Luke s’accroupit au-dessus de lui et leva le poing.

Riggs écarquilla les yeux et, pendant une fraction de seconde, la peur lui contracta les traits, puis son calme revint.

— Voilà ce que j’aime voir, dit-il. Un peu d’enthousiasme.

Luke inspira profondément et laissa son poing se détendre. Il regarda les autres hommes. Aucun d’eux n’avait bougé. Ils regardaient stoïquement la scène comme si voir un patient attaquer son thérapeute faisait partie d’une journée normale.

Non. Ce n’était pas ça. Ils regardaient comme s’ils ne s’intéressaient pas du tout à ce qui se passait, comme s’ils étaient au-delà de toute forme d’intérêt.

— Je sais ce que vous essayez de faire, dit Luke.

— J’essaie de vous faire sortir de votre coquille, Stone, et on dirait que ça commence finalement à marcher.

* * *

— Je ne veux pas te voir, dit Martinez.

Luke était assis dans une chaise en bois à côté du lit de Martinez. La chaise était étonnamment inconfortable, comme si elle avait été conçue pour encourager les gens à s’en aller au plus vite.

Luke faisait la chose qu’il avait évité de faire pendant des semaines : il rendait visite à Martinez. Il était dans un autre bâtiment de l’hôpital, certes, mais, depuis la chambre de Luke, il suffisait de marcher douze minutes pour aller le voir. Luke n’avait pas eu le courage de le faire jusqu’à ce jour.

Martinez avait une longue route à faire, mais ce voyage ne semblait pas l’intéresser du tout. Ses jambes avaient été déchiquetées et on ne pouvait pas les soigner. L’une était morte au niveau du bassin et l’autre sous le genou. Il avait encore l’usage de ses bras, mais il était paralysé juste au-dessous de la cage thoracique.

Avant que Luke était entré dans la chambre, une infirmière lui avait chuchoté que Martinez passait la plus grande partie de son temps à pleurer. Il passait aussi beaucoup de temps à dormir, car il prenait une lourde dose de calmants.

— Je suis juste venu dire adieu, dit Luke.

Martinez avait été en train de contempler la lumière brillante du jour par la fenêtre. Alors, il se tourna vers Luke. Son visage n’avait pas de problème. Il avait toujours été bel homme et il l’était encore. Dieu, ou le diable, ou celui qui s’occupait de ces choses, avait épargné le visage de Martinez.

— Bonjour et adieu, hein ? T’as raison, Stone. Tu es en un seul morceau, tu vas sortir d’ici, probablement obtenir une promotion, une sorte de citation. Tu ne combattras plus jamais parce que tu seras passé en psychiatrie. Tu piloteras un bureau, tu te feras plus d’argent, tu enverras d’autres gars au casse-pipe. T’as raison, mec.

Luke resta tranquillement assis. Il plia une jambe par-dessus l’autre. Il ne dit pas un mot.

— Sais-tu que Murphy est passé me voir il y a deux semaines ? Je lui ai demandé s’il comptait aller te voir, mais il a dit que non. Il ne voulait pas te voir. Stone ? Stone cire les pompes des huiles. Pourquoi faudrait-il qu’il aille voir Stone ? Murphy dit qu’il va prendre les trains de marchandises et traverser tout le pays, comme un clochard. C’est ce qu’il prévoit de faire. Tu sais ce que je pense ? Je pense qu’il va se tirer une balle dans la tête.

— Je suis désolé de ce qui s’est passé, dit Luke.

Cependant, Martinez n’écoutait pas.

— Comment va ta femme, mec ? La grossesse se passe bien ? Le petit Luke arrive ? C’est vraiment bien, Stone. Je suis heureux pour toi.

— Robby, qu’est-ce que je t’ai fait ? dit Luke.

Les larmes commencèrent à couler sur le visage de Martinez. Il frappa le lit de ses poings.

— Regarde-moi, mec ! Je n’ai plus de jambes ! Je vais pisser et chier dans une poche le reste de ma vie, OK ? Je ne peux pas marcher. Je ne remarcherai plus jamais. Je ne peux pas …

Il secoua la tête.

— Je ne peux pas …

Alors, Martinez commença à pleurer.

— Ce n’est pas moi qui l’ai fait, dit Luke.

Sa voix paraissait petite et faible, comme la voix d’un enfant.

— Si ! C’est toi qui l’as fait ! C’est toi qui l’as fait. C’est toi. C’était ta mission. Nous étions tes hommes. Maintenant, nous sommes tous morts. Tous sauf toi.

Luke secoua la tête.

— Non. C’était la mission de Heath. J’étais juste —

— Salaud ! Tu ne faisais que suivre les ordres, mais tu aurais pu dire non.

Luke ne dit rien. Martinez respirait profondément.

— Je t’ai dit de me tuer.

Il serra les dents.

— Je t’ai dit … de … me … tuer. Maintenant, regarde ce … cette horreur. C’est ta faute.

Il secoua la tête.

— Tu aurais pu le faire. Personne n’aurait su.

Luke le regardait fixement.

— Je ne pouvais pas te tuer. Tu es mon ami.

— Ne dis pas ça ! dit Martinez. Je ne suis pas ton ami.

Il tourna la tête vers le mur.

— Sors de ma chambre.

— Robby …

— Combien d’hommes as-tu tués, Stone ? Combien, hein ? Cent ? Deux cents ?

Luke parla à peine plus fort que s’il murmurait. Il répondit honnêtement.

— Je ne sais pas. J’ai arrêté de compter.

— Tu ne pouvais pas tuer un homme par faveur ? Faire une faveur à ton soi-disant ami ?

Luke ne répondit pas. Il n’avait jamais pensé à une telle chose. Tuer ses propres hommes ? Maintenant, il se rendait compte que c’était possible.

Pendant une fraction de seconde, Luke se retrouva sur cette colline ce matin froid. Il voyait Martinez allongé sur le dos, en train de pleurer. Luke se tenait au-dessus de lui. Il n’avait plus de munitions. Il n’avait plus que la baïonnette tordue en main. Il s’accroupissait à côté de Martinez, la baïonnette dépassant de son poing comme une pointe. Il la levait au-dessus du cœur de Martinez et …

— Je ne veux pas te voir, dit alors Martinez. Je veux que tu sortes de ma chambre. Allez, va-t’en, Stone ! Sors tout de suite.

Soudain, Martinez commença à hurler. Il prit le bouton d’appel de l’infirmière sur la table de chevet et commença à le frapper de son pouce.

— Je veux que tu partes ! Sors ! Dehors !

Luke se leva. Il leva les mains.

— OK, Robby. OK.

— DEHORS !

Luke se dirigea vers la porte.

— J’espère que tu mourras, Stone. J’espère que ton bébé mourra.

Alors, Luke se retrouva dans le hall. Deux infirmières venaient vers lui. Elles ne couraient pas, mais elles marchaient vite.

— Est-ce qu’il va bien ? dit la première.

— Tu m’as entendu, Stone ? J’espère que ton …

Cependant, Luke s’était déjà couvert les oreilles et courait dans le hall. Il traversa le bâtiment en courant aussi vite que possible et en haletant. Il vit le panneau SORTIE, tourna vers lui et sortit brusquement par les portes doubles. Alors, il courut sur un sentier en béton dans les jardins. Çà et là, des gens se retournaient pour le regarder, mais Luke continuait à courir. Il courut jusqu’à ce que ses poumons commencent à le brûler.

Un homme arrivait dans l’autre sens. Il était plus âgé, mais large et fort. Il marchait droit, comme un militaire, mais il portait un jean et un blouson de cuir. Ce ne fut que lorsque Luke l’eut presque rejoint qu’il se rendit compte qu’il le connaissait.

— Luke, dit l’homme. Où cours-tu, mon garçon ?

Luke s’arrêta. Il se pencha et posa les mains sur les genoux. Sa respiration était rauque et difficile. Il se força à aspirer de grandes goulées d’air.

— Don, dit-il. Oh, mon Dieu, Don, c’est pas la forme.

Il se releva. Il tendit la main pour serrer celle de Don Morris, mais Don le prit dans ses bras et le serra fort. Luke fut tellement ému qu’il ne trouva pas de mots pour décrire ce qu’il ressentait. Don était comme un père pour lui. Son émotion grandit. Il se sentit en sécurité. Il se sentit soulagé. Il eut l’impression d’avoir passé très longtemps à garder beaucoup de choses en lui-même, des choses que Don savait intuitivement sans qu’il soit nécessaire de les lui dire. Être serré par Don Morris, c’était comme retourner chez soi.

Au bout d’un long moment, ils s’écartèrent l’un de l’autre.

— Que faites-vous ici ? dit Luke.

Il avait cru que Don était venu de Washington pour voir les huiles de Fort Bragg, mais Don lui fit comprendre son erreur en seulement quelques mots.

— Je suis venu te chercher, dit-il.

* * *

— C’est une bonne affaire, dit Don. Tu n’obtiendras pas mieux.

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