Джек Марс - La Traque Zéro стр 9.

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“Donc on ne sait pas encore qui elle était ?” demanda Reid.

“Non, mais on y travaille. J’ai un technicien sur le coup qui scanne les fréquences de la police et qui jette un œil par satellite. Dès que j’ai la moindre info, je te tiens au courant.”

Reid pestait. Sans pièce d’identité, ils n’allaient pas pouvoir retrouver son véhicule. Même si ce n’était pas grand-chose, ils avaient au moins une piste à exploiter et il lui tardait de se mettre en route. Il ouvrit la portière de la Trans Am en demandant, “Quelle sortie ?”

Watson secoua la tête. “Ne va pas là-bas, Kent. L’endroit doit grouiller de flics et je suis sûr que l’Agent Strickland est déjà en route.”

“Je serai prudent.” Il ne pensait pas la police ou cet agent débutant capables de découvrir tout ce que lui pourrait trouver. De plus, si Rais jouait avec lui comme Reid le pensait, il y aurait peut-être un autre indice sous forme de raillerie qui lui serait exclusivement destiné.

La photo de ses filles lui revint en tête, celle que Rais avait envoyée depuis le téléphone de Maya, et il se souvint d’une dernière chose. “Tiens, grade ça pour moi s’il te plaît.” Il tendit à Watson son propre téléphone mobile. “Rais a le numéro de Sara et j’ai configuré un renvoi d’appel de son numéro vers le mien. Si un message ou un appel survient, tiens-moi au courant.”

“Compte sur moi. La scène de crime se trouve à la sortie soixante-trois. Autre chose ?”

“N’oublie pas de demander à Maria de m’appeler.” Il s’installa au volant de la voiture de sport et fit un signe de tête à Watson. “Merci pour tout ce que tu fais pour moi.”

“Je ne le fais pas pour toi,” lui rappela froidement Watson. “Je le fais pour les filles. Et Zéro ? Si je suis grillé, si je suis compromis de la moindre façon et qu’ils découvrent ce que je fabrique avec toi, je lâche l’affaire. C’est compris ? Je ne peux pas me permettre d’être mis au placard par l’agence.”

D’instinct, Reid sentit au départ la colère monter en lui : il s’agit de mes filles et il a peur de se faire mettre au placard ? Mais, ce sentiment disparut aussi vite qu’il était venu. Watson était un allié inattendu dans toute cette affaire et ce type se mouillait pour ses filles. Pas pour lui, mais pour des gamines qu’il connaissait à peine.

Reid acquiesça rapidement. “Je comprends.” À l’attention du mécanicien bourru et solennel, il ajouta, “Merci, Mitch. J’apprécie votre aide.”

Mitch grommela une réponse et appuya sur une télécommande pour ouvrir la porte de garage, tandis que Reid grimpait dans la Trans Am. L’intérieur était propre, sentait bon et était entièrement habillé de cuir. Le moteur démarra immédiatement et vrombit sous le capot. Un modèle de 1987, lui indiqua son cerveau. 5.0 litres, moteur V8. Au moins deux-cent-cinquante chevaux.

Il quitta le Third Street Garage et se dirigea vers l’autoroute, les mains bien serrées sur le volant. Les horreurs qui lui étaient précédemment passées par la tête avaient été remplacées par une résolution et une détermination de fer. Il y avait un numéro spécial. La police était sur le coup. La CIA était sur le coup. Et, à présent, lui aussi était sur la route à leur recherche.

Papa arrive. Je serai bientôt là pour vous.

Et pour lui.

CHAPITRE CINQ

“Vous devriez manger.” L’assassin désigna l’emballage carton du chinois à emporter sur la table de chevet, près du lit.

Maya secoua la tête. La bouffe avait depuis longtemps refroidi et elle n’avait pas faim. Elle restait assise sur le lit, les genoux relevés. Appuyée contre elle, Sara avait la tête posée sur ses genoux. Les filles étaient menottées ensemble, le poignet gauche de Maya au poignet droit de Sara. Elle ne savait pas d’où il sortait ces menottes, mais l’assassin les avait averties plusieurs fois que si l’une d’elle tentait de s’échapper ou de faire du bruit, ce serait l’autre qui en pâtirait.

Rais était assis dans un fauteuil près de la porte de cette chambre d’hôtel miteuse avec une moquette orange et des murs jaunes. La pièce sentait l’humidité et la salle de bains empestait la javel. Ils étaient là depuis quatre heures. Le vieux réveil sur la table de chevet lui indiquait en chiffres rouges LED qu’il était deux heures et demie du matin. La télévision était allumée sur une chaîne d’infos avec le volume bas.

Un break blanc était garé juste à l’extérieur, à quelques mètres de la porte. L’assassin l’avait volé à la nuit tombée sur le parking d’un concessionnaire de voitures d’occasion. C’était la troisième fois qu’ils changeaient de véhicule depuis le matin : du pick-up de Thompson à la berline bleue et, à présent, ce SUV blanc. À chaque fois, Rais avait changé de direction, allant d’abord au sud, puis de nouveau au nord et, enfin, au nord-est vers la côte.

Maya avait bien compris son manège : il jouait au jeu du chat et de la souris, laissant les véhicules volés à différents endroits afin que les autorités n’aient aucune idée de leur direction. Leur chambre d’hôtel était à environ quinze kilomètres de Bayonne, non loin de la frontière entre le New Jersey et l’état de New York. Le motel en lui-même était un bâtiment tout en longueur si délabré et tellement crade qu’en passant devant, on avait l’impression qu’il était fermé depuis des années.

Les filles n’avaient pas beaucoup dormi. Sara avait fait de petites siestes dans les bras de Maya, vingt à trente minutes par-ci, par-là avant de se redresser d’un coup en gémissant, comme si elle se réveillait d’un rêve et se rappelait où elle était finalement.

Maya avait combattu sa fatigue, essayant de rester éveillée aussi longtemps que possible. Elle savait que Rais allait forcément s’endormir à un moment et que ça pourrait lui fournir les quelques précieuses minutes dont elles avaient besoin pour s’enfuir. Mais le motel était situé dans une zone industrielle. Elle avait vu quand ils s’étaient garés qu’il n’y avait pas de maisons aux alentours, ni d’entreprise à proximité susceptible de rester ouverte à cette heure de la nuit. Elle n’était même pas certaine qu’il y ait qui que ce soit à la réception du motel. Elles n’auraient nulle part où aller dans la nuit et les menottes allaient les ralentir.

Pour finir, Maya avait succombé à la fatigue et s’était assoupie sans le vouloir. Elle était endormie depuis moins d’une heure quand elle se réveilla avec un léger halètement. Et elle haleta de nouveau quand elle vit Rais assis dans le fauteuil à moins d’un mètre d’elle.

Il regardait droit vers elle, les yeux grands ouverts, sans ciller.

Elle en eut la chair de poule… Une bonne minute s’écoula ainsi, puis une autre. Elle l’observait, le fixant des yeux, sa crainte teintée de curiosité. C’est alors qu’elle comprit.

Il dort avec les yeux ouverts.

Elle se demandait ce qui était le plus perturbant : se réveiller et se rendre compte qu’il l’observait ou qu’il dormait les yeux ouverts.

Puis il cligna des yeux et elle haleta une nouvelle fois, surprise, la gorge complètement nouée.

“Nerfs faciaux endommagés,” dit-il à voix basse, presque en chuchotant. “Il paraît que c’est assez perturbant à regarder.” Il montra le carton du chinois à emporter qui avait été livré dans leur chambre bien des heures plus tôt. “Tu devrais manger.”

Elle fit non de la tête, berçant Sara avec ses genoux.

La chaîne d’infos répétait tout bas les principaux événements survenus dans la journée. Une organisation terroriste était reconnue responsable d’avoir libéré un virus mortel de variole sur l’Espagne et d’autres parties d’Europe. Son leader, ainsi que le virus, avaient été appréhendés et plusieurs autres membres étaient à présent sous les verrous. L’après-midi même, les États-Unis avaient levé l’interdiction du trafic international pour tous les pays, sauf le Portugal, l’Espagne et la France où il y avait encore des cas isolés de variole mutée. Mais tout le monde était confiant quant à la maîtrise de la situation par l’Organisation Mondiale de la Santé.

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