Блейк Пирс - Le Quartier Idéal стр 6.

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Ce fut seulement quand elle se retrouva dans l’ascenseur qui descendait vers le parking souterrain qu’elle perdit le contrôle. Sans vraiment comprendre pourquoi, elle eut l’impression de tomber dans un trou sombre creusé dans le sol. Elle courut jusqu’à la voiture et s’assit dans le siège du conducteur, laissant ses sanglots et ses haut-le-cœur lui secouer le corps.

Soudain, au milieu des larmes, elle comprit. Ce qui l’avait frappée durement, c’était l’irrévocabilité du rendez-vous. Elle n’aurait pas à revenir avant six mois. Ce serait une visite normale. Le stade grossesse de sa vie était, pour autant qu’elle puisse prévoir, terminé.

Elle sentit presque la porte émotionnelle lui claquer à la figure et la souffrance fut terrible. Son couple avait pris fin de la façon la plus choquante possible, elle avait appris que le père assassin qu’elle pensait avoir relégué dans son passé était de retour dans son présent et, maintenant, comprendre qu’elle avait eu un être vivant en elle et qu’elle n’en avait plus était trop dur à supporter.

Elle sortit du parking souterrain, la vision brouillée par ses larmes. Elle n’en avait que faire. Elle se rendit compte qu’elle appuyait fort sur l’accélérateur et fonçait vers le sud, sur Robertson. En début d’après-midi, il y avait peu de circulation. Pourtant, elle faisait un zigzag effrayé entre les voies.

Devant elle, à un feu rouge, elle vit un grand camion de déménagement. Elle appuya violemment sur l’accélérateur et sentit son cou partir violemment en arrière quand elle accéléra. La limitation de vitesse était de cinquante kilomètres-heure mais elle était à soixante-dix, quatre-vingt-dix et elle dépassa les quatre-vingt-seize. Elle était sûre que, si elle heurtait ce camion assez fort, toute sa douleur disparaîtrait en un instant.

Elle jeta un coup d’œil à sa gauche et, alors qu’elle passait à toute vitesse, elle vit une mère qui marchait sur le trottoir avec son fils en bas-âge. L’idée que ce petit garçon puisse voir une masse de métal froissé, de feu atrocement chaud et de restes humains calcinés la calma immédiatement.

Jessie freina brusquement et s’arrêta avec un grincement à seulement quelques mètres de l’arrière du camion. Elle tourna dans le parking de la station-essence qui se trouvait à sa droite, se gara et arrêta la voiture. Elle respirait avec difficulté et l’adrénaline courait dans son corps, lui donnant des sensations de picotement désagréables dans les extrémités.

Quand elle eut passé environ cinq minutes assise là, immobile et les yeux fermés, elle arrêta de haleter et sa respiration redevint normale. Elle entendit un bourdonnement et ouvrit les yeux. C’était son téléphone. L’écran affichait le nom de l’agent Ryan Hernandez de la Police de Los Angeles. Le dernier semestre, il était intervenu pendant son cours de criminologie, où elle l’avait impressionné en résolvant avec brio une étude de cas qu’il avait présentée aux étudiants. Il était aussi venu la voir à l’hôpital après que Kyle avait essayé de la tuer.

“Bonjour, bonjour”, se dit Jessie à voix haute pour vérifier si sa voix avait un son normal. Elle l’avait plus ou moins. Elle répondit à l’appel.

“Jessie.”

“Bonjour, Mlle Hunt. C’est l’agent Ryan Hernandez. Vous vous souvenez de moi ?”

“Bien sûr”, dit-elle, contente d’avoir l’air normale au téléphone. “Quoi de neuf ?”

“Je sais que vous avez eu votre diplôme ces derniers temps”, dit-il d’une voix qu’elle trouva plus hésitante que dans ses souvenirs. “Avez-vous trouvé un emploi ?”

“Pas encore”, répondit-elle. “Pour l’instant, je réfléchis.”

“Dans ce cas, j’aimerais vous proposer quelque chose.”

CHAPITRE QUATRE

Une heure plus tard, Jessie était assise dans l’accueil du Poste de Police Communautaire Central du Département de Police de Los Angeles ou, comme on l’appelait plus couramment, la Division du Centre-Ville, où elle attendait que l’inspecteur Hernandez vienne la retrouver. Elle refusait expressément de penser à sa quasi-crise de nerfs. Cela faisait trop de choses pour le moment. Elle préféra se concentrer sur ce qui allait se passer.

Pendant l’appel, Hernandez en avait dit très peu et avait affirmé qu’il ne pouvait pas entrer dans les détails. Il avait juste dit qu’un poste de débutant était disponible et qu’il avait pensé à elle. Il lui avait demandé de venir en discuter en personne car il voulait évaluer son intérêt avant de parler d’elle à ses supérieurs.

Pendant que Jessie attendait, elle essaya de se rappeler de ce qu’elle savait sur Hernandez. Elle l’avait rencontré en automne, quand il était venu au cours de maîtrise de psychologie judiciaire pour parler des applications pratiques du profilage. Elle avait appris qu’il avait été un policier de quartier et qu’il avait participé à la capture de Bolton Crutchfield.

En cours, il avait présenté un cas de meurtre complexe aux étudiants et avait demandé si l’un d’eux pouvait trouver quels avaient été le coupable et son mobile. Seule Jessie avait trouvé la solution. En fait, Hernandez avait dit que seulement un étudiant avait résolu ce cas avant elle.

La fois suivante où elle l’avait vu, c’était à l’hôpital, pendant qu’elle se remettait de l’attaque de Kyle. À cette époque-là, elle avait été un peu sous sédatifs, donc, elle ne se souvenait pas de tout.

S’il était venu, c’était seulement parce qu’elle l’avait appelé. Elle avait eu des soupçons sur les antécédents de Kyle avant qu’elle ne l’ait rencontré à dix-huit ans et elle avait appelé Hernandez en espérant qu’il pourrait lui fournir des pistes. Elle avait laissé un message vocal et, quand l’agent n’avait pas réussi à la rappeler après plusieurs tentatives, surtout parce que son mari l’avait attachée dans leur maison, il avait pisté son téléphone portable et avait constaté qu’elle était à l’hôpital.

Quand il lui avait rendu visite, il s’était rendu utile en la tenant au courant du procès en cours contre Kyle. Cependant, il avait aussi clairement soupçonné (et à raison) que Jessie n’avait pas tout dit sur ce qu’elle avait fait après que Kyle avait tué Natalia Urgova.

C’était vrai. Quand Kyle avait persuadé Jessie qu’elle avait elle-même tué Natalia dans un accès de rage éthylique dont elle n’arrivait pas à se souvenir, il avait proposé de couvrir le crime en jetant le corps de la victime à la mer. Malgré les doutes que Jessie avait eus à ce moment-là, elle n’avait pas eu le courage d’aller se confier à la police. C’était une chose qu’elle regrettait encore aujourd’hui.

Hernandez avait tout deviné mais, pour autant qu’elle sache, il n’en avait jamais parlé à personne. Une petite partie d’elle-même craignait que ce soit vraiment pour cette raison-là qu’il lui avait demandé de venir au poste aujourd’hui et que l’emploi ne soit qu’un prétexte pour l’attirer au poste. Elle se dit que, s’il l’emmenait dans une salle d’interrogatoire, elle saurait à quoi s’en tenir.

Au bout de quelques minutes, il vint l’accueillir. Il n’avait guère changé. Il avait environ trente ans et il était bien bâti sans être trop imposant. Comme il mesurait environ un mètre quatre-vingts et pesait un peu moins de quatre-vingt-dix kilos, il était visiblement en bonne forme. Ce ne fut que quand il se rapprocha qu’elle se souvint qu’il était extrêmement musclé.

Il avait les cheveux noirs et courts, les yeux marron et un large sourire chaleureux qui mettait probablement tout le monde à l’aise, même les suspects. Elle se demanda s’il s’entraînait à sourire pour cette raison précise. Elle vit l’alliance à sa main gauche et se souvint qu’il était marié mais qu’il n’avait pas d’enfants.

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