Блейк Пирс - La maison d’à côté стр 8.

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« Est-ce que tu as récemment eu des nouvelles de papa ? » demanda Chloé.

Danielle se contenta de secouer la tête. « Avec ton boulot, je pensais que ce serait plutôt toi qui aurais des nouvelles. Enfin, s’il y avait des nouvelles à avoir. »

« Ça fait déjà un petit temps que j’ai arrêté de vérifier. »

« Ce n’est pas plus mal, » dit Danielle, en étouffant un bâillement du revers de la main.

« Tu as l’air fatiguée, » dit Chloé.

« Je le suis. Mais pas fatiguée par manque de sommeil. Le médecin m’avait prescrit des antidépresseurs. Mais ça m’empêchait de dormir. Et quand tu es serveuse dans un bar et que tu ne rentres pas chez toi avant trois heures du matin, tu ne peux pas vraiment te permettre de prendre des médocs qui perturbent tes heures de sommeil. »

« Tu dis que le médecin te les avait prescrits. Ça veut dire que tu ne les prends plus ? »

« Non. Ça perturbait mon sommeil, mon appétit et ma libido. Depuis que j’ai arrêté de les prendre, je me sens beaucoup mieux… juste que je suis tout le temps un peu lasse. »

« Pourquoi est-ce qu’il te les avait prescrits ? » demanda Chloé.

« À cause de ma fouineuse de sœur, » dit Danielle, en ne plaisantant qu’à moitié. Elle s’interrompit un instant avant de répondre de manière honnête. « Je commençais à être facilement déprimée. Et ça venait de nulle part. Je gérais ça de manière un peu stupide. Par l’alcool et le sexe. »

« Si c’était pour traiter une dépression, tu devrais probablement les reprendre, » dit Chloé, tout en réalisant, au moment même où les mots sortaient de sa bouche, combien cette phrase était intrusive. « À quoi ça te sert une libido, de toute façon ? » demanda-t-elle, en pouffant de rire.

« Pour ceux d’entre nous qui ne sommes pas sur le point de nous marier, c’est plutôt important. Ce n’est pas comme si on pouvait s’envoyer en l’air quand on voulait. »

« Tu n’as jamais eu de problèmes pour te trouver des mecs, » dit Chloé.

« Et c’est toujours le cas, » dit-elle, en posant deux tasses de café sur la table. « C’est juste que c’est trop de boulot. Surtout dernièrement. Avec ce type, du genre sérieux, qui veut y aller doucement…. Enfin, tu vois. »

« C’est la seule raison pour laquelle je me marie avec Steven, tu sais, » dit Chloé, en essayant de plaisanter. « J’en ai eu marre de toutes ces sorties avec lui, à attendre d’en arriver au lit. »

Elles se mirent toutes les deux à rire à ce commentaire. Cela aurait dû leur paraître naturel de rire à nouveau ensemble mais il y avait quelque chose de forcé dans tout ça.

« Alors, qu’est-ce qui se passe vraiment ? » demanda Danielle. « Ce n’est pas ton genre de passer sans prévenir. Enfin… pas que je sache, puisqu’on n’a plus eu l’occasion de se voir depuis plus d’un an. »

Chloé hocha la tête, en se rappelant la seule fois où elles s’étaient vues au cours de ces dernières années. Danielle était venue à Philadelphia pour un concert et elle était venue dormir chez elle. Elles avaient un peu parlé, mais pas beaucoup. Danielle était saoule et elle avait fini par s’endormir sur le divan. À un moment de la conversation, elles avaient parlé de leur mère, mais également de leur père. C’était la seule fois où Chloé avait entendu sa sœur dire ouvertement qu’elle aimerait lui rendre visite.

« La scène de crime de ce matin, » dit Chloé. « Ça m’a fait repenser à ce matin-là, devant l’appartement. J’avais en permanence cette image en tête, de tout ce sang en bas des escaliers et ça m’a fortement affectée. J’ai cru que j’allais vomir. Et ce n’est pas du tout mon genre, tu sais bien. La scène en elle-même était plutôt soft comparée à certaines choses que j’ai déjà eu l’occasion de voir. C’est juste que ça m’a profondément atteinte. Ça m’a fait penser à toi et j’ai eu besoin de te voir. Tu vois ce que je veux dire ? »

« Oui, bien sûr. Tu sais, ces antidépresseurs… Je suis certaine que mon état dépressif venait des cauchemars que je faisais concernant papa et maman. Ça me laissait toujours dans un état de déprime pendant des jours. Je n’avais plus envie de sortir de mon lit car je ne faisais plus confiance à personne. »

« Eh bien, j’allais justement te demander comment tu faisais pour gérer quand ces souvenirs remontaient à la surface, mais j’imagine que j’ai ma réponse, non ? »

Danielle hocha la tête et détourna le regard. « Avec des médocs. »

« Ça va ? »

Danielle se contenta de hausser les épaules mais Chloé remarqua qu’elle était maintenant en colère. « Ça ne fait que dix minutes qu’on est ensemble et tu es déjà parvenue à revenir sur le sujet. Mon dieu, Chloé… tu ne pourrais pas te contenter de vivre ta vie sans chaque fois repenser à toute cette merde ? Je ne sais pas si tu te rappelles mais quand tu m’as appelée pour me dire que tu venais te réinstaller à Pinecrest, on avait décidé de ne plus parler du sujet. Que ça faisait partie du passé, tu te rappelles ? »

Chloé fut prise par surprise. Elle venait de voir sa sœur passer d’une humeur sarcastique à une véritable colère en une fraction de seconde. Bien sûr, le sujet de leurs parents était douloureux mais la réaction de Danielle était bipolaire par nature.

« Ça fait combien de temps que tu ne prends plus tes médocs ? » demanda Chloé.

« Je t’emmerde. »

« Combien de temps ? »

« Trois semaines, à quelques jours près. Pourquoi ? »

« Parce que je ne suis là que depuis un quart d’heure et ça m’a suffi pour savoir que tu en as vraiment besoin. »

« Merci, docteur. »

« S’il te plaît, recommence à les prendre. Je veux que tu sois là à mon mariage. En tant que demoiselle d’honneur, tu te rappelles ? Au risque de paraître égoïste, j’aimerais vraiment que ce soit une journée agréable pour toi. Alors, s’il te plaît, recommence à prendre tes médocs. »

La mention de demoiselle d’honneur provoqua une réaction chez Danielle. Elle soupira et se détendit. Elle fut de nouveau capable de regarder Chloé dans les yeux et, bien qu’elle soit encore en colère, il y avait également quelque chose de plus tendre dans son regard.

« OK, » dit-elle.

Elle se leva et se dirigea vers un petit panier en osier qui était posé sur le plan de travail. Elle en sortit un flacon de médicaments, prit un comprimé et l’avala avec une gorgée de café.

« Merci, » dit Chloé. Mais elle insista encore un petit peu car elle avait l’impression qu’il y avait autre chose qui n’allait pas. « Est-ce que tout va bien, pour le reste ? »

Danielle réfléchit un instant et Chloé la surprit à jeter un coup d’œil furtif en direction de sa porte d’entrée. Ce fut très bref mais elle vit de la peur dans ses yeux – Chloé en était certaine.

« Oui, tout va bien. »

Chloé connaissait assez bien sa sœur pour savoir qu’il ne fallait pas insister.

« Alors, ça consiste en quoi exactement une fête de quartier ? » demanda Danielle.

Chloé se mit à rire. Elle avait presque oublié la capacité de Danielle de passer du coq à l’âne avec la grâce d’un éléphant au milieu d’un magasin de porcelaine. En une fraction de seconde, elles avaient changé de sujet. Chloé observait sa sœur mais elle ne la vit plus regarder en direction de la porte avec cette pointe de crainte qu’elle avait vue dans son regard.

Chloé avait néanmoins l’impression que Danielle lui cachait quelque chose. Peut-être que Danielle finirait par lui en parler si elles passaient plus de temps ensemble.

Mais lui parler de quoi exactement ? se demanda Chloé, en jetant un coup d’œil en direction de la porte.

Et ce fut à ce moment-là qu’elle réalisa qu’elle ne connaissait vraiment pas bien sa sœur. Il y avait encore des côtés en elle qui ressemblaient à cette ado gothique de dix-sept ans dont elle ne se souvenait que trop bien. Mais il y avait également quelque chose d’autre chez Danielle maintenant… quelque chose de plus sombre. Quelque chose qui nécessitait la prise de médicaments pour contrôler son humeur, pour l’aider à dormir et à fonctionner normalement.

Chloé se rendit compte qu’elle avait peur pour sa sœur et qu’elle aimerait pouvoir l’aider du mieux qu’elle le pourrait.

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