Andres Mann - Tess стр 6.

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Tess réfléchit quelque temps.

« Bien, pourquoi pas. Je vais voir avec Aara quels morceaux nous pourrons travailler ensemble. Elle devrait être prête pour le prochain semestre.

— Excellent. Tenez-moi au courant si vous avez des questions. »

En se dirigeant vers la sortie, Jake fit part de ses doutes.

« Tess, je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée qu'Aara s'entraîne avec toi. Quand il s'agit de musique, vous êtes à l'opposé l'une de l'autre. Tu dois t'assurer de la mener en douceur et non de la diriger comme un soldat. Elle est très sensible et pourra ne pas bien prendre que tu lui dises comment jouer.

— J'en suis consciente, Jake. Je dois juste y aller doucement et l'encourager à jouer des morceaux auxquels elle s'intéresse un peu moins. »

Jake n'était toujours pas certain que Tess sache s'en tenir au plan, mais il savait que ce n'était pas le bon moment pour en parler. Il héla un taxi.

6. Argent et Petits Caractères

Laurent et Fadime atterrirent à l'aéroport de JFK à New York et passèrent les formalités de douane. Leurs bagages avaient déjà été récupérés par des porteurs orchestrés par le chauffeur de limousine, portant une pancarte au nom de Fadime. Ils montèrent en voiture. Le chauffeur se fraya adroitement un chemin à travers la circulation et, bientôt, il déposa ses passagers devant un élégant appartement au sud de Central Park. Le lendemain, peu après le petit déjeuner, Fadime partit rencontrer ses avocats. Laurent avait des réunions de son côté.

Quand Fadime revint en milieu de journée, Laurent l'emmena déjeuner dans un restaurant chic sur Spring Street dans le West Village. En attendant leurs plats, il lui demanda comment s'était déroulée sa rencontre au bureau de ses avocats. Fadime était contrariée et n'aborda le sujet qu'après avoir pris un Martini sec.

« Je ne peux pas le croire, commença-t-elle. Amir a laissé toute sa fortune à Aara quand elle aura atteint son dix-huitième anniversaire. Tout, l'argent, les maisons, les investissements. Il ne m'a même pas nommée exécuteur testamentaire.

— Mais sûrement, tu ne manques pas d'argent, souligna Laurent, essayant de calmer sa colère.

— Il m'a laissé une rente confortable mais apparemment il ne me faisait pas assez confiance pour gérer le reste de ses actifs. J'aurais pu avoir quelque influence sur Aara si j'étais sa tutrice mais j'ai fait l'erreur de laisser Tess et Jake l'adopter. Et maintenant, ils sont à même de contrôler cet argent. »

Laurent feuilleta les documents que Fadime avait apportés avec elle.

« Ce testament a l'air tout à fait inattaquable. Il établit clairement que la totalité de la fortune ira à Aara quand elle aura dix-huit ans. »

Fadime demanda un autre Martini.

« C'est scandaleux. Si j'avais connu les intentions d'Amir, je n'aurais pas laissé Aara partir.

— Pourquoi avais-tu laissé Tess et Jake adopter Aara ?

— Je n'aime pas être entourée d'enfants. Je n'ai pas la fibre maternelle. Je m'étais momentanément occupée d'Aara et du petit Morgan, le fils de Tess et d'Amir, après qu'Amir les ait récupérés. J'ai fait tout ce que j'ai pu pour prendre soin d'eux mais l'expérience ne m'avait pas plu. À la mort d'Amir, je ne voulais surtout pas m'encombrer d'un enfant à élever. Aara avait quatre ans à l'époque. Tess, de son côté, voulait vraiment cette enfant. J'avais donc pris des dispositions pour qu'elle et Jake puissent l'adopter.

— Et te voilà écartée, on dirait bien. Il aurait fallu plus de réflexion avant d'avoir laissé cette enfant partir.

— Ce n'est pas de tes reproches dont j'ai besoin, Laurent. Mais de ton aide.

— Mais bien sûr que je t'aiderai, ma chère. Laisse-moi prendre connaissance de ce document en détail pour voir s'il existe un moyen de contourner ces dispositions. »

Leur repas fut servi. Fadime goûta à quelques huîtres merveilleusement fraîches ainsi qu'à une queue de homard. Laurent avait commandé la même chose et Fadime fut agacée qu'il appréciât son repas comme s'il n'avait pas le moindre souci au monde. Mais en fait, son cerveau, une vraie machine financière, tournait déjà à plein régime. Il continuait de lire tout en mangeant puis il émit un « Aha ! »

— Tu as trouvé quelque chose ? demanda Fadime en repoussant son assiette sur le côté.

— Il y a une ombre au tableau, déclara Laurent. Je crois que je peux faire quelque chose.

— Qu'est-ce que c'est ?

— Il y a une disposition importante ici. Il est dit que pour qu'Aara touche l'héritage, elle doit se marier dans l'une des trois familles éminentes qui se sont historiquement alliées avec les al-Saadi.

— Et ? Cela ne regarde qu'Aara. Comment est-ce à mon avantage ?

— Ce sont des familles musulmanes et tout ça sent le bon vieux mariage arrangé. Et moi, je connais Tess, et je suis prêt à parier qu'elle a élevé cette enfant dans un environnement laïque. À l'heure qu'il est, Aara doit être complètement occidentalisée. Je ne vois pas comment Tess peut la laisser retourner vivre dans une société musulmane. Et si Tess arrive à convaincre Aara de laisser tomber l'héritage à cause de cette clause inacceptable, voilà la chance que la situation soit à ton avantage. En tant que seul autre parent vivant d'Amir, il va de soi que tu deviennes l'héritier suppléant si les choses ne suivent pas leur cours.

— Tu présupposes qu'Aara ne voudra pas se marier et donc renoncera à l'héritage. Nous ne pouvons en être certains.

— Cela dépendra du montant de l'argent en jeu et s'il existe quelque intérêt à ce qu'elle accepte. J'ai assez traité avec Tess pour avoir une raison de penser qu'il existe là une opportunité pour nous.

— Qu'entends-tu par "nous" ?

— Je pourrais accepter d'offrir mon assistance et résoudre ton problème, à condition que j'en tire quelque chose.

— Tu es un être avide et odieux, Laurent. C'est par amour que tu devrais m'aider.

— Ne perdons pas la tête, ma chère. Je t'apprécie beaucoup mais je n'appellerais pas ce que nous partageons "amour". Nous nous apprécions l'un l'autre, et c'est très bien comme ça.

— Je continue de penser que tu es odieux mais ce n'est pas comme si j'avais le choix, dit Fadime en faisant la moue.

— On passe au dessert ? »

7. Qu'Elle Paie

Au Carnegie Hall à New York, Tess jouait au piano les dernières notes de la Sonate Tragique de MacDowell, expression d'un sombre et mélancolique chagrin. Tout en accélérant vers le point culminant de l'œuvre, ses doigts frappaient les notes graves du clavier comme s'il s'agissait d'une enclume. Quand l'interprétation prit fin, Tess se leva pour recevoir les applaudissements du public puis, répondant à son rappel, elle retourna s'asseoir pour entamer la Toccata de Prokofiev. La Toccata, d'une durée d'à peine quatre minutes, était l'un des morceaux favoris de Tess, principalement parce qu'elle ne pouvait résister au défi de maîtriser ce morceau particulièrement difficile. Elle s'y plongea, entamant un ré répété et persistant qu'elle jouait de la main droite, et à qui la main gauche faisait écho une octave plus bas. Après un court développement, elle continua par des envolées chromatiques de la main gauche pendant que la droite jouait une figuration en boucle. Vers la fin, Tess martela une suite rapide de notes qui avait un rien de diabolique. Le public s'emporta et se mit à applaudir à tout rompre.

Dans l'un des box privés, deux de ses vieux ennemis l'écoutaient avec fascination. La férocité avec laquelle Tess jouait, caractéristique de son tempérament, ou du moins dans le souvenir de leurs échanges passés, émerveillait Laurent Belcour. Fadime lui ficha un coup de coude dans les côtes.

« On dirait que tu es encore sous le charme de cette horrible femme, siffla-t-elle. C'est incroyable que tu aies réussi à me convaincre de venir la voir jouer. Ce n'est pas une femme, c'est un ouragan. Ça ne lui suffit pas de marteler les touches, elle est en train de démolir ce piano.

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