Блейк Пирс - Sans Coup Ferir стр 8.

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Elle fixa sa mère du regard, un sourire jusqu’aux oreilles.

— Mais tu es restée. Je sais que tu as repoussé ton départ pour voir la pièce. Tu sais ce que ça représente pour nous ?

Riley sentit ses yeux se mouiller de larmes. Elle s’approcha et prit sa fille dans ses bras.

— Ça ne te dérange pas que je m’en aille ? demanda Riley.

— Oui, ça va. Jilly m’a dit qu’elle espérait que tu attraperais des méchants. Elle est très fière de ce que tu fais, maman. Moi aussi.

Riley était bouleversée. Ses deux filles grandissaient si vite. Et elles devenaient des jeunes femmes extraordinaires.

Elle embrassa April sur le front.

— Je t’aime, ma chérie, dit-elle.

— Je t’aime aussi, dit April.

Riley agita son doigt sous le nez de sa fille.

— Maintenant, qu’est-ce que c’est que ça ? dit-elle. Eteins-moi cette lumière et au lit. Il y a école demain.

April éteignit la lumière en gloussant. Riley retourna dans sa chambre pour chercher son sac.

Il était minuit et elle était obligée de conduire jusqu’à Washington pour attraper un vol commercial.

La nuit allait être longue.

CHAPITRE SIX

Le loup était allongé sur le ventre dans le désert.

C’était comme ça qu’il aimait s’imaginer. Une bête sauvage à l’affût de sa prochaine proie.

Il avait une excellente vue de Fort Nash Mowat d’ici. La nuit était agréable et fraîche. Il surveillait sa proie à travers la visée de son fusil.

Il pensa à toutes ses précédentes victimes qu’il détestait.

Il y a trois semaines, Rolsky.

Puis Fraser.

Ensuite, Worthing.

Il les avait abattus avec adresse, d’une balle dans la tête, avec tant de précision qu’ils ne s’étaient rendus compte de rien.

Ce soir, c’était au tour de Barton.

Le loup regardait Barton déambuler sur le chemin mal éclairé. Même si l’image à travers la visée était grise et granuleuse, sa cible était bien visible.

Mais il ne tirerait pas. Pas tout de suite.

Il n’était pas assez loin. Quelqu’un pourrait localiser sa position, même s’il utilisait un cache-flamme sur son fusil de précision M110. Il n’allait pas commettre cette erreur de débutant, ni sous-estimer les soldats de cette base militaire.

Tout en suivant les mouvements de Barton à travers sa lunette, le loup prit le temps d’apprécier le poids du M110 dans ses mains. Ces jours-ci, l’armée préférait équiper ses soldats d’un autre modèle de fusil de précision, le Heckler & Koch G28. Le G28 était peut-être plus léger et plus compact, mais le loup préférait le M110. C’était un fusil plus précis, même s’il était plus difficile à cacher.

Il avait vingt coups dans son chargeur, mais il n’avait besoin que d’une seule balle.

Il allait abattre Barton d’un seul coup de feu, ou pas du tout.

Il sentait presque l’énergie de sa meute, comme si elle le regardait, comme si elle le soutenait.

Barton était arrivé à destination : un des courts de tennis de la base. D’autres joueurs le saluèrent. Il commença à sortir ses affaires de sport.

Barton se trouvait maintenant dans une zone bien éclairée. Le loup n’avait plus besoin de sa visée nocturne. Il détacha le dispositif, puis il visa la tête de Barton. L’image n’était plus granuleuse, mais claire et vive.

Barton était à trois cents mètres.

A cette portée, le fusil avait une marge d’erreur de deux centimètres et demi.

C’était au loup de rester dans cette marge.

Il savait qu’il y arriverait.

Il me suffit de presser la détente, pensa-t-il.

C’était tout ce dont il avait besoin.

Le loup savoura l’instant suspendu juste avant le tir.

Il y avait quelque chose de religieux dans cet instant, quand il attendait de tirer, de se convaincre de presser la détente. Pendant cet instant, il avait l’impression d’avoir un pouvoir de vie et de mort entre ses mains. Le geste irrévocable arriverait dans la plénitude d’un instant.

C’était sa décision de tirer – et en même temps, ça ne l’était pas du tout.

A qui revenait donc la décision ?

Il aimait croire qu’il y avait vraiment un loup en lui – une créature implacable qui prenait le commandement pendant cet instant suspendu et fatal.

L’animal était à la fois son ami et son ennemi. Il l’aimait d’un amour étrange qu’on ne réserve qu’à un ennemi mortel. C’était son animal intérieur qui faisait ressortir ce qu’il y avait de meilleur en lui.

Le loup attendit que l’animal frappe.

Mais l’animal ne fit rien.

Le loup ne pressa pas la détente.

Il se demanda pourquoi.

Quelque chose ne va pas, pensa-t-il.

Il finit par comprendre assez vite.

L’image du terrain de tennis illuminé par les spots était bien trop claire et nette.

Le tir ne demandait aucun effort.

Ça ne représentait pas le moindre défi.

Ce n’était pas digne d’un loup.

Et puis, c’était trop tôt depuis le dernier meurtre. Il avait espacé les précédents pour laisser aux hommes qu’il détestait le temps de douter et de le craindre. Tuer Barton maintenant pourrait compromettre l’effet psychologique de son travail.

Il sourit. Il se leva en emportant son fusil et revint sur ses pas.

Il avait eu raison de laisser sa proie tranquille.

Personne ne savait quand il frapperait la prochaine fois.

Pas même lui.

CHAPITRE SEPT

Il faisait encore nuit quand l’avion de Riley décolla. Même avec le décalage horaire, il ferait jour quand elle arriverait à San Diego. Le vol allait durer plus de cinq heures et Riley était déjà fatiguée. Il fallait qu’elle soit en forme et opérationnelle demain matin quand elle rejoindrait Bill et Lucy. Ils avaient un travail sérieux à effectuer et Riley devait se tenir prête.

Je ferais mieux de dormir, pensa-t-elle. La femme assise à côté d’elle somnolait déjà.

Riley inclina son siège et ferma les yeux. Mais au lieu de s’endormir, elle pensa à la pièce de Jilly.

Elle sourit en pensant à la manière dont la Perséphone de Jilly avait assommé Hadès et s’était échappée du monde souterrain par ses propres moyens.

Puis son cœur se serra quand elle pensa à leur première rencontre. Ça s’était passé la nuit dans un relais routier de Phoenix. Jilly s’était sauvée de chez elle pour échapper à un père violent et elle était montée dans la cabine d’un camion. Elle avait l’intention de vendre son corps au routier quand il reviendrait.

Riley frémit.

Qu’est-ce qui serait arrivé à Jilly si Riley ne l’avait pas trouvée cette nuit-là ?

Des amis et des collègues disaient souvent à Riley qu’elle avait fait un très beau geste en ramenant Jilly chez elle.

Alors pourquoi n’en était-elle pas fière ? Elle ne ressentait que du désespoir.

Après tout, il y avait tant de Jilly dans le monde. Seules quelques-unes échappaient à une existence terrible.

Riley ne pouvait pas toutes les aider, pas plus qu’elle ne pouvait débarrasser le monde de tous les psychopathes.

C’est tellement futile, pensa-t-elle. Tout ce que je fais.

Elle ouvrit les yeux et regarda par la fenêtre. Le jet s’éloignait des lumières de Washington. Dehors, il n’y avait qu’une impénétrable obscurité.

En plissant les yeux pour percer les ténèbres, Riley pensa à la réunion de la veille, avec Bill, Lucy et Meredith. Elle ne savait pas grand-chose sur sa nouvelle affaire. Meredith avait dit que les trois victimes avaient été abattues d’un coup de feu tiré de loin par un tireur d’élite.

Qu’est-ce que ça lui apprenait sur le tueur ?

Tuer était-il un sport pour lui ?

Ou était-il investi d’une sinistre mission ?

Une chose paraissait certaine : le tueur savait ce qu’il faisait et il était doué.

Cette affaire représentait un sacré défi.

Les paupières de Riley devenaient lourdes.

Je vais peut-être réussir à dormir, pensa-t-elle. Elle reposa la tête et ferma les yeux.

*

Riley fixait du regard ce qui semblait être un millier de Riley, tournées les unes vers les autres à des angles divers, chacune plus petite que la précédente, jusqu’à disparaitre.

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