Блейк Пирс - De Sac et de Corde стр 9.

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— Puis-je vous demander pourquoi ?

— J’ai besoin de lui parler de la mort de sa fille en automne.

Un silence passa.

Riley dit :

— Je suis navrée de déranger Mme Webber et sa famille pour lui parler de cette terrible tragédie. Mais j’ai besoin d’éclaircir certaines choses.

Un autre silence.

— Je suis désolée, dit lentement la réceptionniste. Mais la représentante Webber n’est pas à Washington en ce moment. Vous allez devoir attendre qu’elle rentre du Maryland.

— A quelle date ? demanda Riley.

— Je ne saurais pas vous le dire. Il faudra que vous rappeliez.

La réceptionniste raccrocha sans ajouter un mot.

Elle est dans le Maryland, pensa Riley.

En faisant une recherche, elle découvrit rapidement où vivait Hazel Webber. Ça ne devrait pas être difficile à trouver.

Mais avant que Riley n’ait eu le temps de démarrer sa voiture, son téléphone vibra.

— Ici Hazel Webber, dit la personne au bout du fil.

Riley sursauta. La réceptionniste avait dû contacter la représentante tout de suite après avoir raccroché. Riley ne s’attendait pas à recevoir un appel de Webber elle-même, et certainement pas si vite.

— En quoi puis-je vous aider ? demanda Webber.

Riley lui expliqua qu’elle voulait éclaircir certains points sur la mort de sa fille.

— Pourriez-vous être plus précise ? demanda Webber.

— Je préfèrerais vous voir, dit Riley.

Webber ne répondit pas tout de suite.

— J’ai bien peur que ce ne soit impossible, dit-elle enfin. Et je vous serais reconnaissante de ne pas nous déranger, moi ou ma famille. Nous sommes en train de nous remettre de cette terrible perte. Je suis sûre que vous comprenez.

Le ton cassant de la femme prenait Riley au dépourvu. Il n’y avait pas une seule trace de chagrin dans cette voix.

— Mme Webber, si vous vouliez bien m’accorder un peu de votre temps…

— J’ai dit non.

Webber raccrocha.

Riley resta bouche bée. Comment interpréter cet étrange échange téléphonique ?

Tout ce qu’elle savait, c’était qu’elle avait touché un point sensible.

Et elle devait aller dans le Maryland.

*

La route était agréable. Comme il faisait beau temps, Riley passa par le pont de Chesapeake pour avoir le plaisir de rouler au-dessus de l’eau.

Elle se retrouva bientôt dans la campagne du Maryland, entre les prés clôturés et les belles demeures ou les granges cachées derrière les allées d’arbres.

Riley se gara devant le portail du domaine des Webber. Un homme en uniforme sortit de sa cahute pour venir lui parler.

Riley montra son badge et se présenta :

— Je viens voir la représentante Hazel Webber, dit-elle.

Le garde parla dans son micro, puis il s’approcha à nouveau de Riley.

— Mme Webber dit qu’il doit y avoir une erreur, dit-il. Elle ne vous attend pas.

Riley lui adressa un large sourire.

— Oh, elle est occupée en ce moment ? Ce n’est pas grave : je ne suis pas pressée. J’attendrai qu’elle ait le temps.

Le garde fronça les sourcils, sans doute pour l’intimider.

— J’ai bien peur de devoir vous demander de partir, madame, dit-il.

Riley haussa les épaules et fit comme si elle n’avait pas compris :

— Vraiment, ça ne me dérange pas du tout. Je peux l’attendre.

Le garde s’éloigna et parla à nouveau dans son micro. Après avoir foudroyé Riley du regard, il retourna dans sa cahute et ouvrit le portail. Au volant de sa voiture, Riley entra dans le domaine.

Elle passa devant un pré couvert de neige, où deux chevaux trottaient. C’était un spectacle très apaisant.

La maison au bout de l’allée était plus grande qu’elle ne s’y attendait – un manoir contemporain. Il y avait d’autres bâtiments bien entretenus de l’autre côté d’une colline.

Un homme asiatique l’accueillit sans un mot à la porte. Il était assez grand et fort pour être un sumo. Son costume de majordome lui donnait l’air presque grotesque tant il semblait inapproprié. Il conduisit Riley dans un couloir dont le parquet était d’un riche bois brun-rouge.

Une petite femme morne prit le relais et fit entrer Riley dans un bureau sinistrement propre et bien tenu.

— Attendez ici, dit-elle.

Elle sortit, en fermant la porte derrière elle.

Riley s’assit devant le bureau. Les minutes passèrent. Riley fut tentée plusieurs fois de jeter un coup d’œil aux documents qui se trouvaient sur le bureau ou dans l’ordinateur. Mais il y avait très probablement des caméras de sécurité.

Enfin, la représentante Hazel Webber entra dans le bureau.

C’était une femme grande, mince mais intimidante. Elle ne semblait pas assez âgée pour siéger au Congrès aussi longtemps que Riley ne l’avait supposé – et certaine pas assez âgée pour avoir une fille à l’université. La raideur de ses traits tenait peut-être de l’habitude ou trahissait l’usage du Botox – ou les deux.

Riley se rappela l’avoir vue à la télévision. Quand elle rencontrait quelqu’un qu’elle avait déjà vu dans une émission de télé, elle était souvent frappée par les différences. Etonnamment, Hazel Webber semblait exactement la même, comme si elle était réellement une personne en deux dimensions – anormalement creuse.

Sa tenue étonna Riley. Pourquoi portait-elle une veste par-dessus son pull ? Il faisait assez chaud.

Ça fait partie de son style, je suppose, pensa Riley.

La veste lui donnait l’air plus formel et plus professionnel qu’un pull et un pantalon. C’était une sorte d’armure, une protection contre le contact humain.

Riley se leva pour se présenter, mais Webber parla la première.

— Agent spécial Riley Paige de Quantico, dit-elle. Je sais.

Sans ajouter un mot, elle s’assit à son bureau.

— Que venez-vous me dire ? demanda Webber.

Une bouffée d’inquiétude remonta dans la poitrine de Riley. Bien sûr, elle n’avait rien à dire à la représentante. Toute cette visite n’était qu’un coup de poker, et Riley comprit soudain que Webber n’était pas le genre de femme à se laisser manipuler. Riley allait devoir marcher sur des œufs.

— En fait, je suis là pour vous demander des informations, dit Riley. Vous mari est à la maison ?

— Oui, dit la femme.

— Serait-il possible de vous parler à tous les deux ?

— Il sait que vous êtes là.

Sa réponse déstabilisa Riley, mais elle prit soin de ne pas le montrer. La femme l’épinglait de son regard bleu et froid. Riley ne broncha pas. Elle se contenta de lui renvoyer son regard fixe, en se préparant à répondre coup pour coup.

Elle dit :

— L’Unité d’Analyse Comportementale enquête sur une recrudescence inhabituelle de suicides présumés à Byars.

— De suicides présumés ? répéta Webber en haussant un sourcil. Je ne parlerais pas en ces termes du suicide de Deanna. Mon mari et moi, nous ne présumons de rien. La mort de notre fille est bien réelle.

Riley eut l’impression que la température dans la pièce chutait de quelques degrés. Webber n’avait pas trahi la moindre émotion en évoquant le suicide de sa propre fille.

Elle a de la glace dans les veines, pensa Riley.

— J’aimerais savoir ce qui s’est passé, dit-elle.

— Pourquoi ? Je suis sûre que vous avez lu le rapport.

Bien sûr, ce n’était pas le cas, mais Riley devait continuer de bluffer.

— J’aimerais l’entendre de votre bouche, dit-elle.

Webber ne répondit pas pendant quelques secondes. Son regard fixe ne quittait pas celui de Riley.

— Deanna a eu un accident en faisant de l’équitation l’été dernier, dit Webber. Sa hanche était très abimée. Il aurait fallu la remplacer. Pour elle, l’équitation et la compétition, c’était terminé. Elle était bouleversée.

Webber se tut.

— Elle prenait de l’oxycodone pour la douleur. Elle a fait une overdose, délibérément. C’était intentionnel. Il n’y a rien à dire de plus.

Riley sentit que Webber lui cachait volontairement quelque chose.

— Où ça s’est passé ?

— Dans sa chambre, dit Webber. Elle était dans son lit. Le médecin légiste dit qu’elle est morte d’un arrêt respiratoire. Elle avait l’air endormi quand la bonne l’a trouvée.

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