Блейк Пирс - De Sac et de Corde стр 7.

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Peut-être qu’ils n’y croyaient pas tout à fait.

Après les témoignages, on invita les personnes présentes à s’approcher du corps. Riley resta bien assise. Elle était certaine que le croque-mort avait fait du bon travail. Ce qui restait de la pauvre Lois ne ressemblait plus à ce que ses parents avaient trouvé dans le garage. Et Riley savait déjà reconnaitre un corps mort par strangulation.

Enfin, le prêcheur donna sa bénédiction et on emporta le cercueil. La famille sortit la première, puis tout le monde suivit.

En sortant, Riley vit Tiffany et April échanger une étreinte larmoyante. Quand Tiffany l’aperçut, elle se précipita vers elle.

— Vous pouvez faire quelque chose ? demanda-t-elle d’une voix étranglée.

Secouée, Riley parvint à lui répondre :

— Non, je suis désolée.

Avant que Tiffany n’ait eu le temps d’insister, son père l’appela. La famille monta dans une limousine noire. Tiffany les rejoignit et le véhicule démarra.

Riley se tourna vers April, qui refusa de croiser son regard.

— Je vais prendre le bus pour rentrer, dit-elle.

Elle tourna les talons et Riley n’essaya pas de l’en empêcher. Le cœur serré, elle se dirigea vers sa voiture dans le parking.

*

Ce soir-là, le diner fut beaucoup moins joyeux qu’il ne l’avait été deux jours plus tôt. April ne parlait toujours pas à Riley, ou à qui que ce soit. Son chagrin était contagieux. Ryan et Gabriela avaient la mine sombre.

Au milieu du repas, Jilly s’exclama soudain :

— Je me suis fait une copine à l’école aujourd’hui. Elle s’appelle Jane. Elle a été adoptée, comme moi.

Le visage d’April s’éclaira.

— C’est génial, Jilly !

— Ouais, on a beaucoup de choses en commun. On parle beaucoup.

Le moral de Riley remonta un peu. C’était bien que Jilly commence à se faire des amis. Et Riley savait qu’April s’inquiétait pour elle.

Les deux filles discutèrent un peu, puis le silence s’installa à nouveau, aussi sombre qu’auparavant.

Riley savait que Jilly essayait de remonter le moral d’April, mais la jeune fille avait l’air inquiet à présent. La tension au sein de sa nouvelle famille devait la mettre mal à l’aise. Jilly avait peur de perdre ce qu’elle venait tout juste de trouver.

J’espère qu’elle se trompe, pensa Riley.

Après le diner, les filles montèrent dans leurs chambres et Gabriela nettoya la cuisine. Ryan versa à Riley un verre de bourbon, puis un autre pour lui, et tous deux s’assirent dans le salon.

Ni l’un ni l’autre ne parla pendant un long moment.

— Je vais à l’étage parler à April, dit enfin Ryan.

— Pourquoi ?

— Elle est injuste et elle te manque de respect. On ne devrait pas la laisser s’en tirer comme ça.

Riley soupira.

— Elle n’est pas injuste, dit-elle.

— Comment tu appelles ça, toi ?

Riley réfléchit quelques instants.

— Elle est très investie, dit-elle. Elle s’inquiète pour son amie Tiffany et elle se sent impuissante. Elle a peur que quelque chose de terrible soit arrivé à Lois. On devrait être contents qu’elle pense aux autres. Ça veut dire qu’elle grandit.

Ils se turent à nouveau.

— Alors, à ton avis, que s’est-il passé ? demanda enfin Ryan. Tu penses que Lois s’est suicidée ou qu’elle a été assassinée ?

Riley secoua la tête d’un air las.

— Si seulement je le savais. J’ai appris à suivre mon instinct, mais mon instinct ne me dit rien du tout. Je n’ai aucune intuition.

Ryan lui tapota la main.

— Peu importe ce qui s’est passé. Dans tous les cas, ce n’est pas ta responsabilité, dit-il.

— Tu as raison.

Ryan bâilla.

— Je suis fatigué, dit-il. Je crois que je vais me coucher de bonne heure.

— Je vais rester un peu là, dit Riley. Je n’ai pas encore envie de dormir.

Ryan monta à l’étage et Riley se versa un autre grand verre. La maison était silencieuse et Riley se sentit seule et étrangement impuissante – comme April, probablement. Après un autre verre, elle se détendit. Elle retira ses chaussures et s’allongea sur le canapé.

Peu après, quand elle se réveilla, elle se rendit compte que quelqu’un avait déposé une couverture sur elle. Ryan avait dû descendre pour voir ce qu’elle faisait et il s’était assuré qu’elle ait chaud.

Riley sourit, un peu moins seule. Puis elle s’endormit à nouveau.

*

Riley eut une impression de déjà-vu quand April se précipita dans le garage des Pennington.

Comme elle l’avait fait la première fois, Riley l’appela :

— April, n’y va pas !

Cette fois, April tira sur la rubalise de la police avant d’ouvrir la porte.

Elle disparut dans le garage.

Riley lui courut après.

Le garage est beaucoup plus grand et sombre, comme un hangar abandonné.

Riley ne voyait April nulle part.

— April, où es-tu ? appela-t-elle.

La voix d’April résonna :

— Je suis là, Maman.

Riley n’aurait su dire d’où venait la voix.

Elle tourna lentement sur elle-même en fouillant les ténèbres du regard.

Enfin, un plafonnier s’alluma. Riley resta pétrifié d’horreur.

Une fille à peine plus âgée qu’April était pendue à une poutre.

Elle était morte, mais ses yeux étaient ouverts. Elle fixait Riley du regard.

Autour de la fille, par terre et sur des étagères, il y avait des centaines de photos encadrées la représentant avec sa famille à différents moments de sa vie.

— April ! cria Riley.

Personne ne répondit.

Riley se réveilla en sursaut et se redressa sur le lit. Elle hyperventilait.

Elle se retint de hurler à pleins poumons, comme dans son cauchemar : « April ! ».

Elle savait qu’April était endormie dans son lit.

Toute la famille dormait, sauf elle.

Pourquoi ai-je fait ce rêve ? se demanda-t-elle.

Elle n’eut besoin que d’un instant pour comprendre.

C’était enfin son instinct.

April avait raison. Quelque chose n’allait pas dans la mort de Lois.

Et Riley devait découvrir ce que c’était.

CHAPITRE CINQ

En sortant de sa voiture, garée devant l’université Byars, Riley sentit un frisson la parcourir. Ce n’était pas seulement la température. Il y avait de mauvaises ondes dans cette école.

Elle frémit en balayant le campus du regard.

Des étudiants allaient et venaient, emmitouflés pour se protéger du froid, sans se parler, pressés d’arriver. Aucun n’avait l’air particulièrement heureux d’être là.

Pas étonnant que les étudiants aient envie de se tuer, pensa Riley.

L’école semblait appartenir au passé. Riley avait l’impression de faire un voyage dans le temps. Les vieux bâtiments de brique étaient en parfait état, tout comme les colonnes blanches, reliques d’une époque où l’on copiait les monuments antiques.

Le parc était immense – d’autant plus impressionnant qu’il était planté au milieu d la capitale. Bien sûr, la ville de Washington avait grandi autour de l’université depuis sa fondation. La petite école élitiste avait prospéré, formant des étudiants qui intégraient ensuite avec succès les programmes de master et de doctorat les plus réputés du pays, puis le monde des affaires et de la politique. Les étudiants qui fréquentaient des écoles comme celle-ci se construisaient un réseau qui leur servait toute la vie.

Naturellement, c’était beaucoup trop cher pour la famille de Riley, même avec une bourse que l’école accordait occasionnellement aux très bons élèves. Cela n’avait pas d’importance : Riley n’aurait jamais eu l’idée d’envoyer April étudier ici. Ou Jilly.

Riley entra dans le bureau réservé à l’administration et trouva le bureau du doyen, où elle fut accueillie par une secrétaire à l’air revêche.

Riley lui montra son badge.

— Je suis l’agent spécial Riley Paige, FBI. Je vous ai appelée aujourd’hui.

La femme hocha la tête.

— M. Autrey va vous recevoir, dit-elle.

La femme fit entrer Riley dans un bureau grand et sinistre, aux boiseries sombres.

Un homme élégant, d’âge mûr, se leva de son siège pour l’accueillir. Il était grand, il avait les cheveux argentés et il portait un costume trois pièces visiblement hors de prix, avec un nœud papillon.

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