Блейк Пирс - Le Train en Marche стр 12.

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La colère de Jenn en fut avivée.

— Et bien, vous ne pouvez pas le laisser seul dans cette cellule. Je me fiche qu’il insiste pour être seul. Ça ne peut pas être bénéfique pour lui. Quelqu’un doit lui tendre la main, dit-elle à Cullen.

Tout le monde dans la pièce la regarda.

Jenn hésita, puis dit :

— Emmenez-moi à la cellule. Je veux le voir.

Riley leva les yeux vers elle et dit :

— Jenn, je ne suis pas sûre que ce soit une si bonne idée.

Mais Jenn l’ignora.

— Quel est son nom ? demanda-t-elle aux chefs de train.

— Brock Putnam, dit Boynton.

— Emmenez-moi jusqu’à lui, insista Jenn. Maintenant. »

Powell mena Jenn hors de la salle d’interrogatoire et le long du couloir. Pendant qu’ils marchaient, Jenn se demanda si Riley avait raison.

Peut-être que ce n’est pas une si bonne idée.

Après tout, elle savait que l’empathie n’était pas son fort en tant qu’agent. Elle avait tendance à être franche et directe, même quand un contact plus doux était nécessaire. Elle n’avait certainement pas la capacité de Riley à faire montre de compassion aux moments appropriés. Et si Riley elle-même ne se sentait pas à la hauteur de cette tâche, pourquoi Jenn avait-elle le sentiment qu’elle devait s’en charger ?

Mais elle ne pouvait s’empêcher de penser …

Quelqu’un doit lui parler.

Powell la conduisit dans la rangée de cellules, toutes avec des portes solides et de minuscules fenêtres.

« Voulez-vous que je vienne avec vous ? demanda-t-il.

— Non, dit Jenn. Je ferais mieux de faire ça en tête-à-tête. »

Powell ouvrit la porte d’une des cellules, et Jenn entra. Powell laissa la porte ouverte mais s’éloigna.

Un homme au début de la trentaine était assis au bout du lit de camp et regardait droit vers le mur. Il portait un T-shirt ordinaire et une casquette de base-ball à l’envers.

Debout juste sur le seuil de la porte, Jenn dit d’une voix douce …

« Monsieur Putnam ? Brock ? Mon nom est Jenn Roston, et je suis du FBI. Je suis vraiment désolée pour ce qui est arrivé. Je me demandais juste si vous vouliez … parler. »

Putnam ne donna aucune indication qu’il l’aie même entendu.

Il semblait particulièrement déterminé à ne pas croiser son regard ‒ ou celui de quelqu’un d’autre, Jenn en était convaincue.

Et d’après ses recherches durant le vol jusqu’ici, Jenn savait exactement pourquoi il se sentait ainsi.

Elle déglutit difficilement tandis qu’un nœud d’angoisse emplissait sa gorge.

Ceci allait être beaucoup plus difficile qu’elle ne l’avait imaginé.

CHAPITRE SEPT

Riley garda un œil inquiet sur la porte après que Jenn eut quitté la pièce. Tandis que Bill continuait à poser des questions au chef de train et à son assistant, elle s’inquiétait de la façon dont Jenn allait gérer le conducteur.

Elle était sûre que ce dernier passait probablement un très mauvais moment. Elle n’aimait pas l’idée d’attendre beaucoup plus longtemps un psychologue ‒ peut-être un laquais de l’entreprise qui serait plus préoccupé par la situation de ses employeurs plutôt que par le bien-être du conducteur. Mais qu’étaient-ils censés faire d’autre ?

Et si la jeune agent ne faisait qu’aggraver les choses pour cet homme ? Riley n’avait jamais vu aucun signe montrant que Jenn soit particulièrement compétente pour communiquer avec les gens.

Si Jenn ne faisait que le bouleverser encore plus, comment cela pourrait-il affecter son propre moral ? Elle avait déjà envisagé de quitter le FBI à cause des pressions d’une ancienne mère adoptive criminelle.

Malgré ses inquiétudes, Riley réussit à écouter ce qui se disait dans la pièce.

— Vous avez dit que vous aviez déjà vu ce genre de chose auparavant. Voulez-vous dire des meurtres sur les voies ferrées ? dit Bill à Stine.

— Oh, non, dit Stine. Les véritables meurtres comme ça sont vraiment rares. Mais les gens qui se font tuer sur les rails – c’est beaucoup plus commun que vous ne le pensez. Il y a plusieurs centaines de victimes par an, certaines d’entre elles sont juste de stupides amateurs de sensations fortes, mais beaucoup sont des suicides. Dans le business, nous les appelons les “intrus”.

Le jeune homme se tordit sur sa chaise, mal à l’aise, et dit :

— Je ne veux certainement plus voir quelque chose de tel. Mais d’après ce que me dit Arlo … eh bien, je suppose que ça fait partie du boulot.

— Vous êtes sûr qu’il n’y avait rien que le conducteur aurait pu faire ? dit Bill au chef de train.

Arlo Stine secoua la tête.

— Bon sang que j’en suis sûr. Il avait déjà ralenti le train jusqu’à cinquante-cinq kilomètres heure pour la courbe où nous étions. Malgré tout, il n’y avait aucun moyen d’arrêter une locomotive diesel avec dix wagons de marchandises derrière elle assez rapidement pour sauver cette femme. Vous ne pouvez pas briser les lois de la physique et arrêter net plusieurs milliers de tonnes d’acier en mouvement. Laissez-moi vous l’expliquer … »

Le chef de train commença à parler de la mécanique du freinage. C’était un discours très technique, et qui n’avait aucun intérêt réel pour Riley ou Bill. Mais Riley savait qu’il valait mieux laisser Stine continuer de parler ‒ pour son propre bien, sinon pour celui des autres.

Pendant ce temps, Riley se retrouva encore à regarder vers la porte, se demandant comment Jenn se débrouillait avec le conducteur.

*

Jenn se tenait à côté du lit et regardait anxieusement le dos de Brock Putnam tandis qu’il fixait silencieusement le mur.

Maintenant qu’elle était réellement avec l’homme, elle constata qu’elle n’avait aucune idée de ce que faire ou dire ensuite.

Mais d’après ses recherches dans l’avion, elle comprenait pourquoi il était incapable de la regarder, elle ou quelqu’un d’autre, en ce moment. Il était traumatisé par un détail unique qui hantait souvent les “mécanos” qui avaient connu ce qu’il venait de traverser.

Il y avait quelques instants, le chef de train avait dit que lui et son assistant n’avaient eu qu’un aperçu de la victime avant sa mort.

Mais cet homme avait eu bien plus qu’un aperçu.

Il avait vu quelque chose d’exceptionnellement horrifiant depuis la fenêtre dans cette cabine ‒ quelque chose qu’aucun être humain innocent ne méritait de voir.

Cela l’aiderait-il de le dire à haute voix ?

Je ne suis pas un psy, se rappela-t-elle.

Néanmoins, elle se sentait de plus en plus nerveuse à l’idée de lui tendre la main.

Lentement et prudemment, Jenn dit …

« Je pense que je sais ce que vous avez vu, dit-elle. Vous pouvez m’en parler si vous voulez.

Après une pause, elle ajouta …

— Mais pas si vous ne le voulez pas.

Un silence s’installa.

J’imagine qu’il ne veut pas, pensa Jenn.

Elle se levait presque pour partir, mais l’homme dit dans un murmure presque inaudible …

— Je suis mort là-bas. »

Les mots glacèrent le sang de Jenn.

Encore une fois, elle se demanda s’il était de son ressort de faire cela.

Elle ne dit rien. Elle pensa qu’il valait mieux attendre et voir s’il voulait en dire plus. Elle attendit plusieurs secondes, espérant plus qu’un peu que l’homme reste silencieux et qu’elle puisse partir tranquillement.

Puis il dit …

— J’ai vu tout ça arriver. Je regardais … dans un miroir.

Il fit une pause pendant un moment, puis ajouta …

— Je me suis vu mourir. Alors pourquoi … pourquoi suis-je ici ?

Jenn déglutit difficilement.

Oui, elle avait lu exactement ce genre de choses dans l’avion à propos de ce qui lui était arrivé. Des centaines de personnes mouraient sur les voies ferrées chaque année. Et trop souvent, les conducteurs de train enduraient un moment d’horreur inimaginable.

Ils croisaient le regard de la personne qui était sur le point de mourir.

La même chose était arrivée à Brock Putman. La raison pour laquelle il ne pouvait pas croiser le regard de quelqu’un d’autre était que cela lui faisait revivre ce moment encore une fois. Et le fait qu’il s’identifie avec la pauvre femme le rongeait de l’intérieur. Il essayait de faire face en niant que quelqu’un d’autre avait été tué. Coupablement, il essayait de se convaincre que lui ‒ et lui seul ‒ était mort.

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