Tous les quatre se retrouvèrent à l'extérieur de la voiture de patrouille d'Andy Liu. Sur le siège arrière, Allen Haggerty leur jeta un regard, désorienté et manifestement énervé. Quelques personnes qui passaient par là pour faire la tournée des bars un vendredi soir essayèrent de voir ce qu'il se passait sans être trop indiscrètes.
« Il vous a posé des problèmes ? », demanda Ramirez.
« Pas vraiment », dit l'équipier d'Andy. « Il est juste un peu ivre. Nous étions presque prêts à l'emmener au commissariat et à lui fournir une belle salle d'interrogatoire, mais O'Malley a dit qu'il voulait que vous lui parliez avant que nous prenions ce genre de décision." »
« Est-ce qu'il sait pourquoi nous voulons lui parler ? », demanda Avery.
« Nous lui avons dit pour la mort de Patty Dearborne », dit Andy. « C'est là qu'il a vraiment perdu ses esprit. J'ai essayé de garder les choses polies dans le bar, mais à la fin, j'ai dû le menotter. »
« C'est bon », dit Avery. Elle regarda à l'arrière de la voiture de patrouille et fronça les sourcils. « Ça vous gêne si on emprunte votre voiture une seconde ? »
« Allez-y », dit Andy.
Avery a pris le côté conducteur pendant que Ramirez se glissait sur le siège passager. Ils se tournèrent sur le côté pour regarder facilement Allen à l'arrière.
« Alors, comment ça s'est passé ? », demanda Allen. « Comment est-elle morte ? »
« Ce n'est pas encore clair », dit Avery, qui ne voyait aucune raison d'être vague avec lui. Elle avait appris depuis longtemps que l'honnêteté était toujours la meilleure approche si vous vouliez avoir une bonne lecture d'un suspect potentiel. « Son corps a été découvert dans une rivière gelée, sous la glace. Nous n'avons pas suffisamment d'informations pour savoir si c'est ce qui l'a tuée ou si elle a été tuée avant d'être jetée dans la rivière. »
C'était peut-être un peu dur, pensa Avery en observant un léger bouleversement gagner le visage d'Allen. Pourtant, voir cette expression sincère sur son visage était tout ce dont elle avait besoin pour avoir le sentiment qu'Allen Haggerty n'avait rien à voir avec la mort de Patty.
« Quand l'avez-vous vue pour la dernière fois ? », demanda Avery.
Il était clair qu'il devait lutter pour penser. Avery était presque sûre que, d'ici la fin de la nuit, Allen verserait plus que quelques larmes sur son amour perdu à présent décédé.
« Il y a un peu plus d'un an, je crois », répondit-il. « Et c'était une pure coïncidence. Je suis tombé sur elle alors qu'elle sortait d'une épicerie. Nous nous sommes regardés pendant quelque chose comme deux secondes, puis elle s'est précipitée. Et je ne le lui reproche pas. J'ai été un imbécile envers elle. Je suis devenu assez obsédé. »
« Et il n'y a eu aucun contact depuis lors ? », demanda Avery.
« Aucun. J'ai fait face aux faits. Elle en avait terminé avec moi. Et être obsédé par quelqu'un n'est vraiment pas une façon de se les concilier, vous savez ? »
« Connaissez-vous quelqu'un dans sa vie qui pourrait être capable de lui faire une telle chose ? », demanda Ramirez.
Encore une fois, l’effort fut visible dans les yeux d'Allen tandis qu'il essayait de reconstituer le puzzle. Pendant qu'il y réfléchissait, le téléphone d'Avery sonna. Elle regarda l'écran et vit que c'était O'Malley.
« Ouais ? », demanda-t-elle en répondant rapidement.
« Où êtes-vous ? », demanda-t-il.
« Nous parlons avec l'ex-petit ami. »
« Est-il possible qu'il soit celui que nous recherchons ? »
« Très peu probable », répondit-elle, en continuant à regarder la douleur envahir le visage d'Allen, sur le siège arrière.
« Bien. J'ai besoin de vous au poste en quatrième vitesse. »
« Est-ce que tout va bien ? », demanda-t-elle.
« Cela dépend de la manière dont vous voyez les choses », répondit O'Malley. « Nous venons tout juste de recevoir une lettre de la part du tueur. »
CHAPITRE SIX
Avant même qu'Avery et Ramirez aient pu entrer dans le commissariat, Avery put dire que la situation était devenue incontrôlable. Elle dut soigneusement manœuvrer la voiture à travers le parking du A1 pour ne pas percuter de journalistes ou les fourgonnettes des chaînes télévisées. L'endroit était devenu un véritable cirque et ils n'étaient même pas encore rentrés.
« Ça a l'air mauvais », dit Ramirez.
« En effet », dit-elle. « Bordel, comment la presse a-t-elle découvert pour cette lettre si elle est directement arrivée au commissariat ? »
Ramirez ne put que hausser les épaules tandis qu'ils sortaient de la voiture et se précipitaient à l'intérieur. Quelques journalistes se mirent en travers du chemin, et l'un d'entre eux fit pratiquement un écart devant Avery. Elle a failli le heurter mais l'évita juste à temps. Elle l'entendit la traiter de salope dans sa barbe, mais c'était le moindre de ses préoccupations.
Ils se frayèrent un passage jusqu'à la porte, avec des journalistes vociférant pour obtenir leurs commentaires et les flashs qui se déclenchaient. Avery sentit son sang bouillir et aurait donné n'importe quoi en cet instant pour assener un coup de poing directement dans le nez d'un de ces journalistes curieux.
Quand ils arrivèrent enfin dans le commissariat, avec les portes fermées et solidement verrouillées derrière eux, elle vit qu'à l'intérieur ce n'était guère mieux. Elle avait vu le A1 en état d'urgence et de confusion auparavant, mais ceci était quelque chose de nouveau. Peut-être qu'il y a une fuite au A1, pensa Avery pendant qu'elle marchait rapidement vers le bureau de Connelly. Cependant, avant qu'elle ne l'atteigne, elle le vit sortir en trombe dans le couloir. O'Malley et Finley marchaient derrière lui.
« Salle de conférence », aboya Connelly.
Avery hocha la tête, se dirigeant à quelques pas plus loin dans le couloir. Elle remarqua que personne d'autre ne circulait autour de la porte de la salle de conférence, ce qui signifiait que cette réunion serait en petit comité. Et ce genre de réunions n'était généralement pas agréable. Elle et Ramirez suivirent Connelly dans la pièce. Au moment où O'Malley et Finley furent également à l'intérieur, Connelly ferma la porte et la verrouilla.
Il jeta une feuille de papier sur la table de la salle de conférence. Elle était recouverte d'une feuille de plastique transparente, ce qui la fit glisser presque parfaitement dans la direction d'Avery. Elle le ramassa soigneusement et le regarda.
« Il suffit de le lire », dit Connelly. Il était frustré et avait l'air un peu pâle. Ses cheveux étaient en désordre et il avait un regard sauvage dans ses yeux.
Avery fit comme indiqué. Sans retirer l'unique feuille de papier, elle lut la lettre. À chaque mot qu'elle lisait, la pièce semblait devenir plus froide.
La glace est belle, mais elle tue. Pensez à l'étincelle magnifique d'une mince couche de givre sur votre pare-brise une matinée de fin d'automne. Cette même jolie glace tue la vie des plantes.
Elle est efficace dans sa beauté. Et la fleur revient... revient toujours. Renaissance.
Le froid est érotique, mais il mutile. Pensez à avoir extrêmement froid en sortant d'une tempête hivernale et ensuite vous enrouler nue avec un amant sous les draps.
Êtes-vous encore glacée ? Vous sentez-vous transie d'être dépassée ?
Il y en aura plus. Plus de corps froids, flottant vers l'au-delà.
Je vous défie d'essayer de m'arrêter.
Vous succomberez au froid avant de me trouver. Et pendant que vous êtes en train de geler, vous demandant ce qu'il s'est passé tout comme les fleurs chargées de givre, je serai depuis longtemps parti.
« Quand est-ce que c'est arrivé ? », demanda Avery en reposant la lettre sur le bureau pour que Ramirez la lise.
« Il y a un certain temps aujourd'hui », dit Connelly. « L'enveloppe elle-même n'a pas été ouverte jusqu'à il y a environ une heure. »
« Bon sang comment la presse savait-elle déjà ? », demanda Ramirez.