Конан-Дойль Артур - Jim Harrison, boxeur стр 23.

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Il mit les mains sur mes épaules, d'un geste plein de bienveillance, et me considéra des pieds à la tête.

 Quel âge avez-vous, neveu? demanda-t-il.

 Dix-sept ans.

 Vous paraissez plus âgé. On vous en donnerait dix-huit, au moins. Je le trouve très passable, Mary, tout à fait passable. Il lui manque le bel air, la tournure, nous n'avons pas le mot propre dans notre rude langue anglaise, mais il se porte aussi bien qu'une haie en fleurs au mois de mai.

Ainsi, moins d'une minute après son entrée, il s'était mis en bons termes avec chacun de nous, et cela avec tant de grâce, tant d'aisance qu'on eût dit qu'il nous fréquentait tous depuis des années.

Je pus l'examiner à loisir, tandis qu'il restait debout sur le tapis du foyer, entre ma mère et mon père.

Il était de très haute taille, avec des épaules bien faites, la taille mince, les hanches larges, de belles jambes, les mains et les pieds, les plus petits du monde. Il avait la figure pâle, de beaux traits, le menton saillant, le nez très aquilin, de grands yeux bleus au regard fixe, dans lesquels se voyait constamment un éclair de malice.

Il portait un habit d'un brun foncé dont le collet montait jusqu'à ses oreilles et dont les basques lui allaient jusqu'aux genoux.

Ses culottes noires et ses bas de soie finissaient par des souliers pointus bien petits et si bien vernis, qu'à chaque mouvement ils brillaient.

Son gilet était de velours noir, ouvert en haut de manière à montrer un devant de chemise brodé que surmontait une cravate, large, blanche, plate, qui l'obligeait à tenir sans cesse le cou tendu.

Il avait une allure dégagée, avec un pouce dans l'entournure et deux doigts de l'autre main dans une autre poche du gilet.

En l'examinant, j'eus un mouvement de fierté à penser que cet homme, aux manières si aisées et si dominatrices, était mon proche parent et je pus lire la même pensée dans l'expression des regards de ma mère, tandis qu'elle les tournait vers lui.

Pendant tout ce temps-là, Ambroise était resté près de la porte, immobile comme une statue, à costume sombre, à figure de bronze, tenant toujours sous le bras la caisse à monture d'argent. Il fit alors quelques pas dans la chambre.

 Vous conduirai-je à votre chambre à coucher, Sir Charles? demanda-t-il.

 Ah! excusez-moi, ma chère Mary, s'écria mon oncle, je suis assez vieille mode pour avoir des principes ce qui est, je l'avoue, un anachronisme en ce siècle de laisser-aller. L'un d'eux est de ne jamais perdre de vue ma batterie de toilette, quand je suis en voyage. J'aurais grand peine à oublier le supplice que j'ai enduré, il y a quelques années, pour avoir négligé cette précaution. Je rendrai justice à Ambroise, en reconnaissant que c'était avant qu'il se chargeât de mes affaires. Je fus contraint de porter deux jours de suite les mêmes manchettes. Le troisième, mon gaillard fut si ému de ma situation qu'il fondit en larmes et produisit une paire qu'il m'avait dérobée.

Il avait lair fort grave en disant cela, mais la lueur brillait pétillante dans ses yeux.

Il tendit sa tabatière ouverte à mon père, tandis qu'Ambroise suivait ma mère hors de la pièce.

 Vous prenez rang dans une illustre société, en plongeant là votre pouce et votre index, dit-il.

 Vraiment, Monsieur? dit mon père brièvement.

 Ma tabatière est à votre service puisque nous sommes apparentés par le mariage. Vous en disposerez aussi librement, neveu, et je vous prie de prendre une prise, c'est la preuve la plus convaincante que je puisse donner de mon bon vouloir. En dehors de nous, il n'y a, je crois, que quatre personnes qui y aient eu accès, le Prince, naturellement, Mr Pitt, Mr Otto l'ambassadeur de France, et lord Hawkesbury. J'ai pensé parfois que j'avais été un peu trop empressé pour Lord Hawkesbury.

 Je suis immensément touché de cet honneur, Monsieur, dit mon père en regardant d'un air méfiant par-dessous ses sourcils en broussaille, car devant cette physionomie grave et ces yeux pétillants de malice on ne savait trop a quoi s'en tenir.

 Une femme peut offrir son amour, monsieur, dit mon oncle, un homme a sa tabatière à offrir; ni l'un ni l'autre ne doivent s'offrir à la légère. C'est une faute contre le goût, j'irai même jusqu'à dire contre les bonnes moeurs. L'autre jour, pas plus tard, comme j'étais installé chez Wattier, ayant près de moi, sur ma table, tout ouverte ma tabatière de macouba premier choix, un évêque irlandais y fourra ses doigts impudents: «Garçon, m'écriai- je, ma tabatière a été salie. Faites-la disparaître.» L'individu n'avait pas l'intention de m'offenser vous le pensez bien, mais cette classe de la société doit être tenue à la distance convenable.

 Un évêque! s'écria mon père, vous marquez bien haut votre ligne de démarcation.

 Oui, Monsieur, dit mon oncle, je ne saurais désirer une meilleure épitaphe sur ma tombe.

Pendant ce temps, ma mère était descendue et lon se mit à table.

 Vous excuserez, Mary, l'impolitesse que j'ai l'air de commettre en apportant avec moi mes provisions. Abernethy m'a pris sous sa direction et je suis tenu de me dérober à vos excellentes cuisines de campagne. Un peu de vin blanc et un poulet froid, voilà à quoi se réduit la chiche nourriture que me permet cet Écossais.

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